1713 APPENDICE. No 1. Rectification du catalogue des
abbés de Clairvaux, donné par le Gallia
Christiana.1713D Une lettre autographe
de Dom Et. Brice rectifie l'erreur commise dans le catalogue des abbés de
Clairvaux, donné par le Gallia Christiana, tome IV. On y
a fait figurer à tort un Jean II, qui aurait été le XXIIIe abbé. Il
faut done, à partir du XXIVe inclusivement, retrancher, en se servant
de ce catalogue, 1714D une unité de chacun des nombres qui
expriment l'ordre de succession des abbés de Clairvaux. La
lettre de Dom Et. Brice est collée sur le recto de la feuille contenant les
colonnes 808 et 809, dans l'exemplaire du Gallia
Christiana appartenant à la Bibliothèque publique de Troyes, et provenant
1715A de Clairvaux, selon toute apparence. J'ignore à qui elle
était adressée: la feuille de garde n'existe plus. Je l'ai copiée
très-exactement. «Il est juste, Monsieur, que ceux qui vous ont
induit en erreur vous désabusent en se corrigeant eux-mêmes. Nous avons mis un
Jean II, abbé de Clairvaux, sur la foy du Livre des Fiefs de l'Eglise de
Langres. Ce livre est réel et subsiste dans la Bibliothèque du roy,
no 9582 b. dans le Chartulaire de l'Église de Langres» (Dom Et. Brice
a mal copié l'ancien no du ms. qui était 9852 B; le no
actuel est 5188); et «c'est parce que j'ai vu moi-même et lu la Charte, que j'i
ai remarqué la faute; elle ne consiste ni dans le nom de l'Abbé, ni dans le
fait, mais dans la datte. Celui de nous qui a fait l'extrait a lu, sinon a mis,
1281 au lieu de 1287 qui i est; ce qui s'accorde parfaitement avec Jean III,
qui, par ce moyen, ne sera plus que le second, qui fut élu en 1286. Ainsi il
faut omettre, comme les autres ont 1715B fait, le 23e
Abbé Jean II, et par ce moyen Jean III deviendra le Ile du nom et le
25e Abbé de Clairvaux qui fit l'accord avec Gui, évesque de Langres,
que je trouve dans le même Chartulaire appelé Man. en
1280. Je ne sais pas si vous feriés si mal de lire ce Chartulaire pour votre
histoire de Clairvaux, mais il faut trouver un quelqu'un qui sache lire, ce qui
n'est pas si commun. J'ai 1716A l'honneur d'être avec toute la
considération possible, Monsieur, «Votre très-humble et
très-obéissant serviteur, Fr. ET. BRICE. Le 9 décembre 1737, de l'Abbaïe de
S.-Germain des Prés à Paris.»Peut-être la lettre de Dom
Et. Brice était-elle adressée à Dom Claude Guyton, qui a laissé deux volumes de
notes extraites des archives de l'abbaye de Clairvaux, dont j'ai parlé plus
haut? On voit qu'il y rapporte le texte d'un titre de l'année 1280, mentionnant
Thibaut abbé de Clairvaux, avec l'intention bien évidente
de prouver qu'il n'y a pas eu en 1280 un abbé de Clairvaux du nom de Jean.
(Vr ms. Matthieu, XV, p. 81.) J'ai
trouvé dans les Archives de l'Aube une copie sur papier, collationnée en 1476,
d'une convention entre Thibault, abbé de Clairvaux, et un abbé anglais, datée du
jour de la Nativité de la S.-V. l'an 1282. Le même dépôt conserve l'original
d'une convention 1716B entre le prieur de Cunfin (dép. de l'abbaye de S.-Claude) et Thibault, abbé de
Clairvaux, datée du mardi avant Pâques de l'an 1280. — Parchemin, le sceau manque. On a collé au dos un fragment de
papier sur lequel on lit: Charte remarquable pour prouver que ce n'était
point un Jean II qui était abbé de Clairvaux en 1280. No 2. Dernier acte de la vie conventuelle
dans l'abbaye de Clairvaux. — Etat des revenus de Clairvaux en 1790.1715 1715B En 1790, l'abbaye de Clairvaux
se composait de vingt-six religieux profès, y compris l'abbé Louis-Marie
Rocourt, âgé de quarante-sept ans, de dix frères convers et de dix affiliés
pensionnaires de la maison. Trois moines étaient absents. Le 24 mai de cette
année, les officiers municipaux de la commune de Clairvaux signifièrent à
l'abbé, au prieur et 1715C aux religieux qu'ils étaient prêts à
recevoir la declaration de ceux d'entre eux qui voudraient s'expliquer sur leur
intention de quitter la maison ou d'y demeurer. Voici leur réponse citée
d'apreès le procès-verbal: «Monsieur le révérend abbé nous a dit qu'en sa
qualité d'abbé de Clairvaux, il n'avait d'autre désir que de rester, vivre et
mourir dans son abbaye, et a signé F. L.-M. ROCOURT, abbé de Clairvaux.»
Dix-neuf religieux déclarèrent qu'ils étaient dans l'intention de profiter de la
liberté qui leur était accordée par l'Assemblée nationale, et signèrent. Deux
autres annoncèrent qu'ils ne sortiraient qu'après s'être munis d'une
autorisation du pape. «M. La Ramée (Louis), maître des novices, âgé de
cinquante-six ans, profès de Buzet, a déclaré vouloir rester dans l'ordre et la
maison de Clairvaux par préférence, s'il est possible, et a signé Fr. LA RAMÉE.»
Tous les frères convers manifestèrent l'intention d'user de la liberté accordée
par l'Assemblée 1715D nationale. Extrait du procès-verbal de l'inventaire fait à l'abbaye de
Clairvaux par MM. les officiers municipaux dudit lieu, le 24 mai 1790, en
présence de l'abbé, du prieur et des religieux. (Archives de
l'Aube.) 1716B On voit par ce même
procès-verbal que les revenus de l'abbaye montent annuellement en argent à la
somme de 133,826 livres, 11 sous, 10 deniers: En froment, à 481
septiers, 16 boisseaux (le septier composé de 18 boisseaux, le boisseau pesant
25 livres); En avoine, à 434 septiers, 16 boisseaux; 1716C En conseigle, à 16 septiers; En
orge, à 47 septiers; En navette, à 17 septiers, 13
boisseaux; En pois et féves, à 4 septiers, 9 boisseaux; En 89 milliers de paille; 233 chapons; 6 canards; 6
lapereaux; 2 paires de poulets; 24 fromages; 7 cochons; 22 jours de charrue; les
charrois de 42 cordes de bois, de 225 milliers de paisseaux, et 45 livres de
beurre; Dans la coupe de la futaie de 325 arpents; Dans celle du taillis et de la futaie de 146 arpents, 32
perches; Dans 55 arpents 73 perches, qui sont destinés pour le
chauffage de l'abbaye de Clairvaux, et dans 4,393 arpents 99 perches qui sont en
réserve, et ne s'exploitent que dans les besoins urgents, en vertu d'arrêt du
Conseil. Il est dû à ladite abbaye la somme de 205,734 livres,
18 sous, 4 deniers; ladite abbaye doit, à son 1716D tour, non
compris les vestiaires des religieux, les honoraires et gages des officiers de
justice, arpenteurs, commis, domestiques, impositions, portions congrues et
autres objets qui n'ont pu être fixés ni déterminés, la somme de 105,233 livres,
six sous. No
3. Certificat de M. Rocourt constatant l'authenticité du chef de saint
Bernard.1715 1715D «Je
soussigné, ancien abbé de Clairvaux, demeurant actuellement à Bar-sur-Aube,
certifie à tous ceux qu'il appartiendra que le chef de saint Bernard, premier
abbé de Clairvaux, qui avait été exposé depuis des siècles à la vénération des
fidèles dans l'église de ladite abbaye, et dont j'ai donné à M. le baron Charles
Caffarelli, préfet du département 1716D de l'Aube, officier de la
Légion-d'Honneur, pour en disposer comme il jugera convenable, le reste précieux
qui, en mil sept cent quatre-vingt-dix, est demeuré en ma possession, et sur
lequel j'ai appliqué dans l'intérieur du crâne le même cachet en cire rouge dont
l'empreinte est plus bas, a été tiré par moi, en présence de plusieurs
personnes, 1717A dont je regrette de ne pouvoir plus joindre le
témoignage au mien, du reliquaire qui le renfermait, lorsque les administrateurs
du district de Bar-sur-Aube, au nom et conformément aux ordres du gouvernement,
se sont emparés de toutes les matières d'or et d'argent qui se trouvaient dans
le Trésor dudit Clairvaux. En foi de quoi j'ai délivré le présent certificat
pour servir et valoir partout où besoin sera. Fait à Bar-sur-Aube, le premier
octobre mil huit cent treize, signé L.-M. ROCOURT, ancien abbé de
Clairvaux.» A côté, à droite, est un cachet en cire rouge
portant sur un écusson ovale les lettres L. M. R. entrelacées. Plus bas est
écrit: «Stephanus Antonius de Boulogne, etc. Viso praesenti
instrumento sub signo et sigillo D. Rocourt, nuper abbatis Claravallensis,
permittimus intro scriptas sanctas et insignes S. Bernardi, abbatis reliquias,
primum D. Carolo Caffarelli, Praefecto Provinciae Albulensis concessas et ab
eodem 1718A D. Praefecto Ecclesiae nostrae cathedrali, die
24a decembris, anno 1813, dono datas, atque in arca lignea
deargentata vitroque clausa reconditas, publicae fidelium venerationi exponi. —
Datum Trecis, sub signo nostro, sigilli nostri appositione, die quarta mensis
septembris, anno Domini millesimo octingentesimo decimo sexto. Loc. Sigilli.« † STEPHANUS ANTONIUS, Episcopus Trecensis.»Ces deux pièces,
écrites sur papier, existent au secrétariat de l'évêché de Troyes. Le certificat de M. Rocourt, constatant l'authenticité du chef de
saint Malachie, et l'autorisation de l'exposer donnée par M. de Boulogne, se
trouvent dans la châsse de saint Malachie, mais comme ces documents sont
entièrement semblables à ceux que nous venons de citer et portent les mêmes
dates, il est inutile de les reproduire. No 4. Recherches sur les reliques
enlevées à Clairvaux en 1790 et 1791.1717 1717B Feu M. Girardon, chanoine de la cathedrale de
Troyes, me communiqua en 1845 quelques renseignements sur les reliques enlevées
à Clairvaux, avant que l'abbaye fût vendue. Monsieur Girardon, originaire de
Bar-sur-Aube, frère d'un administrateur du district de ce nom, s'était trouvé
bien à même de connaître ce qui se passait à Clairvaux 1718B vers
1790; mais son grand âge ne lui permettait plus de rappeler à sa mémoire des
souvenirs précis. Il paraît que M. Rocourt, avec les chefs de
saint Bernard et de saint Malachie, emporta celui de saint Vincent, diacre et
martyr d'Espagne, celui de saint
Barnabé, ainsi que
celui de sainte 1719A Anne. M. Hérardin, curé de Longchamps, occupé à
rédiger le catalogue de la bibliothèque de Clairvaux (Lettre
des administrateurs du directoire de Bar-sur-Aube à MM. du directoire du
département, 27 août 1791, Archives de l'Aube), enrichit M. Girardon, son
ami, d'un grand nombre de précieuses reliques. M. Girardon en disposa, quand les
jours redevinrent meilleurs, en faveur de communautés religieuses. Mais n'ayant
tenu registre d'aucun de ces différents dons, il est fort difficile d'en
retrouver la trace. J'ai vu entre ses mains une petite portion de la vraie
croix, provenant du trésor de l'abbaye, dont il distribuait des fragments, avec
son attestation en forme. Cet honorable chanoine avait encore une ou deux
vertèbres de saint Bernard, accompagnées du certificat suivant: «Je soussigné, L. Hérardin, prêtre desservant de
Longchamps-lès-Clairvaux, diocèse de Troyes, certifie, à tous ceux qui ces
présentes verront, 1719B qu'en 1792 (c'est une erreur, 1793 est
la date donnée par les pièces officielles), résidant alors à Clairvaux, lors de
l'ouverture du tombeau de saint Bernard, premier abbé de Clairvaux, qui fut
faite par le procureur-syndic et les membres du district, j'ai extrait moi-même
du tombeau deux vertèbres du saint abbé, et que je les ai divisées pour être
distribuées aux églises qui désireraient posséder une portion de ce précieux
trésor, que j'ai renfermé dans un papier fiscelé d'une tresse rouge et scellé de
deux cachets, pareils à celui apposé au bas des présentes, lequel paquet j'ai
remis à mon ami, M. l'abbé Girardon, chanoine de Besançon. En foi de quoi j'ai
délivre ce présent certificat, signé de ma main et scellé de mon cachet; à
Bar-sur-Aube, le 8 octobre 1823. Signé: Hérardin, desservant de
Longchamps-lés-Clairvaux, cachet portant les lettres L et H entrelacées.» Au bas était écrit: «Je certifie que M. L. Hérardin, 1719C curé de Longchamps, est digne de foi, et qu'on doit ajouter foi
à sa signature; à Bar-sur-Aube, le 10 octobre 1823. Signé: L. M. Rocourt, abbé
de Clairvaux.» A côté est une empreinte de cire rouge représentant un écu
portant de . . . au chevron chargé de trois trèfles de . . . abaissé sous une
fasce de . . . chargé de trois trèfles de . . . parti de Clairvaux; surmonté
d'une couronne de comte, timbré à dextre et à sénestre d'une mître. Je crois qu'une portion de la mâchoire inférieure de saint Bernard,
dont l'authenticité était attestée par le même M. Hérardin, a été donnée, par M.
Girardon, à l'archevêché de Besançon. Il y avait, en 1845, au
secrétariat de l'évêché de Troyes, un petit paquet en papier gris portant le
cachet rompu de Mgr de Barral, ancien évêque de 1720A Troyes,
avec cette inscription: «Petite coste et os du col de saint
Bernard, et morceaux de soye et linges dont il élait enveloppé dans sa châsse.
Ossements et reliques de saint Bernard, tirées de sa châsse à Clairvaux, en 1791
ou 1792 (inexactitude que je viens de relever).» Ces reliques avaient été
données par le pieux M. d'Arvisenet, ancien grand vicaire du diocèse. Un petit
fragment de soie bleue, portant un lion brodé en soie jaune, était joint aux
os. L'église de Ramerupt (arrondissement d'Arcis-sur-Aube)
possède deux insignes fragments des chefs de saint Bernard et de saint Malachie,
qui lui ont été donnés par M. Millot, ancien greffier en chef du tribunal de
Troyes. M. Millot les tenait de M. l'abbé Dolat, curé de Sainte-Madeleine de
Troyes qui les possédait de troisième main. Voici la copie de l'authentique dont
ils sont accompagnés: «Nos frater Ludovicus-Maria Rocourt,
sacrae 1720B Facultatis Parisiensis doctor theologus, ordinis
Cisterciensis Pater primarius, Abbas Claraevallis in dioecesi Lingonensi,
omnibus praesentes litteras inspecturis et singulis quorum interest, salutem in
Domino. Notum et certum facimus quod die secunda mensis Aprilis anni millesimi
septingentesimi nonagesimi, precibus domini Joannis Jemelet in favorem alterius
personae religionis catholicae, apostolicae et romanae cultricis, famaeque et
nominis integritate commendabilis, benigne annuentes, et propter singularem
nostram erga ipsum dilectionem Christianamque fraternitatem, praesente ipso
supradicto domino, presentibusque dominis Francisco Brelet et Petro Francisco
Meriot, ac insuper Ludovico Lavocat secretario commisso ad hoc specialiter
invitatis subsignatis, parvas ex capite S. Bernardi primi Claraevallis Abbatis,
et ex capite Divi Malachiae archiepiscopi vulgo Darmagh in Hibernia, verae
caritatis foedere sanctissimo Bernardo adstricti dum 1720C viveret, et in nostra ecclesia sepulti, particulas excerpsimus,
quas supradicto domino Jemelet dedimus, serico purpuram rubente, desuper papyro
seorsim obvoluto ac sigillo nostro nostrique archicoenobii obsigillato
impositas. In cujus rei fidem sub signo nostro manuali praesentes emisimus et
archicoenobii muniri jussimus, die, mense et anno quibus supra. Locus sigilli. J. JEMELET.
P. F. MERIOT F. BRELET. F. L. M. ROCOURT, abbas Claraevallis. L. LAVOCAT
secus commus. L'authentique est sur une feuille pliée de papier vergé d'une teinte
bleuâtre. Les fragments des chefs ont été sciés. La relique de
saint Bernard a 66 millimètres dans le sens de la longueur; 18 millimètres dans
sa plus grande largeur, et 5 dans la partie où elle est le plus étroite; 1721A son épaisseur, prise aux deux extrémités, est de 7 et de 8
millimètres. Sa teinte est plus foncée que celle de la relique de saint Malachie
dont voici les dimensions, disposées dans l'ordre ci dessus: 48 millimètres — 15
millimètres — 14 millimètres — 5 et 6 millimètres. Chaque fragment est encore
muni de son morceau de soie rouge, et porte le même cachet que l'authentique et
de plus le sceau de Mgr l'évêque de Troyes, qui a reconnu ces reliques le 15
juillet 1850. Chaque fragment est renfermé dans un papier de la
même couleur que l'authentique, et marqué du même cachet, qu'il n'est pas
nécessaire de briser pour ouvrir les petits paquets. Leur suscription est: De capite S. Bernardi et De capite divi
Malachiae, de la même main que l'authentique. Je termine
en transcrivant une note que M. Du Lac voulait bien m'envoyer le 19 février
1846; elle a été rédigée par une personne qui a longtemps habité 1721B la Trappe de Bellefontaine. «En 1791, D.
Rocourt donna au R. P. D. Augustin de Lestranges deux parcelles
très-considérables du crâne de saint Bernard et de celui de saint Malachie: j'en
ai lu l'authentique. J'ai vu aussi les particules données par D. Augustin à
l'abbaye de Bellefontaine; elles avaient chacune environ un centimètre carré de
l'épaisseur de 4 à 5 millimètres; et on sait (l'histoire de la Val-Sainte en
Suisse l'atteste) que l'abbé D. Augustin en donna des portions à peu près égales
à bon nombre de ses monastères, et qu'il en réserva par devers lui à la
Val-Sainte une relique assez grande pour en distribuer des fragments aux
couvents à naïtre. Cette histoire de la Trappe de la Val-Sainte, près Fribourg
en 1722A Suisse, est imprimée en tête des deux vol.
in-4o intitulés: Règlements de la Maison-Dieu N.-D.
de la Trappe de la Val-Sainte, Fribourg, 1792 ou 1793. «Les reliques données à l'abbaye de Bellefontaine près Cholet
(Maine-et-Loire), furent dérobées dans l'église où elles étaient exposées un
jour de fête en 1826, je crois; mais il me semble que l'authentique de D.
Rocourt y est encore conservé. «Quant à la crosse d'ivoire , D. Rocourt l'avait emportée avec lui. Il en fit present à D.
Augustin, je ne sais plus en quelle année, mais bien postérieurement à
l'ancienne révolution; c'était, autant que je puis me le rappeler, dans les
premières années de la Restauration. Ce qui est certain, c'est qu'on la possède
maintenant à Bellefontaine, avec l'authentique écrit tout entier et signé de la
main de D. Rocourt: je l'ai lu bien des fois. Cette crosse, du reste, n'a plus
son pied ou bâton; on n'a que la partie recourbée depuis la petite 1722B boule qui probablement était attenante au pied, L'extrémité
représente une espèce de tête de serpent, je crois. La couleur de l'ivoire est
un peu jaunâtre; elle est presque partout couverte de taches rousses plus ou
moins grandes. On l'a, bien à tort, surchargée de brillants quinne permettent
pas de la voir dans toutes ses parties. La pomme ou petite boule est
entriouverte par une large crevasse déjà ancienne. «D. Rocourt
donna en 1822 ou 1824 a un Pere trappiste une partie de la natte sur laquelle
dormait saint Bernard: ce sont tout simplement des joncs tressés. On en conserve
sept à huit à Bellefontaine, de la longueur de 10 à 12 centimètres; mais il n'y
a point d'authentique» No 5. Lettre de l'envoyé génois à son retour de Clairvaux
(Ms. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 55).1721 1721C Mon révérend Père et vénérable Seigneur (c'était
D. Claude Largentier, abbé de Clairvaux), enrichi d'un si précieux don, duquel
je suis favorisé par la bonté de Votre Réverence et charité de vos Pères, il ne
se pouvoit faire qu'il ne me réussît un heureux voyage avec tout succès
favorable. J'arrivai donc en notre pays le troisième août, et d'un premier pas
fus au palais ducal, où étant introduit devant le sénat et le collége
sérénissime, après avoir rendu compte en bref de la charge de ambassadeur qui
m'avoit été imposée, je donnai à entendre pour preuve du soin et de la diligence
que j'avois faite, que je portois avec moi quelque thrésor de nostre glorieux
protecteur, et de la grande courtoisie que j'avois reçue de vous; je portai sur
le lieu quant et quant moy ce thrésor. Cette nouvelle fut entendue avec telle
réjouissance intérieure, avec tel applaudissement et contentement extérieur, que
difficilement le pourrois-je expliquer. Il fut aussitôt arresté de luy 1721D faire une image entière d'argent, en icelle, au lieu propre que
sa relique se doit mettre, y reposer cet os sacré, et le porter a l'advenir à la
procession qui se fait annuellement en l'honneur de ce grand saint, le jour de
sa feste. Dès l'heure mesme elle fut consignée ès-mains du duc sérénissime, afin
de la conserver jusqu'à ce que le tout fust appresté Mais quand le bruit eust
couru par la ville d'une telle chose, l'allégresse qu'en reçut un chacun, les
grands et les petits, les nobles et le menu peuple, fust très-grande, et tous,
désireux d'entendre raconter comme le tout s'estoit passé. cherchoient tous
moyens comment et par quelle façon on l'avoit pu obtenir, qui leur causoit en
partie d'aller demandant, 1722C mandant, sçavoir de quel endroit
du corps du saint; l'un disant d'une façon, l'autre d'une ne se pouvant contenir
d'allégresse. Au lieu où elle reposoit par plusieurs jours furent fort
fréquentes les visites, et s'enquéroit-on plutost de moy de cecy que de tout
autre chose qui m'eust pu arriver pendant mon voyage avec grande estime d'un tel
thrésor, et mille remerciemens envers vos Révérences, vostre saint monastère et
tous les Pères qui y demeurent; tellement qu'il n'y avoit celui qui ne désirast
seulement que quelqu'un d'iceux que plus vous aymés, pour le bon succès d'une
telle affaire, fussent été présents, pour leur pouvoir rapporter comme le tout
s'estoit passé. Enfin vint le jour de la feste du saint, qui eschet fort à
propos en ceste saison pendant laquelle tous les citadins sont en ville, à tout
le moins vindrent quasi tous en la cité, et fust la plus fréquente et la plus
célèbre procession qui se soit faite de nostre temps. Mais pour autant 1722D qu'on n'avoit pas eu du temps assez pour faire l'image, on mit
la relique en un vase travaille en crystal doré, au milieu d'une châsse d'argent
fort belle et bien grande, où on porte ordinairement le Saint-Sacrement en
procession; et semble que plusieurs grâces et faveurs ayent esté déjà reçues en
partie par l'intercession de ce grand saint. Les sérénissimes sénateurs ont
depuis destiné lettres de remercimens à Vostre Révérence et à votre révérend
chapitre, que je vous envoye empacquetées; et de plus ont ordonné qu'au plustôt
soit faite une lampe d'argent honneste, sinon selon le mérite du saint, à tout
le moins selon la qualité des personnes qui l'envoyent, laquelle est déjà bien
advancée; et ont 1723A encore résolu que j'en prendrois la cure
en main, pour vous l'envoyer asseurément, afin qu'elle soit perpétuellement
pendue au sacré tombeau du saint, en témoignage de la dévote affection et
reconnoissance de la République tant envers ledit saint, comme envers celui qui
si courtoisement l'a favorisée et enrichie de sa relique; la seroient les armes
de la République, seulement afin qu'elles rendent témoignage de ce que dessus.
L'on n'a pas encore si bien arresté où on la doit reposer, parce que
l'asseurance la voudroit au thrésor public, la piété et la devotion la
désireroit en quelque autel propre où tout le monde la pût honorer commodément à
toute heure. La République trouve que l'église bastie en l'honneur de saint
Bernard est un peu suspecte, parce que les Pères qui y demeurent pourroient
demain en estre chassés, si c'étoit le bon plaisir de la République; c'est
pourquoy ils n'en ont l'usage que pour un temps. Peut-être que l'on 1723B y fera encore un coffre de marbre avec la serrure bien assurée
en plusieurs clouds ça et là dispersés, et se mettra soubs l'autel de saint
Bernard, comme plus propre que tout autre, puisque l'église a toujours esté
particulière à la République. Enfin la jalousie de la bien conserver n'a encore
résout aucune chose pour assurée. Je crois que Vostre Révérence et vos révérends
Pères, entendant ces nouvelles, demeureront fort satisfaits d'avoir exaucé mes
humbles prières, et verront par effect que tout ce que je dis de la grande et
universelle dévotion envers ce saint est très-véritable. Seulement, tout ce qui
me rend la mémoire de cecy triste, est qu'étant favorisé de me trouver présent à
l'ouverture de ce sacré linceuil où sont enveloppés ces sacrés ossemens, je n'ay
procuré que quelque partie, tant petite eustelle esté, me fust à moy donnée:
mais je confesse que la grande révérence que j'y avois pour lors me retint de le
demander, tant estoit grande l'affection 1723C et dévotion qui me
pressoit à l'heure. Je sais bien que je n'en ay tant mérité, mais la grâce m'en
pouvoit rendre digne: qui ne seroit autrement grâce; je fus aussy retenu à la
demander. Comme j'ay esté religieux et bien zélé à consigner és mains de la
République tout ce qui me fut par luy (sic) mis en
confiance, si quelque chose me causoit cette faveur, ce seroit peut estre pour
avoir esté fidèle en ce qui me fust confié. S'il y a moyen de l'obtenir, je le
remets à la mesme charité et bonté qui me l'a faite la première fois: et si je
peux tant que d'en venir à bout, elle demeurera continuellement en bonne garde
en nostre maison, en l'honneur et révérence de ce grand saint. De vous en dire
davantage ce seroit ou présumer ou se défier trop; le saint sçait bien et
connoit bien l'intention de mon coeur, et que ce n'est que pour la plus grande
gloire et l'honneur de la Divine Majesté, et pour le plus grand soulagement de
mon ame; et fais à Vostre Révérence autant 1724A de soumissions.
La faveur se pourroit faire commodément par l'occasion du porteur de la lampe
s'en retournant en nos quartiers: scellant et cachetant en un plis de la lettre,
sans découvrir à personne le thrésor qui seroit cacheté dedans. Le Seigneur vous
veuille inspirer et conduire le tout à sa plus grande gloire, et donne à Vostre
Révérence et à tous les Pères toute vraye félicité. De
Vostre Grandeur le très humble et obligé serviteur Augustin CENTURION. De Gênes
ce sept septembre 1633.Et au revers est: «Traduction des
lettres de M. l'ambassadeur de Gênes. — Vertebra dorsi
corporis S. P. R. Bernardi concessa sereniss. Reipublicae Januensi per
Illustriss. et Excellentiss. D. D. Augustinum Centurionem, etc.» Dom Cl. Guyton ajoute (ibid., p. 59): «J'ay vu
l'original italien génois de la lettre et idiome françois 1724B du nommé Augustin Centurion, copiée plus haut. Vu aussi
l'original de la lettre en remerciement de la relique, du Doge ou duc de la
République du 17 octobre 1633; il y fait mention de la lampe d'argent dont il
fait présent à saint Bernard, pour être conservée dans notre église, comme
témoignage de sa persévérante et ardente dévotion envers un si grand protecteur
de leur République. — Autre lettre du nommé Giovo, marchand à Lyon, du 4 février
1634, par le moyen duquel cette belle lampe, aux armoiries de Gênes, est venue à
Clairvaux; y a été conservée jusqu'en 1720 et tant d'années, que Dom Gassot,
Abbé de Clairvaux, l'a changée à Paris, ne connoissant pas apparemment les
conséquences et le deshonneur qu'il faisoit à la maison d'écarter un pareil
monument, et de la sainteté de saint Bernard, et de la République pour ce saint.
— Et autres lettres en langue génoise, au même sujet, dont la traduction
françoise s'y trouve jointe. — Aussi la 1724C lettre de Dom
Claude Largentier, tant en son nom que de son convent, sans date, en remerciant
de la dite lampe; au dessous est: Illustrissimuo et Sereniss. Duci, nec non ornatissimis Consulibus
ac Senatoribus insignis Reipublicae Genuensis. Illustrissime Princeps, Dux Sereniss., caeterique ornatissimi
Consules ac Senatores optimi, insignis Reipublicae Genuensis Domini D.
colendissimi et observandissimi. Eximiae pietatis vestrae erga
Divum Parentem nostrum Bernardum Clarevallensem pignus ad nos delatum . . . . .
etc. — Qua debemus reverentia et honore sedulo devovemus et spondemus,
Illustrissimae ac Serenissimae Dominationis vestrae humillimi oratores et
addictissimi servuli. Fr. Claudius Abbas, totusque conventus
monasterii Clarevallis. Au bas de cette copie est: du 19 avril,
1634. No 6.
Attestation d'une relique de saint Bernard donnée à la Reine.1723 Registrum Secretariatus
Reverendissimi in Christo P. ac Domini mei D. Claudii Largentier. XLV ti suae
Claraevallis Abbatis. — Coeptum per me fratrem Antonium Saulnier de Lignoto,
eiusdem Claraevallis religiosum expresse professum sacerdotem, nec non eidem Rmo
Domino meo Abbati a secretis (1642-1643-1644 1645), 1 vol. petit in-fol.
couvert en peau rouge, p. 66 et 67, an. 1643. (Archives de
l'Aube.) 1723D Nous soubzsignés Abbé,
Prieur, Cellerier et Sacriste de Clairvaux, ordre de Cisteaux, au diocèse de
Lengres, attestons et certifions à la très chrestienne, très auguste et très
pieuse Reyne de France et de Navarre, Madame Anne d'Austriche, Régente, et à
tous que besoin sera, que la parcelle d'ossement par nous présentée à Sa
Majesté, pour accomplissement de sa piété et dévotion à l'endroit de 1724D nostre très dévot père et bienheureux patron saint Bernard,
premier abbé de cette maison de Clairvaux, a esté détachée et
tirée de son précieux chef au dessous de l'oreille gauche, attenant la
maschoire, avec toute la révérence et respect à nous possible. En foy de
quoy nous nous sommes soubzsignez, continuants nos humbles prières envers le
mesme Saint, à ce que, comme il a esté dez ce monde et 1725A est
encore au ciel favory de la reyne des anges, il soit en terre protecteur de Sa
Majesté, du Roy, et de toute sa royale postérité, avec très humble supplication
à sa dite Majesté d'avoir toujours les 1726A successeurs de ce
grand saint, sa famille et sa maison en singulière et particulière protection.
Donné à Clairvaux, soubz le contre-seing de nostre secrétaire. Le 26 juillet
1643. Signé F. A. SAULNIER No 7. Sacra lipsana sancti Bernardi et sancti
Malachiae.1725 1725A Je
réunis sous ce titre un certain nombre de notes qu'il m'a semblé utile de
recueillir. I. CULTE DE S.
BERNARD ET DE S. MALACHIE.Voir dans le Thes. nov. anecd. tom. IV, les statuts des chapitres géneraux
de l'Ordre de Citeaux relatifs à la fête de ces deux saints — 1220,
no 24 — 1260, no 4. — 1238, no 2. — 1295,
on 1. — 1321, 1725B no 2. — 1234,
no 5. — 1321, no 3. — 1274, no 34. — 1323,
no 1. — 1273, no 17. — 1191, no 21. — 1250,
no 2. MS. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 391. — Paris,
1452, 20 Mai. — Indulgences accordées à perpétuité par le Cardinal Guillaume
d'Estouteville, Légat du Saint-Siége en France, à tous les fidèles vraiment
repentants et confessés qui aideront à reparer l'église de Clairvaux, laquelle
était in suis structuris, edificiis, paramentis, libris et
aliis ornamentis ecclesiasticis multum collapsa, ruinosa et defectuosa . . .
et qui la visiteront le jour de la fête de l'Assomption, de S. Bernard, de
S. Malachie, de S. Eutrope, de S. André apôtre et à la Toussaint. Ibid., p. 260. — 1512, 19 juin. — L'Abbé de
Clairvaux accorde la participation des biens spirituels de son Abbaye et membres
en dépendant, à tous les fidèles utriusque sexus, qui
visiteront la chapelle nouvellement érigée en l'honneur de saint 1725C Bernard dans la Collégiale S. Étienne de Troyes par vénérable et
discrète personne D. François Fenot. (Voir aux Archives de
l'Aube — Fabrique S. Etienne, tiroir 3, G. 1.) Ibid., 60. — 19 janvier 1669. — Indulgence
plénière et perpétuelle accordée par le pape Clément IX (Dat.
Rom. ap. S. M. Maj.) à tous les fidèles, utriusque
sexus, qui visiteront, après s'être confessés et avoir communié, une église
d'un monastère de l'O. de Citeaux, le jour de la fête de S. Bernard. Ibid., p. 62. — Copie de la lettre de D.
Magloires, religieux de Bonnecombe, ligne de Clairvaux, Procureur Général à Rome
pour l'O. de Citeaux — 1669. Mgr. Vostre Ordre a obtenu
indulgence plénière à perpétuité pour le jour de nostre glorieux saint Bernard.
Je vous en envoye le Bref original, comme 1725D à son successeur,
afin qu'il vous plaise le faire imprimer, et authentiquer les copies de quelques
notaires . . . . . . Il y a dix-sept ans et demy que'je travaille à obtenir
cette grâce. Les papes Innocent et Alexandre VII ne la vouloient pas donner
perpétuellement. J'ay porté cette affaire à la Congrégation des Indulgences,
dans laquelle ce grand saint à trouvé tant de serviteurs qu'elle y a été
conclue, et le pape de sa main propre l'a signée, et, à ce qu'on m'a dit, c'est
la première et l'unique de cette nature. Edmond de La Croix ne l'a pu obtenir de
Grégoire XIV et de Clément VIII que pour 10 ans à l'égard des séculiers. Ibid., p. 373. — Extract. e
quad. Collect. definition. Cap. Gen. O. Cist. (Avant
1669). — In festo SS. Patris nostri Bernardi fiat solemnis processio cum tribus
stationibus per claustri ambitum et duobus responsoriis, 1726A nempe B. Bernardus et Felix namque, et antiph. Benedictus Dominus
Deus Pater . . . . . . . Ad effectum indulgentiae (ad decennium
saecularibus a SS. Clemente VIII concessae, regularibus vero plenariae) majore
cum merito consequendum, omnes utriusque sexus Ordinis nostri personae in
vigilia praedictae festivitatis BB. Patris nostri Bernardi jejunent,
orationesque ei in Brevi commendatas faciant. 1726B Histoire de la ville de Paris, liv. VI,
243, t., I (Paris, 1725, in-fol.). Eudes de Sully, évêque de
Paris, institua dans sa cathédrale en août 1207 la fête de S. Bernard. Pour cela
il assigna un fonds sur lequel devait se prendre la rétribution des matines, qui
était de 6 deniers pour chaque chanoine présent, et autant à chacun des 4
marguilliers prêtres. Archives de
l'Aube. — 1443, 11 janvier. — Donation d'une pièce de vigne sise à Rouvre
(Aube — chargee d'ung denier de censive chascun an envers les religieux de
Clairvaux), faite aux religieux de Clairvaux par noble homme Regnault de la
Mothe, demeurant à Bar-sur-Aube. «Parmy ce que les diz religieux seront tenus de
dire une messe de saint Bernart pour une foiz pour l'entencion dudit Regnault.
(Parchem. — le sceau manque.) Courtépée, Descript. hist. du duché de Bourgogne. Dijon, 1777, t., II,
286. — La chapelle du collége 1726C Godran, à Dijon, sous le
vocable de la sainte Vierge et de saint Bernard, fut consacrée par Sébastien
Zamet, évêque de Langres, le 15 août 1617. II. RELIQUES DE S. BERNARD ET DE S.
MALACHIE.Voyage Littéraire, 1717,
Iere partie, p. 99. — Clairvaux. — «Nous eûmes
l'honneur, disent les Bénédictins, de dire la sainte Messe . Ils sont tous deux si petits qu'ils n'ont pas un demipied de hauteur,
mais la coupe en est fort large et peu profonde.» Ibid., p. 104. — «On montre dans le trésor un calice d'une
façon tout extraordinaire, et on prétend qu'il a été à l'usage de saint
Malachie. Il est à peu près de la grandeur et de la forme des calices dont nous
nous servons aujourd'hui; mais 1726D il y a quatre clochettes
d'argent attachées à la coupe. C'est l'unique que j'aye vu de cette manière; et
il est tout différent du calice de S. Malachie qu'on montre à la sacristie, et
avec lequel on permet de dire la messe aux étrangers qui en ont la dévotion. On
nous y montra aussi plusieurs choses qu'on prétend avoir été à l'usage de S.
Bernard, et entre autres une chasuble. Elle est assurément ancienne, mais si
elle est de luy, il faut dire que les religieux de Clairvaux n'étoient point si
ennemis de la soye et de l'argenterie dans leurs ornements, puisque la soye est
d'un galon d'or.» Ibid., p. 148. Prâlon.
— «On dit que S. Bernard venoit assez souvent à Prâlon pour consoler les
religieuses, et les soutenir dans la vertu par ses avis et ses conseils. On voit
encore à un quart de lieue du monastère une fontaine, qu'on prétend qu'il obtint
miraculeusement du Ciel; elle a retenu 1727A le nom de la
fontaine de S. Bernard. On nous montra aussi son calice et tous ses habits
sacerdotaux, et assurément on ne peut pas douter qu'ils ne soient de ce
temps-là. Le calice est un peu plus grand que celui de S. Bernard qui est à
Clairvaux, mais il est de la même forme, et la coupe, pour garder ses
proportions, est aussi plus large. La patène est de même. L'amit est grand, et a
une parure de broderie, comme sont celles dont on se sert encore aujourd'hui
dans les églises cathédrales aux bonnes fetes. La ceinture est comme une petite
corde, dans laquelle il y a plusieurs noeuds. Le manipule et l'etole sont
étroits; la chasuble est fort grande, et toute fermée par le bas, comme le sont
les anciennes chasubles. Il est difficile de croire que S. Bernard, qui faisoit
profession d'une si grande simplicité et pauvreté, eut des ornemens parez de
broderie; et il y a plus d'apparence que ce sont les ornemens ordinaires du
monastère dont 1727B le saint se servoit comme les autres,
lorsqu'il y venoit, et qu on les a conservés en mémoire de lui, parce qu'ils lui
avoient servi quelquefois.» — «Habent in
sacrario suo Pratilongi sanctimoniales, dit le P. Chifflet, B. Bernardi lipsana complura, inter quae est alba et casula quibus
indutus sacris operabatur: et calix ex argento deaurato, paterae instar
latus ac parum profundus, illique alteri persimilis, quem etiamnum
Clarevallenses ut S. Bernardi ipsissimum calicem religiose asservant.» (S.
Bern. gen. illustr. assert., Divione, 1660, p. 401.) —
Courtépee écrivait en 1777, dans sa Descrip. hist. du Duché de
Bourgogne: «Le trésor renferme les ornemens
sacerdotaux de S. Bernard qui étoient à Praslon, abbaye de Bénédictines,
supprimée en 1748.» Voy. Littér., 1717, IIe
part., p. 150. — Chartreuse du Mont-Dieu. «On nous montra dans la sacristie une
ancienne 1727C aube qu'on prétend avoir servi à S. Bernard
lorsqu'il venait au Mont-Dieu.» Ibid.,
p. 195. — Abbaye d'Afflighen en Brabant. — «Il y a dans le côté de l'église une
figure de la Vierge, où la tradition porte que S. Bernard étant en oraison, la
Ste Vierge lui parla, et en mémoire de ce fait, on garde
un perpétuel silence dans le cloître. On montre dans le trésor la crosse de ce
saint, que l'on a fort mal à propos dorée et enfermée dans de l'argent.» Ibid., Paris, 1724, p. 46. — Cathédrale de
Laon. — «Nous vîmes dans la nef la chaire dans laquelle S. Bernard a autrefois
prêché.» Ibid., p. 108. — Abbaye de
Cambron. — «La chasuble de S. Bernard qu'on montre.. n'est ni de drap d'or, ni
d'argent, ni de soye, mais de simple coton. Elle sert le jour de sa fête et à
toutes les premières messes des religieux.» (Les Bénédictins (ibid., p. 40
et 199) ne reconnaissent pas 1727D l'authenticité de la
coule de S. Bernard à Vauclair, ni celle de sa chasuble, dans le trésor
d'Aix-la-Chapelle.) Voir dans l'Iter
Cisterc. de D. J. Méglinger, p. 145, 49 ce qu'il dit d'un vêtement de
dessous ayant appartenu à S. Bernard, et qui était conservé dans l'abbaye de
Longuay. MS. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 6. — Le jeudy 15 nov.
1753, un religieux de l'O. de Prémontré, profès de l'abbaye de Jandeurre,
aujourd'hui en commande, prieur curé de la paroisse de Coutrisson au diocèse de
Toul, à 2 lieues de la ville de Bar-le-Duc, nous a dit dans Clairvaux que leur
maison en la ville de Prague, en Hongrie, conserve la lettre originale que S.
Bernard écrivoit à S. Norbert, sur la croyance du saint archevêque que
l'Antechrist venoit, et que la fin du monde approchoit. Ibid., p. 213. — Le 14 Mars 1428 (more
Gallicano computando), Dom Thibaud de Bergières, religieux de Clairvaux,
dépose au nom de l'abbé dudit 1728A monastère entre les mains de
R. P. Dom Gilles, abbé de Fécamp (Fiscampnensis): Unum
gobeletum argenteum coopertum, ponderis V onciarum et
unius sterling, et quemdam scyphum argenteum, ad pedem cuius in fundo est ymago
S. Bernardi cum duobus personariis. Qui quidem scyphus est ponderis septem
onciarum et XIV sterling . . . Actum
Rothomagi. Hist. génér. des auteurs
sacrés et ecclés., par D. R. Ceillier, t. XXIII, Par., 1763, p. 100 — Art.
de Ste Hildegarde. — «XIV . . . Ste
Hildegarde écrivit une lettre adressée aux moines gris, nom que l'on donnoit
quelquefois aux Cisterciens, parce qu'en voyage ils portoient un manteau gris.
On montre encore dans l'abbaye de S.-Victor à Paris, celui de S. Bernard.» Annales archéologiques, t. III, p. 286. — «A
Chàlons-sur-Marne, dans la cathédrale, on conserve une mitre de S. Malachie . .
. Cette mitre porte dans son tissu des ornements comme on en voit ici, 1728B (l'auteur parle d'un drap mortuaire gravé sur une tombe, semé de
quatre feuilles et de médaillons où sont figurés alternativement des lions
passants et des aigles au vol éployé.)» Dom J. Méglinger, dit
qu'à l'abbaye de Longuay, on lui montra « . . . Mitram S.
Malachiae archiepiscopi Hiberniae, cui maximum facit pretium celeberrima viri
sanctimonia, nam breves rubicundam bombycem ornantes ex auro lamellae haud magni
aestimantur.» (Iter Cist. p. 145, 49.) La
Chartrcuse de Valbonne (dioc. de Nimes) possède un fragment assez considérable
de la natte sur laquelle mourut S. Bernard, et une sandale de S. Malachie. Ces
précieuses reliques lui ont été données par Monseigneur l'évêque actuel de
Châlons. Je transcris les renseignements que Sa Grandeur a bien
voulu me fournir sur leur histoire dans la lettre dont Elle m'a honoré le 26
Décembre 1854. Je La prie d'agréer ici l'hommage de ma reconnaissance. 1728C «C'est de Clairvaux que me sont venues , et ç'a été par
l'entremise de M. l'abbé Becquey, vicaire général, qui les avoit obtenues du
dernier Abbé . . . Celles dont M. Becquey fut dépositaire, et qu'il obtint sur
la demande qu'il en fit, consistent en une partie assez considérable de la naite
sur laquelle S. Bernard est mort, et en une mitre de S. Malachie, bien
authentique et scellée du cachet de l'Abbé de Clairvaux J'avois reçu par la même
voie deux sandales (cuir doré) de S. Malachie. Je crus pouvoir en donner une à
la Chartreuse de Valbonne; l'autre m'a été soustraite par je ne sais qui, et je
l'ai fort regrettée. «C'est, Monsieur, tout ce que je puis dire
sur ces objets précieux, qui seront remis après moi entre les mains de notre
Chapitre et qui sont destiné à notre église, quoiqu'en me les donnant, M.
Becquey 1728D n'y ait mis aucune condition . . . « † M. J. Evêque de Châlons.»J'ai lu avec un
vif sentiment de plaisir, dans l'Univers, no
du 20 Décembre 1854, la nouvelle suivante: «Le dimanche 5
Novembre, à Morrou, comté de Warren, a été consacrée une nouvelle église, sous
l'invocation de S. Malachie, archevêque d'Armagh, au XIIe
siècle.» «On conserve dans l'église paroissiale de
Fontaines-les-Dijon, dans un reliquaire bien et dûment vérifié par l'autorité
episcopale, un fragment de la ceinture de S. Bernard — de zona
S. Bernardi — qui paraît provenir du monastère des Feuillants. Le Musée de Dijon possède la coupe de S. Bernard, qui serait bien
mieux placée dans le trésor de la cathédrale. En voici la description d'après la
remarquable Notice des objets d'arts déposés au Musée de
Dijon, rédigée par feu M. de Saint-Mémin, 1729A Dijon, 1842,
p. 141, no 718. — Coupe de S. Bernard. « . . . Il serait difficile de préciser le temps le plus reculé
auquel (cette tasse de racine de buis) peut avoir été montée en forme de coupe
sur un pied et dans des cercles d'argent doré, telle qu'elle est aujourd'hui . .
. Si l'on devait s'en rapporter à 'l'époque marquée par la forme des caractères
gothiques angulaires de l'inscription gravée sons le pied de la coupe, et
desquels l'usage ne s'est établi que dans la première moitié du XIV siècle, ce
vase n'aurait été garni d'argent doré qu'environ 150 ans après la canonisation
de S. Bernard. L'inscription est ainsi conçue: CIATHUS SANCTI
BERNARDI ABBATIS CLAREVALLIS. On lit dans l'histoire manuscrite
de l'abbaye de Citeaux par dom Crestin, que l'on y conservait la coupe de S.
Bernard dont il se serait servi pendant 1729B son noviciat . . .
. Il paraît néanmoins que cette relique avait été transférée au trésor de
l'église Saint-Etienne de Dijon, d'après les documents suivants . . . On. lit au
Registre de S. Etienne, fo 75, vo, que le 21 Février 1659,
le sieur Pidard, orfévre, demande 11 livres pour avoir racommodé la tasse de S.
Bernard. On voit encore au même registre, fo 125,
que le 23 Novembre 1663, deux gentilshommes demandent la tasse de saint Bernard
pour porter à la campagne, en donnant bonne et suffisante caution. Je crois devoir rappeler ici simplement, sans me prononcer sur son
authenticité, que l'on montre dans la bibliothèque publique de Troyes une chaise
en bois sculpté, avec cette inscription: «Fauteuil réputé de la B. Aleth, mère
de S. Bernard, acheté en 1793 à la vente faite à Clairvaux par le vandalisme
révolutionnaire, et offert en 1849 par F. E. Jourdain, à la ville de Troyes sa
patrie.» 1729C Bible de
saint Bernard.On conserve parmi les manuscrits de
la Bibliothèque publique de Troyes une bible latine, in-fo de 30
centimètres de hauteur sur 24 centimètres environ de largeur, divisée en deux
volumes, dont le premier comprend 261 feuillets et le second 234. L'écriture est
une minuscule très-régulière, de la première moitié du XIIe siècle,
sur deux colonnes, avec initiales peintes, souvent dorées et historiées, et
titres à l'encre rouge et bleue. Sur le recto de la garde, au
commencement du premier volume, une main du XIIesup; siècle a inscrit en
caractères gothiques assez gros ces mots: PARS PRIMA BIBLE BEATI BERNARDI
ABBATIS CLAREVALLIS. et au dessous se trouve répétée cette inscription en
minuscule tirant un peu sur la cursive, à peu près du même temps. Ces deux
volumes ne sont 1729D plus dans leur couverture primitive. Le dernier des inventaires de la maison de Clairvaux que fit dresser
Pierre de Virey, lorsqu'en 1471 il prit, en qualité d'abbé, possession de
Clairvaux, termine le numéro qui concerne cette bible, par ces mots: «C'est la Bible de Mgr saint Bernard.» Les
feuillets qui contiennent le Cantique des cantiques, sont particulièrement
usés. Ces curieux détails sont extraits d'une notice insérée
dans les Mémoires de la Société Académique de l'Aube
(Troyes, 1842, p. 246), par M. Harmand, bibliothécaire de la ville
de Troyes. Je saisis l'occasion de témoigner ici à M. Harmand, ma reconnaisance
pour la complaisance constante avec laquelle il a bien voulu favoriser mes
recherches. L'antiphonier de saint
Bernard.MS. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 258. —
1500, 11 mars. — Je, frère Servais de Sellerie, religieux profès de l'abbaye du
Jardinet, de l'ordre de Cisteaulx, 1730A ou diocèse de Liége,
cognois et confesse avoir eu et receu de Monsieur l'ancien abbé de Clerevaulx la
somme de 13 escus d'or au soleil, sur et tant moins de la somme de 52 semblables
escus au soleil que je doy avoir pour l'escripture des quatre derniers
antiphoniers, oultre les autres huic volumes que j'ay déjà faict, escript et
noté audit Clerevaulx; et aussy pour escrire lesdits quattre restans volumes ay
receu huit vingt six cayers de bon parchemin de Bruges, et le bel antiphonier
entier de tout l'an, bien escript et notté, que on dit à Clerevaulx estre l'antiphonier sainct Bernard, à moy pour exemplaire presté,
commençant ou second feuillet après 4 feuillets estans au commencement: De modo, ordine et correctione antiphonarii, et la lettre du
IIII R\ Veniet in te, et finissant ou pénultième: Ecce spon. ve.; et est signé en l'inventaire de Clerevaulx Y,
17. Lesquels quattre volumes d'antiphoniers je dessus dit frère
Servais promets bien loyaulment escripre, 1730B noter et parfaire
de ma main en la manière desdits autres huict volumes, pour le prix et somme
desdits 52 ecus d'or au soleil, qui est pour chacun volume 13 escus d'or au
soleil, et le plus tost que je pourray les rendre faits et parfaits, jusqu'à
l'enluminature et relieure, lesquels ledit ancien Abbé sera tenu de payer et
contenter. Et de ladite somme de XIII escus d'or au soleil, en déduction et tant
moins des dessus dits LII semblables escus, me tiens pour bien content et en
quit e ledit ancien Abbé et la dicte église de Clerevaulx, et des VIII XX VI
cayers de parchemin pour faire lesdits quatre antiphoniers; et aussi, en lui
délivrant ou à autre dudit monastère de Clerevaulx ayant puissance de recevoir
et de ce faire, rendre et restituer ledit bel Antiphonier
sainct Bernard, appartenant à ladicte église et monastère de Clerevaulx: ou
si, avant la perfection desdits quatre volumes j'estois prévenu de mort, promets
faire rendre 1730C audit Clerevaulx ledit Antiphonier. Tesmoing mon seing manuel cy mis et apposé le
XIe jour de Mars l'an mil cinq cens, en la présence de Dom Nicole de
Paris, bachelier en théologie, Prieur dudit monastère, de Dom Jehan de Vepria,
ancien Prieur dudit lieu, Dom Jacques de Sézanne, secrétaire, et Dom Estienne de
Beaupré, religieux dudit Clerevaulx. Fr. Servais, religieux du Jardinet. — A la
suite est écrit: «L'Antiphonier de S. Bernard ne se voit pas à Clairvaux (1744);
apparemment qu'on aura négligé de le retirer du Jardinet.» (M. l'ancien Abbé de
Clairvaux, dont il est parlé dans cette pièce, est Dom Pierre de Virey, qui se
démit de ses fonctions en 1496 et mourut en 1506.) Note sur un manuscrit de la Bibliothèque publique de Dijon,
désigné vulgairement sous le nom de bréviaire de S. Bernard.Parmi los manuscrits de la bibliothèque publique de Dijon, il en est
un que sa petitesse et sa 1730D forme singulière rendent fort
remarquable, et qui, cependant, serait probablement très-peu remarqué des
étrangers et des visiteurs, si l'opinion vulgaire qui en fait le bréviaire de S.
Bernard ne lui avait donné une sorte de célébrité. Les
recherches que j'ai entreprises sur tout ce qui nous reste, soit du corps de S.
Bernard, soit des objets qui ont appartenu à ce grand saint, m'ont amené, il y a
quelque temps déjà, à examiner ce prétendu bréviaire. Je ne
crois pas que le manuscrit dont je m'occupe ait été regardé de bien près par des
personnes quelque peu versées dans la connaissance des anciennes écritures: il
leur eût paru si évident, à première vue, qu'il était postérieur de plusieurs
siècles à saint Bernard, que depuis longtemps on se serait abstenu de le
qualifier d'une manière inexacte. Mais si on avait eu la
patience de l'étudier en 1731A détail, on se serait aperçu
bientôt que c'était un livre liturgique à l'usage de l'Ordre de Cîteaux: puis au
13e feuillet, après le V\ du IIe nocturne des matines du
Samedi-Saint — Caro mea requiescet in spe, etc., on
aurait lu ce qui suit, écrit à l'encre rouge, de la même main que ce qui
précède, et on aurait possédé tous les éclaircissements désirables sur la nature
et l'origine de ce curieux petit volume: «Explicit libellus breviarii de tempore
de nocturna laude Creatoris mei Jhesu XPti, quem sic ideo scripsi, ne furetur
mihi more alterius breviarii: nec ille, oro, egre ferat quia in tantam
brevitatem compilavi, quia carui exemplari prolixiore; et benedictus sit ille in
aeternum qui iniciandi dedit presumpcionem, et terminandi contulit facultatem
anno Domini millesimo quadringentesimo nonagesimo octavo.» Cette date est écrite à l'encre noire, ainsi que le titre que je vais
copier, et qui reprend à la ligne: «Absolucio a pena et a culpa in articulo
mortis 1731B concessa a providencia divina Domini Sixti, Pape
IVi, fratribus Ordinis Cysterciensis tempore Reverendissimi Patris
Abbatis Hymberti Cystercii,» etc. La formule de l'absolution
occupe quinze lignes. On a effacé trois lignes écrites à l'encre rouge pour
tracer en noir le millésime et l'absolutio a pena, etc.;
dont l'écriture présente quelques différences avec les caractères qui
précèdent. Il suit de la note que je viens de transcrire: 1o Qu'on a ici un cahier (libellus)
du bréviaire Cistercien, contenant pour le propre du temps (breviarii de tempore), l'office de la nuit (de nocturna laude); 2o Que le
religieux, auquel il appartenait, l'avait écrit sous un très-petit format (ideo
scripsi), afin qu'étant tout à fait portatif, il devînt plus difficile de le
voler; voulant ainsi lui faire éviter le sort d'un autre bréviaire, que sa
grosseur l'obligeait 1731C probablement de laisser au choeur, où
on le lui aurait dérobé 3o Que ce même religieux
prie N. S. J.-C. de lui pardonner son oeuvre si écourtée, parce qu'il manquait
d'un exemplaire plus étendu. Evidemment il fait ici allusion à la brièveté de
son livre, qui ne contient que l'office de la nuit, et encore seulement pendant
le propre du temps; il ne peut entendre ces mots: in tantam
brevitatem compilavi, — des nombreuses abbréviations qui hérissent son
texte, car il lui était facile de rétablir les mots abrégés dans l'exemplaire
qu'il avait sous les yeux; 4o Enfin, que la copie de
ce cahier a été terminée l'an de N. S. mil quatre cent
quatre-vingt-dix-huit. Voulant probablement plus tard remplir
l'espace demeuré libre sur le treizième feuillet, après la note à l'encre rouge,
par la transcription de l'absolution in articulo mortis,
accordée aux Cisterciens par le pape Sixte IV du temps d'Hymbert, 1731D Révérendissime abbé de
Cîteaux, notre religieux, afin de
gagner la place nécessaire, aura effacé les trois dernières lignes de la note;
puis il aura récrit à l'encre noire le millésime, en ajoutant l'absolutio a pena, par laquelle se termine l'office de la
nuit, depuis l'Avent jus qu'à Pâques inclusivement. Je passe
maintenant à la desription du manuscrit. Il se compose de 36
feuillets de parchemin de 135 millimètres environ de largeur, sur 155 environ de
hauteur (pl. B, fig. 1), terminés aux points I et K par une languette haute de
30 millimètres (pl. A, fig. 1 et 2). Ces languettes, placées l'une contre
l'autre, sont maintenues par une sorte de pince en fer à deux branches, se
terminant en M (pl. A, fig. 2), en anneau de forme allongée. Les 1732A deux branches s'évasent à partir de M, jusqu'en I et K (pl. A,
fig. 1), où elles atteignent une largeur de 45 millimètres. Trois clous en fer,
rivés de chaque côte, maintiennent solidement les branches de la pince et les
languettes (pl. A, fig. 1). En supposant le manuscrit suspendu
par l'anneau qui termine la pince et les feuillets pliés, la fig. 1 (pl. A) le
représente vu de côte, et la fig. 2 (même pl.) le fait voir par le milieu. Mais si on veut le lire, on doit le retourner d'abord, de manière à
tenir la pince entre les doigts (pl. A, fig. 3), puis on déplie et on replie
successiment chaque feuille. Il est impossible de saisir le mécanisme de cette
opération sans avoir la pl. B sous les yeux. 1o Fig.
1. Le feuillet est déplié entièrement; il est couvert d'écriture sur toute sa
surface; les lettres E, F, G, H. I, K, indiquent les lignes des plis. 1732B 1732C 2o Fig. 2. Le feuillet est plié sur
lui-même aux points d'intersection G, H. Le point A est ramené sur C, le point B
sur le point D, E sur I, et F sur K. On lit alors sur la moitié du Vo
du feuillet; ce Vo est encore couvert d'écriture sur toute sa
surface 1732D 1733 1735A 3o Fig. 3. En laissant le point B sur
le point D, F sur K, et E sur I, on ramène A C sur K, et on recouvre ainsi une
portion de l'écriture par le tiers du Vo du feuillet. Ce tiers reste
toujours en blanc, afin de servir comme de couverture au feuillet plié (pl. A,
fig. 1). 4o Fig. 4. Si on laisse A sur C, E sur I,
et si on ramène D B sur I, on lit sur le tiers du Vo du feuillet; ce
tiers est couvert d'écriture sur toute sa surface. Les 36
feuillets se lisent ainsi que je vais l'indiquer: 1o
Pl. B, fig. 4, a. — Fig. 2, b. — Fig. 1, g. Feuillets 1 à 13 inclusivement, 23 à 36 inclusivement. 2o Pl. B, fig 1, g. — Fig.
2, b. — Fig. 4, a, Feuillets 14 à 22 inclusivement. Les feuillets 7, 10, 11 et 34 sont tous les quatre pliés de la même
façon. 1735B Il faudrait compter 37 feuillets,
au lieu de 36, parce que le premier a été arraché: ainsi, celui que je compte le
premier n'est réellement que le deuxième. Ce feuillet devait commencer par les
matines du 1er dimanche de l'Avent. Le feuillet suivant,
aujourd'hui le premier, fort sale à l'extérieur, et dont l'écriture est d'abord
presque entièrement effacée, commence par la XIIe leçon ou par
l'évangile des matines du 2e dimanche de l'Avent. On
lit sur le Vo ces mots d'une écriture moderne et mal conservée:
BREVIERE DE S. BERNARD. Les treize premiers feuillets
contiennent l'office de la nuit pour le propre du temps, depuis l'Avent jusqu'à
Pâques. Le 14e feuillet s'ouvre par l'indication des
psaumes du 1er nocturne des matines de Pâques, et le
36e se termine par la collecte du 25e dimanche après la
Pentecôte. L'écriture présente dans le cours du manuscrit 1735C quelques variations et quelques différences; mais je ne les juge
pas assez importantes pour en tenir compte. Les rubriques
sont-écrites à l'encre rouge. Jusqu'au 13e feuillet inclusivement,
les majuscules initiales, tracées à l'encre noire, sont ornées d'un point rouge:
quelques-unes, mais en très-petit nombre, sont faites au minium. Du feuillet 14
au feuillet 22, les majuscules initiales, presque sans exception, sont écrites à
l'encre rouge: après le feuillet 22, elles deviennent beaucoup plus rares, et
elles sont remplacées par des majuscules initiales à l'encre noire, sur
lesquelles les points rouges reparaissent. J'ajoute, pour
terminer tout ce qui a rapport à la description de ce manuscrit, qu'au feuillet
21 on trouve l'office de la nuit pour la fête du S. Sacrement: IN FESTO CORPORIS
DOMINI NOSTRI JHESU XPTI. — Cette seule indication suffisait, si on l'eût
examinée 1735D avec soin, pour faire rejeter toute idée de
reculer son âge jusqu'au XIIe siècle. J'ai dit, en
commençant cette note, que si ce petit monument devait perdre la consideration
qu'il obtient sous le titre usurpé de bréviaire de S. Bernard, il n'en
demeurerait pas moins une curiosité paléographique. En efiet,
ce manuscrit nous représente fidèlement ces bréviaires portatifs qui
accompagnaient les cleres réguliers et séculiers dans leurs pérégrinations
lointaines, et dont Mabillon parle dans son 1736A traité de la
Liturgie Gallicane. Ce docte religieux en avait vu deux dans le trésor de Cîteaux,
et il en transcrit la fidèle description donnée par le Père Joseph Meglinger,
dans son ITER CISTERCIENSE. On ne peut manquer de la fire avec intérêt, à cause
du rapport intime qu'elle a avec ce qui précède. «Libelli trium
digitorum latitudinem non excedunt, plus tamen longitudinis habent. Dum clausos
aspicis, parvi apparent: at aperti triplo majores evadunt, foliis, quae ex
membrana rudi constant, ter complicatis, deorsum, et ambobus lateribus. Neque in
utraque parte litteris implentur paginae, sed interius tantum: ita ut licet
folium a folio sejungas, nisi plicae explicentur, nullae litterae prostent; quae
quidem minutissimae paucis syllabis totas periodos brevissimo compendio
absolvunt. Nulla compage seu tegumento vinciuntur: sed uno in latere filum
colligat folia, ne diffluant: 1736B ac deinde sacculus ex corio
libellos recipit, egressuris forte de monasterio Patribus tunc serviens: quo
etiam hodie a pulveribus custodiuntur .» D. Martene et D. Durand en parlent avec moins de
détail dans leur Voyage littéraire (tom. I. Paris,
1717, p. 222). Ils se trouvaient à Cîteaux en 1710. «Nous vîmes aussi,
disent-ils, dans le trésor, les anciens bréviaires des religieux de Cîteaux,
écrits d'un caractère fort menu dans des petits cahiers amovibles, que l'on
tirait aisément pour donner aux voyageurs.» Je serais bien
tenté de croire que le P. Meglinger, dans son voyage à Cîteaux, en 1667, y a vu
le prétendu bréviaire de S. Bernard, que j'ai décrit plus longuement que lui,
mais certainement avec moins de netteté et de bonheur d'expression. Cependant, à moins que la pince en fer n'ait été ajoutée plus tard,
afin de relier les feuillets, en 1736C maintenant solidement les
languettes de parchemin, il est bien évident que Mabillon et le P. Meglinger ont
vu deux manuscrits différents du nôtre, puisque les deux manuscrits qu'ils ont
examinés avaient leurs feuillets attachés par un simple fil. D. Martène et D.
Durand semblent aussi indiquer par cette expression cashiers
amovibles que le prétendu bréviaire de S. Bernard n'aurait pas passé sous
leurs yeux. Il est vrai que ces petits monuments, remarqués par
quatre savants hommes, ont pu acquérir dès lors une assez grande valeur aux yeux
des moines de Cîteaux, pour qu'ils aient substitué au simple fil qui reliait
assez mal les feuilles de parchemin, l'armature en fer qui en assurait désormais
la conservation parfaite. Ce ne sont ici que de pures
conjectures; et il importe peu au fond que le P. Meglinger, que Mabillon ou que
ses doctes confrères aient vu le manuscrit 1736D dont je
m'occupe. Je tiens seulement à constater, en terminant: 1o Que sa
forme n'était pas inusitée à Cîteaux, et que notre religieux de 1498, songeant à
se faire un bréviaire portatif et à l'abri des voleurs, trouva facilement à
Cîteaux, le modèle plus propre à remplir ses intentions; 2o Que l'un des petits bréviaires portatifs conservés dans
le trésor de Cîteaux, vus d'abord en 1667 par le P. Meglinger, en 1682 par
Mabillon, et en
1710 par D. Martène et D. Durand, n'était pas regardé alors comme ayant été le
bréviaire de saint 1737A Bernard; le P. Meglinger, Mabillon, D.
Martène et D. Durand n'eussent pas manqué de rapporter au moins cette
tradition. En 1667, en 1682 et en 1710, Cîteaux ne possédait
donc pas le bréviaire de S. Bernard. Mais comment un manuscrit
de la bibliothèque de Dijon, venu très-certainement de celle de Cîteaux,
porte-t-il aujourd'hui cette qualification? C'est ce que je ne puis
expliquer. Passa-t-il, avec cette désignation, de Cîteaux à
Dijon. Je crois pouvoir avec certitude répondre
négativement. Si, en 1667, en 1682 et en 1710 on ne croyait pas
posséder à Cîteaux le bréviaire de S. Bernard, je ne vois pas qu'on ait pu s'y
figurer le contraire plus tard. Aussi, le catalogue des manuscrits de l'abbaye,
rédigé très-probablement au moment de sa suppression, et conservé à la
bibliothèque de Dijon, ne fait aucune mention de ce prétendu bréviaire. 1737B Quelle main très-moderne a tracé ces mots sur le
Vo du premier feuillet: Breviere de S.
Bernard? — Sur quelles données s'appuyait-on pour décorer d'une telle
inscription un manuscrit du XVe siècle? — L'a-t-on fait par ignorance
ou par mauvaise foi? — Ce sont là toutes choses que j'ignore, et qu'il me parait
peu utile de chercher à connaître? Il me suffit d'avoir démontré, par des faits
péremptoires, que cette qualification ne soutient pas un instant l'examen. Je ne peux terminer cette note sans citer un passage curieux extrait
d'une Histoire générale manuscrite de l'Ordre de Cîteaux, composée au
commencement du XVIIIe siècle, et dont son Eminence Mgr le Cardinal
de Reims a bien voulu me counmmiquer les fragments. On y lit, p. 49, que, quand
S. Robert quitta Cîteaux pour retourner a Molêmes, il laissa, «à ses chers
enfants de Cîteaux, pour gage 1737C de son amour paternel, tous
ses meubles, qui consistoient en un petit diurnal d'une
structure fort singulière, et une tasse dont il se servoit au réfectoire,
quoiqu'elle ne fût que de bois. L'un et l'autre se garde encore fort
précieusement dans le trésor de Cîteaux.» Puis, dans une note, on lit: «Cette
tasse est ronde, et contient environ demi-setier; elle n'a point d'anses, mais
un petit pied rond qui la soutient par dessous, dans lequel sont gravez en bosse
ces mots en lettres gothiques: F. ROBERTUS. Le bois est fort poli, de 1738A couleur brune, et m'a paru être de châtaignier; pour ce qui est
du diurnal, à moins que de le voir, il est impossible de faire comprendre ce que
c'est-il est écrit à la main, d'un caractère si menu qu'il échappe quasi à la
vue: sa grandeur n'est pas différente des nôtres, et il y a
une attache pour le pendre à la ceinture.» Voici encore,
dans le trésor de Cîteaux, un diurnal qui ressemble signulièrement au prétendu
bréviaire de saint Bernard, si même ce n'est pas lui, car les derniers mots du
passage que je viens de transcrire permetteut peu d'en douter. Dom
Joseph Meglinger, avant de décrire les curieux petits manuscrits, avait cru
qu'ils venaient de saint Etienne et de saint Albéric. Voici ses propres paroles:
«Unum superest, curioso spectatore dignum: quod quia non
negligenter observavi, breviter exponam. Duos libellos nobis offerebant, in
quibus precum statutarum canones propria manu exararunt Divi Patres Stephanus et
Albericus, primi . . . . . Cistercii 1738B Abbates. Venerabar
pulcherrima pignora simplicissimae antiquitatis, et clare elucentes sanctimoniae
characteres exosculabar. Libelli trium digitorum, etc.» (Iter Cist.,
p. 239, 84.) Je répéterai ici ce que j'ai dit plus haut.
Si le P. Mabillon, si les PP. Martène et Durand eussent pensé que ces petits
manuscrits liturgiques avaient appartenu, soit à S. Bernard, soit à S. Robert, à
S. Etienne ou à S. Albéric, ils n'auraient certainement pas manqué d'en faire
part au public. Mabillon vénérait trop ces anciens Pères de l'Ordre de Cîteaux,
pour ne pas exprimer hautement la joie qu'il aurait éprouvée à toucher de si
précieuses reliques; mais d'un autre côté, il était trop docte diplomatiste pour
ne pas s'apercevoir immédiatement de leur peu d'antiquité. Aussi voit-on qu'il
ne prend au P. Meglinger que sa description, et qu'il se garde bien de
reproduire ce que ce religieux rapporte de l'origine des petits manuscrits.
Comme il était l'ami 1738C du P. Meglinger il ne voulut pas
réfuter directement ses assertions, peut-être aussi pensait-il que les
convenances ne lui permettaient pas d'attaquer publiquement des traditions
reçues à l'abbaye de Cîteaux. Il garda donc le silence: faisant assez connaître
son opinion par ces paroles que j'ai rapportées un peu plus haut: «Id generis duos pro itinerantibus codices in sacrario Cisterciensi
aliquando vidimus, quos hoc modo describit J. Meglingerus,»
etc. III. Lieux
sanctifiés par la présence de saint Bernard. Cellules de saint Bernard à
Clairvaux.1737 1737D On
conservait à Clairvaux deux cellules de S. Bernard. La première était celle que
Guillaume de Champeaux avait fait construire au saint abbé, en 1117 (Acta
S. Bern., § LIX, chronol. Bern.), hors des lieux réguliers et de l'enclos
du premier monastère (extra claustra et terminos monasterii, S. Bern. Op.
Guillelm., VII, 32)?. «Visitur, dit Dom J. Meglinger,
casa lignea, instar tugurii cujusdam, qualia in campis pro armentis 1738D excitare solent . . . . . pio stupore correpti sumus, quod haec
lignorum strues in tot saecula duraret, annis nimirum quingentis quinquaginta .
. . . . In quadrum concinnata, per octodecim pedes undique extenditur, nulla
contignatione superiorem a fundo partem dividente: tecto solo miseros parietes
onerante: qui quidem nullo vitro illustres satis nempe ab inhabitante
sanctimoniae luce resplendebant: fenestrarum loco asseres ad excisa foramina
haerent, 1739A ut levi ductu prohiberi illis aura vel immitti
possit. Idem lectisternii, adhuc ibidem pendentis, squalor fuerat, et anguli in
quo jacebat.» (Iter Cist., p. 181, 61.) Les
Bénédictins visitèrent la pauvre cellule: «Derrière le rond-point de l'église,
disent-ils, est le cimetière des abbés étrangers qui sont morts à Clairvaux,
dans lequel on voit, contre l'église, les sépultures des frères de S. Bernard.
C'est dans ce cimetière qu'on voit la cellule du Saint, que Guillaume de
Champeaux, évêque de Châlons, lui fit bâtir pour le soulager dans ses
infirmités. Il n'y a point de cheminée; car S. Bernard était si mortifié, et
dégagé des sens, qu'il ne voulait pas qu'on lui fît du feu; mais, sous son lit,
il y avait une grande pierre percée en plusieurs éndroits, sous laquelle on
allumait un brasier pour échauffer sa chambre sans qu il s'en aperçût. On ne
peut rien voir de plus simple que cette chambre, et que le lit de S. Bernard
qu'on y conserve encore; et si un abbé 1739B malade était si mal
logé, on peut juger quels étaient les appartements des sains et des simples
religieux. Cette chambre touche à une petite chapelle, qui apparemment fut bâtie
pour lui dire la messe. On tient qu'il y mourut, et on lit une inscription qui
le dit assez clairement.» (Voyage littéraire, tom. I, p. 99. — Cf. pour ce
qui concerne la chapelle, l'Iter Cist., ibid.) La
chapelle dont parlent les Bénédictins, fut bâtie plus tard par Geofroy, évêque
de Langres et parent de S. Bernard, qui vint mourir à Clairvaux, et habita,
pendant trois ans et neuf mois, la petite chambre du saint. Elle fut construite
au lieu même où S. Bernard avait cessé de vivre. «Fecit
fabricari ad opus suum in loco, unde S. Bernardus migraverat, capellulam satis
humilem,» dit le Livre des Sépultures de Clairvaux
(Henriquez, Fasciculus SS. O. C. Epitaph. B. Godofridi Lingon.
episcopi, p. 474). C'est ce qui fit croire par la suite que S. 1739C Bernard avait trépassé dans la chapelle. Manrique a décrit la cellule de S. Bernard. (Ann. Cist., ann.
1153, IX.) En 1738, dom Briger écrivait au P. Pien: «Praeterea domus, seu
cella potius, tota poene lignea, et grabatus, in quo spiritum emisit, hodiedum
supersunt in Claravalle.» (Acta S. Bern. Gloria posthuma,
no 8.) La Relation imprimée dans les Ann. Archéol. parle aussi de la chambre de S. Bernard située
vers le cimetière. Dans le plan de dom Milley, elle est figurée au no
62, derrière le choeur, à droite, à cinq toises environ du chevet de l'église,
sous le titre de Cubiculum, capella et hortus S.
Bernard. L'autre cellule de S. Bernard se conservait dans
le monasterium vetus, premier séjour des moines après la
translation de l'abbaye en 1135. Voici comment dom J. Meglinger
la décrit: «Scalae, quae a refectorio ad dormitorium viam facit, imposita est
cella, quam mellifluus Pater Bernardus 1739D incoluit. Parva sane
est, et carceri quam conclavi similior, et tali, quam tantus Abbas habitaret.
Nam uno solummodo pede latior est cellis, quas in dormitorio monasterii novi,
supra no 57 descripseram (altiores non sunt octo
pedibus, totidemque pedes latitudinem ac longitudinem absolvunt): sed
incommodis multo pluribus obnoxia: cum nudo tantum tecto tegatur, per quod etsi
non semper pluviae penetrent, frigus tamen aestusque et mille aliae sese
intrudunt molestiae. Per idem tectum submotis aliquot assulis lumen solis
immittitur, assere, si necessitas imbrium aut nivis jusserit, obstruente
foramen. Porro scala, cui cella imminet, unum cellae angulum eripit asseribus,
quibus contecta est; qui per illam partem declivi tabulatione descendentes
commodum 1740A tamen D. Bernardo afferebant: illis nempe pro
lecto usus: loco pulvinaris duos alios truncos securi laevigatos supponens. Quae
omnia hodiedum videri, contrectari tamen minime permittuntur: multorum importuna
pietate per minutas quidem, sed saepe repetitas partes pene totum auferente.
Nunc cancellis inclusus hic (si tamen dici potest) lectus oculis non furtis
patet: intra quos praeterea jacet cingulum setis et ferro asperum, quod vexando
corpori induere sanctissimus Pater solebat, ac super nuda ejus cute post obitum
inventum est. Sedile denique nihilo caeteris cellae partibus melius erat:
praeterquam enim quod uno tantum a terra pede elevatum, id excavatus per modum
sellae praebuerit murus: etiam sedentis caput erigi non patiebatur incumbentis
tecti declivitas: ac proinde sedere aut assurgere volenti caput dorsumque
inflectendum, donec uno passu amotus spatium acciperet erecto capite standi.»
(Iter Cist., p. 201, 67.) C'est de cette pauvre
cellule que saint Bernard 1740B entendit une nuit les anges
chanter dans la chapelle du monasterium vetus. Se levant
avec précaution, de peur de réveiller ses moines endormis dans le dortoir tout
voisin de sa cellule, saint Bernard se rendit à la chapelle où il apprit des
bouches angéliques le Salve Regina. Peu
de temps après, prêchant à ses religieux dans le chapitre pour la dédicace de
leur église, il leur rappela la merveille qui y avait eu lieu récemment. «Quaedam praeterea verba retulit, quae in ecclesia de recenti
acciderant: «Nunc, inquiens, sancti angeli solemnizationi vestrae interfuerunt,
et vos divinitus in suae cura custodiae susceperunt.» Adjungens etiam quaedam
verba, quibus dabatur intelligi, quod antequam lapidem lapidi in constructione
superaedificasset, idem locus designatus fuisset.» (Saint Bern. Op.
Joh. Eremita, II, 7.) Dès le temps où saint Bernard
habitait la petite cellule que Guillaume de Champeaux lui avait fait 1740C construire en 1117, les anges lui avaient marqué en quelque
sorte la place de l'église du monasterium vetus. «Une nuit, dit Guillaume, ayant répandu son âme devant le Seigneur,
avec plus d'ardeur que de coutume, il s'assoupit légèrement, et entendit le
bruit des voix d'une multitude qui semblait passer. S'étant éveillé, et les voix
lui parvenant plus distinctes, il sortit de sa cellule, et suivit leur
direction. Non loin était un lieu encore tout couvert de ronces et d'épines, et
qui maintenant est bien changé. (Haud procul aderat locus densis adhuc spinarum
vepriumque frutetis abundans, sed nunc longe mutatus ab illo. — Guillelmus, VII, 34.) Il aperçut en cet endroit les anges
formant deux choeurs, et leurs chants mélodieux le remplirent de joie. Il ne
connut pas d'abord le mystère de cette vision; il le comprit plus tard, quand il
vit, après la translation de l'abbaye, l'église bâtie au
lieu 1740D même où il avait entendu les concerts célestes. (Cujus
tamen mysterium visionis non prius agnovit, quam, translatis post aliquot annos
aedificiis monasterii, eodem loco positum oratorium cerneret, ubi voces illas
audisset.» Guillelmus, VII. 34.) Il ne
fallut rien moins, du reste, que ces révélations célestes pour déterminer le
saint Abbé à quitter le lieu sauvage où il avait fixé son premier séjour (S.
Bern. op., Guillelmus, 62). Saint
Bernard prêchant son sixième sermon pour l'anniversaire de la dédicace de
l'église du monasterium vetus, se plaisait à rappeler à
ses moines que ce lieu était fréquenté par les anges, quem
angeli sancti frequentant (S. Bern. Op., t. I, col.
1088). 1741A Le Père Mabillon a remarqué,
avec la justesse ordinaire de sa critique, que les sermons de saint Bernard in dedicatione ecclesiae ne pouvaient se rapporter à la
dédicace de la grande église de Clairvaux, qui ne fut faite qu'après sa mort (en
1174 le 13 octobre — Cf. Menolog. Cist. IIIo
id oct.), mais qu'ils devaient se rapporter à la dédicace de l'ancienne église,
veteris basilicae. (S. Bern. Op., t. I, col. 1075,
n. b). Or qu'était-ce que cette vetus
basilica, sinon l'église ou plutôt l'oratoire du monasterium vetus; pnisqu'on sait d'une manière certaine que
saint Bernard ne comprit le mystère des visions angeliqnes qu'après la
translation de l'abbaye, lorsqu'il vit l'oratoire bâti au lieu même où les anges
avaient formé leurs concerts. (Guillelm. loc. cit.) On sera touché en lisant la description que le P. Mélinger nous en a
laissée. «Inde ad oratorium descendimus; quod
tale est, 1742B ut ipsa paupertas breviori compendio non
concinnaret. Frontem altare occupat, eodem omnino hac tempestate cultu
spectabile, nec alio quam quo divus Bernardus instruxit: nimirum in lignea
tabula vili colore imago Christi in cruce pendentis rudi artificio exprimitur; a
cujus latere Virgineae Matris et divi Joannis dimidia corpora pinguntur eodem
exiguae artis penicillo elaborata. Extra chorum, seu mediam templi partem in
latere dextro est altare S. Laurentii, in sinistro S. Benedicti pariter simplici
manu expressis effigiebus nota.» (Iter Cist., p. 205, 69.) Ces peintures sur bois, si dignes de l'âge d'or de Clairvaux,
venaient sans doute de la première abbaye, dont elles avaient orné la pauvre
chapelle. C'est probablement devant elles que saint Bernard, aux portes du
tombeau en 1125 (Acta S. Bern. § LIX. — Chronol. Bernardina an. 1125), avait
envoyé un de ses religieux prier pour lui. «Itum est, 1741C et oratum ad altaria, quae in eadem basilica erant tria: primum
in honore B. Dei Genitricis, duo circumposita in honore B. Laurentii martyris,
et B. Benedicti abbatis. (S. Bern. Op., Guillelm. XII,
58.) Le monasterium vetus fut
visité en 1517, par la reine de Sicile (Ann. Archéol.).
En 1605, la V. M. Anne de Jésus «visita les dévotes ruines de
l'ancien Clairvaux (monasterium vetus), et la celle de Clairvaux avec le chaslit
où S. Bernard soulait dormir (Vie de la V. M. Anne de Jésus, Paris 1636).»
Les religieux en raclèrent de petits fragments pour servir de reliques à leurs
hôtes, — Je remarque que le Chàlit de S. Bernard existait à Clairvaux, de 1605 à
1673, puisque l'abbé Pierre (Henri) en tira le 7 janvier de cette année un
morceau, avec toute la révérence possible (Reg. Secret.
D. Petri, XLVI, Clarev.). Cependant, d'après le ms.,
no 15 de M. Matthieu, contenant les notes de dom Guyton (p. 343), il
aurait été détruit, en 1590, par la garnison que le conseil de l'union, établi à
Troyes, avait envoyée à 1741D Clairvaux. Probablement la
destruction ne fut pas complète; et diverses raisons me portent à croire que le
récit des dégâts commis dans l'abbaye par les soldats de la ligue fut un peu
exagéré. Avant de m'éloigner du monasterium
vetus je veux expliquer une phrase du Père Méglinger qui, après avoir parlé
de la visite faite à Clairvaux en 1131 par le Pape Innocent II, ajoute ces mots:
Porta qua intravit, ad rei gestae memoriam hodiedum obstructa manet ut ipsemet
vidi.» (Iter Cist., p. 159, 56) Il me
semble évident que le P. Méglinger a confondu ici la visite du Pape Innocent II
à Clairvaux avec celle que le Pape Eugène III y fit en 1148. Le Pape Innocent II
avait vu l'abbaye dans son premier emplacement, dont il ne restait plus rien à
l'époque où le P. Méglinger écrivait; tandis qu'il pouvait très-bien se trouver
de son temps dans l'enclos de Clairvaux quelque porte murée en mémoire de la
venue du Pape Eugène III. Ce qui a dù rendre la 1742A confusion
encore plus facile c'est que ces papes vinrent tous deux à Clairvaux après avoir
quitté Reims. Il est fait mention de la chapelle de
Saint-Bernard (bâtie non loin de sa cellule par Geofroy) dans un titre du
XIVe siècle, dont voici un extrait: De camera abbatis Villariensis in Claravalle.1336, in vigilia Nativitatis Virginis gloriosae. — Moyennant la somme
de 50 florins florentins, Jean, abbé de Clairvaux et toute la communauté,
accordent «venerabilibus coabbatibus . . . . . de Villari, de Grandi-Prato et de
Loco S. Bernardi, nunc existentibus et eorum successoribus in perpetuum, unam
cameram cum appendiciis suis inter capellam B. Bernardi
et cameram de Ungaria situatam, quam ipsi et eorum monachi ad capitulum generale
venientes ac redeuntes habebunt, tenebunt et pacifice possidebunt tempore dicti
capituli generalis.» (Arch. de l'Aube. —
copie du XVe siècle, sur papier.) 1742B Voy. Littér., Paris, 1724., p. 75. —
Abbaye de S. Vaast à Arras. — «Comme nous sortions du monastère, on nous fit
remarquer une croix à 40 ou 50 pas au delà, et on nous dit que S. Bernard étans
venu à Arras, s'arrêta en cet endroit et ne voulut pas entrer au monastère,
parce que l'abbé et les religieux lui avaient refusé un lieu de leur dépendance
qu'il demandait pour y bâtir une abbaye de son ordre. On dit que c'est le lieu
où est aujourd'hui la Prévòté de S. Michel, qui est assez agréable.» Dans les fragments de l'histoire de l'Ordre de Cîteaux, que son
éminence Mgr le cardinal de Reims a bien voulu'me communiquer, je lis à la page
390, que S. Bernard ayant visité la sainte chandelle d'Arras, et voulant
témoigner l'estime qu'il professait pour cette précieuse relique, fit dresser
une croix d'une grandeur extraordinaire. Elle subsista dans le même lieu plus de
300 ans. Enfin, comme elle menaçait de 1742C tomber en ruines,
les religieux de Saint-Vaast, la relevèrent en 1447, mais ils lui donnèrent
moins d'élévation. En 1439 l'abbesse de Groeningen donna à
l'abbé de Clairvaux un fragment de la sainte chandelle, par l'acte
suivant: «Nos soror Margareta abbatissa monasterii de
Groeniinghen prope Curtracum, et Margareta Besoentz, et Katherina Cornu
sacristiaria, totusque ejusdem loci conventus, confitemur nos unanimi consensu
dedidisse et concessisse reverendo Patri nostro immediato domino abbati
Clarevallis certam portionem cere de candela B. Marie de Atrebato, de illa
porcione quam Illustrissima Domina Comitissa, relicta Illustrissimi Principis
Domini Balduini comitis Flandrie et Imperatoris Constantinopoli, que quidem porcio cere sumpta fuerat de propria eadem candela B. M.
de Atrebato, sicut postea ab antiquioribus nostris fuit 1742D veraciter repertum et probatum. In cujus rei testimonium . . . .
Datum . . . . ultima die mensis februarii anno Domini millesimo CCCCo
tricesimo nono, more Gallicano.» (Arch. de l'Aube. —
origin. sur parch. — un seul sceau reste.) Dom J. Méglinger dit
la messe à Cîteaux in sacello D. Bernardi. «Locus est in
quo ipse sanctus Bernardus aetatis suae anno 23 cum triginta sociis novitium
agebat.» (Iter Cist., p. 130, 42.) Le P. Chifflet
imprimait en 1660 dans le S. Bern. gen. illustr. assert.,
p. 639: «In castro Granceio (Grancey, Côte d'Or). Adhuc
exstat vetusta turris, quae dicta est post omnem memoriam et hodieque dicitur
Turris S. Bernardi; quod ipse, dum cognatos suos subinde
inviseret, in ea diversatus fuisse credatur.» La Notice sur Châtillon-sur-Seine, par M. l'abbé Tridon, (Troyes 1847) renferme des renseignements fort intéressants
sur l'antique oratoire de Sainte-Marie-du-Château, 1743A et sur
la maison de la rue du Truchot, célèbres à Châtillon par les souvenirs de S.
Bernard qui s'y rattachent. Je lis dans les procès-verbaux des
séances générales tenues à Troyes, en 1853, par la société
Française pour la conservation des monuments historiques, (Paris, 1854;
in-8o) p. 169 et 170 — qu'un vieux chêne porte encore à Cunfin (Aube) le nom de chêne 1744A de S. Bernard;
qu'il y a à Dampierre (Aube) des reliques de S. Bernard,
et qu'il existe auprès de Bar-sur-Seine une chapelle dédiée au saint abbé. Elle
aurait été érigée en souvenir de son passage. On ajoute que le vallon qui
conduit à Jully-sur-Sarce (Aube), siége d'un monastère de femmes où sainte
Humbeline se fit religieuse, porte encore le nom de Val-S.-Bernard. IV. Sceaux dans lesquels figuraient les armoiries de saint
Bernard.1743 MS. XV de M. l'abbé Matthieu,
p. 68. — Sceau de Guillaume, abbé de Clairvaux, pendant à un titre en parch. du
11 oct. 1431. — Orbiculaire. — Sur le fond paraît une main tenant une crosse; le
bras est couvert de la manche de la coule. En haut, sur la droite de la crosse,
est la lettre S, et, sur la 1743B gauche, la lettre B. Au bas, et
sur la crosse, est un petit écusson qui représente les armes de saint Bernard,
comme nous les avons aujourd'hui. Ibid., p. 210. — 1656, 26 juillet. — Sceaux de l'abbé et du
couvent de Clairvaux — pendants à un acte sur parchemin — imprimés sur cire
entre deux feuilles de papier. Celui de l'abbé, ovoïde — au
milieu une grande niche, oû se trouve un prélat debout — une crosse sans voile
(mouchoir — ou lacrymatoire) dans la main droite, soutenant une église de la
gauche. S sous la main droite, et B sous la gauche. Aux pieds, un écusson,
surmonté d'une crosse dans le milieu, et portant les armoiries de saint Bernard.
— Au milieu du sceau de la communauté, une 1744A grande niche
occupée par la S. V., tenant l'enfant Jésus sur son bras gauche. A droite, un
évêque, S. Malachie, titulaire et patron de l'église de Clairvaux; à gauche,
saint Bernard. Ibid., p. 449. — 1524, 19
mai. — Sceau orbicul. — représentant la S. V., l'enfant Jésus, S. Malachie 1744B et S. Bernard. † SIGILLVM CONVENTVS MONASTERII
CLAREVALLIS. Ibid., p. 569. — 1669, 21
nov. — Laurent Gorillon, prieur de Clairvaux, vicaire général de l'abbé de
Clairvaux. Sceau ovoïde de 3 pouces de hauteur sur 2 de
largeur, imprimé sur pain à — chanter. — Dans une niche ornée, un abbé régulier
debout, nimbé, vêtu de l'habit monachal — tenant de la main droite une crosse
avec son voile — sur sa main gauche repose une église: c'est S. Bernard.
Au-dessous du coude droit S, et B au-dessous du gauche. — Sous les pieds, les
armoiries de S. Bernard, surmontées d'une crosse par le milieu. SIGILLVM
VICACARIATVS ABBATIS CLAREVALLIS. V Portrait de saint Bernard.1743 1743C Je tiens à noter, au sujet du portrait de S.
Bernard, une phrase de D. Joseph Méglinger. Ce religieux, racontant l'impression
profonde qu'il avait ressentie à la vue des chefs de S. Bernard et de S.
Malachie, conservés dans le trésor de Clairvaux, s'exprime ainsi: «Vultus
praesertim melliffui Patris, et ex effigie passim obvia
notus, et hic tam concinne elaboratus, intimas omnium pectorum medullas
commovit.» Ces mots — ex effigie passim obvia
notus — établissent clairement qu'il existait pour le portrait de saint
Bernard une tradition constante; aussi je remarque que le P. Méglinger a orné
son livre intitulé: Nova melliflui Ecclesiae doctoris S. P.
Bernardi effigies. Badae Helvet., 1670, in-8, — d'un portrait admirable, à
mon avis, et qui offre la plus grande analogie avec le portrait gravé par Drevet
(Vie de S. Bern., par Villefore, Paris, 1704, in-4), avec
celui que les Bollandistes ont donné, d'apprès 1743D Puricelli,
avec le beau tableau de l'église de Ville, avec le buste en terre cuite du
XVIIIe siècle, qui se trouve dans l'église paroissiale de
Fontaines-lez-Dijon, et avec d'anciens émaux que j'ai vus en divers
cabinets. Les portraits de profil par Ph. de Champagne (Vie de S. Bernard. Paris, 1648, in-4. — Petite gravure;
Paris, chez Chereau le jeune.), et par Angelico de Fiezole, me paraissent
s'éloigner du type convenu. Les Bénédictins rapportent, dans
leur Voy, Littér. (Paris, 1717, 2o part. p.
205) qu'ils trouvèrent chez les chanoines reguliers de Rouge-Cloître (Pays-Bas),
1744C «dans un manuscrit de S. Bernard, le portrait de ce saint,
représenté avec l'ancien habit des religieux de Cîteaux, qui avaient le capuchon
attaché à la robe» Dans la première partie du même ouvrage, les
Bénédictins parlent encore de cet ancien habit (p. 6). «Dans la croisée de
l'église de la Mercy-Dieu, disent-ils, sont les tombeaux de quelques seigneurs
de Prulli, autour desquels sont représentés des religieux avec l'ancien habit de
Citeaux, le capuchon attaché à la coule.» «On voit, disent-ils
à la page 227, dans l'abbaye de La Ferté, sur le tombeau d'un seigneur de
Marcilly, un religieux représenté avec l'ancien habit de l'ordre de Cîteaux,
c'est-à-dire avec une coule dont le capuchon n'est point séparé. Nous
remarquâmes la même chose sur les tombes des abbés qui sont dans le chapitre,
lesquels, tous, jusqu'en 1387, ont le chaperon attaché à la coule. Le 1744D premier qui porte le chaperon détaché est de l'an 1419.» Voici, à ce sujet, un extrait des fragments de l'Histoire manuscrite de l'O. de Cîteaux, que son éminence
Mgr le cardinal de Reims a bien voulu me communiquer, p. 408. «On voit: dans
l'église de l'abbaye de Longpont, le tombeau du B. Jean de Montmirail. Il est
sous une arcade du sanctuaire de l'église, du côté de l'Evangile, élevé de 3 ou
4 pieds de terre. On voit le saint couche sur sa tombe, dans une figure en bosse
fort naturelle, et revêtu de tous ses habits réguliers, tels qu'on les portoit
en ce temps-là. Ils peuvent servir à décide 1745A plusieurs
questions agitées en nos jours, sur la manière dont les religieux de Cîteaux
étoient habillez du temps de S. Bernard. On y voit qu'ils ne portoient point
par-dessus la coule ce grand chaperon qui tombe sur les bras et sur la poitrine,
et qui descend par derrière quasi jusques aux talons. De tout ce vestement, ils
n'avoient précisément que ce qui sert à couvrir la teste: il étoit cousu au
collet de la coule, et se terminoit par une petite pointe en haut, à peu preès
comme les Chartreux le portent encore. Leur coule n'avoit point ces longues 1746A et vastes manches qui tombent jusqu'à terre. Elles n'alloient
que jusqu'au poignet, et n'avoient de largeur qu'autant qu'il en falloit pour
entrer facilement par-dessus les manches de la robe, qui étoient plus courtes et
plus étroites.» Le ms. IX de M. l'abbé Matthieu, aprés avoir
rapporté le passage qui précède (p. 336), ajoute: «On voit encore ce costume
dans deux représentations de S. Bernard à Clairvaux: l'une dans l'église,
l'autre à la porte d'entrée du grand cloître.» VI. Sceau de saint Bernard. 1745B Le 16 août 1837 M. Deville, directeur du musée d'antiquités de
Rouen annonçait à l'Académie des Inscriptions la découverte du sceau de saint
Bernard . Ce sceau, donné par un officier en retraite, M.
Pays d'Issoudun, est déposé au musée de Rouen. «Il est en cuivre
jaune, dit M. Deville, et de forme ovale; il a 40 millimètres de long, sur 30
dans sa plus grande largeur, son épaisseur est de cinq millimètres; il pèse 30
décagrammes. Le revers est plat et uni, sans apparence de manche ou
d'appendice.» On a très-bien observé, dans la Revue Archéologique, 2e ann. Ile liv.
(1845) p. 99, — que saint Bernard y est représenté assis sur une chaise
abbatiale dont les bras se terminent en têtes de lions grossièrement
figurées. La Revue pense que le saint abbé tient un rouleau de
la main droite. Le P. Mabillon, annotant la lettre de saint
Bernard à Eugène III, écrite vers 1151 (Epist. 284), 1745C dans laquelle il lui annonce que la perversité d'un faussaire
l'a contraint de changer de sceau, voit un livre dans la main droite à la place
d'un rouleau. «Certe in charta Bernardi ipsius pro compositione litis inter
monasteria S. Genovefae et S. Victoris, appensum est Bernardi sigillum cum ejus
nomine et effigie, librum dextra, pedum sinistra tenente.» (S. Bern. Op.,
Epist. 284 not. d.) Je lis dans les fragments de l'Histoire de l'abbaye de Clairvaux par Dom Le Boullenger
(Ms. IX, de M. l'abbé Matthieu, p. 434): «Saint Bernard se 1746B trouva nécessité à se faire graver un autre cachet. On montre
encore ce cachet dans le trésor de Clairvaux; il est de cuivre, de figure ovale.
S. Bernard y est représenté assis, tenant sa crosse de la main gauche et une
paix à la main droite, et autour est écrit: † SIGILLUM BERNARDI ABBATIS
CLAREVALLIS.» «Le cachet de saint Bernard, dit D. Cl. Guyton
(Ms. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 8), qui se conserve à Clairvaux, avec lequel
le saint a scellé un accord qu'il a fait pour Saint-Victor-les-Paris, et qui y
subsiste, représente S. Bernard assis.». En 1594 l'abbé de
Cîteaux écrivait à Dom Denis Largentier, abbé de Tironneau (Ms. XV de M. l'abbé
Matthieu, p. 40): «Je vous ay écrit de Spa, Anvers et Bruxelles . . . . si vous
trouves l'Histoire de Gaguin, vous in verrez in Philippo
Pulchro que, cum omnes episcopi starent contra Pontificem
Bonifacium solus abbas Cisterciensis stetit pro Pontifice. Nous avons eu
nos beaux priviléges, en l'ung des quels il est 1746C dit: Mecum certasti, mecum sedebis; je ne voudrois pas faire moins
que mon prédécesseur en l'affaire présente, mais Belleforest Commingeois ni Jean
de Serres en leur histoire de France n'en disent mot . . . être assis n'est pas
particulier à l'abbé de Citeaux: le cachet de saint Bernard le représentant
assis. Donné à Besançon le 14 novembre 1594. Votre
confrère et cousin: Fr. EDME, A. de Cîteaux.»M. Deville
avait remarqué avec justesse que le sceau de Rouen est le second de saint
Bernard, 1747A celui que les infidélités de son secrétaire
Nicolas l'avaient obligé de faire graver et qui contenait son image et son nom —
continente et imaginem nostram et nomen (Epist. 284
— voir aussi Epist. 298). L'imperfection de la gravure a toujours, comme
on le voit, jeté des doutes sur la nature précise de l'objet que S. Bernard
tient de la main droite: mais je crois qu'il est plus conforme aux usages suivis
au XIIe siècle pour les sceaux des abbés, de s'en tenir au livre avec
le P. Mabillon. (Cf. Natalis de Wailly, Elém. de paléogr., part. IV, c.
VII.) Quelle était la forme du premier sceau de saint Bernard?
c'est ce que l'on apprend de plusieurs textes que je vais citer. Ms. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 61. — «Charte du temps de saint
Bernard sur une feuille in-fo. C'est un double original de l'accord
conclu entre les moines de Vauluisant et les chevaliers du Temple par les soins
de saint Bernard . . . . Le second sceau 1747B est un oval autour
duquel est: † SIGN. ABBATIS CLAREVALLIS. — Le fond est occupé par une main qui
tient une crosse en dedans, dont le bras est couvert de manche de robe et
par-dessus la manche de la cuculle . . . . Le long de l'écrit, en travers, on
voit à demy chacune des lettres suivantes: CIROGRAPHUM.» J'ai
cru utile de transcrire ici l'accord dont parle Dom Guyton, d'après le
cartulaire de l'abbaye de Vauluisant (Bibliothèque Impériale. —
in-4o. parchem. — XIIIe siècle. — fo. 83
Ro). Compositio monachorum
Vallis-Lucentis militumque Templi, per manum Domni Bernardi Clarevallensis
abbatis.«In nomine Sancte et Individue Trinitatis.
Notum sit omnibus presentibus et futuris quod inter monachos Vallis-Lucentis et
milites Templi de Colatorio, per manum Bernardi Clarevallis abbatis facta est
hec compositio: quod milites Templi quicquid 1747C habebant in
territorio de Cirilli, a divisione que est inter grangiam ipsorum militum et
grangiam monachorum, totum monachis concesserunt: id est medietatem atrii,
medietatem decime et terras alias; ita ut deinceps a divisione predicta usque ad
Sevei nichil nemoris neque terre adquirere possunt milites Templi, nisi forte
omnino gratis datum fuerit in eleemosinam, ut nichil terrene substancie ab eis
accipiat is qui dederit. «Similiter monachi Vallis-Lucentis
concesserunt militibus Templi quicquid habebant a predicta divisione 1748A usque ad ripam Venne, ita ut in valle illa nichil possint
adquirere nemoris seu terre, nisi forte gratis omnino ab aliquo fuerit datum ut
nichil terrene substancie ab eis accipiat is qui dederit. Laudavit hoc Norpaldus abbas Vallis-Lucentis et frater Everardus
Magister fratrum de Templo qui in Francia sunt. Et ut firmum
permaneat utriusque sigillo firmatum est, cum sigillo abbatis Clarevallis. Laudavit hoc etiam frater Humfredus Magister Templi.» Le Gallia Christiana (tom. XII, col.
231) parle ainsi de cet accord: «Quaedam permutavit (Norpaudus) cum
militibus Templi apud terram de Cerilly. Permutationis cartae appendet S.
Bernardi sigillum, in quo repraesentatur manus monachi pedum abbatiale
gerens.» Tel était donc le premier sceau de saint Bernard; car
l'accord que j'ai transcrit est antérieur à l'époque 1748B où le
saint abbé se vit forcé d'en faire graver un avec un nouveau type. Les noms de deux personnages mentionnés dans l'accord servent à en
fixer approximativement la date. Norpaldus, ou Norpaudus,
premier abbé de Vauluisant, donne les années 1129 à 1159 (Gall. Christ. ibid.); Évrard des Barres, maître particulier
de son ordre en France dès 1143, fut élu grand-maìtre du Temple en 1147. (Art. de vérif. les dates — on n'y trouve pas le nom de
Humfredus parmi ceux des grands-maîtres du Temple.) Or, comme
il est encore appelé ici — Magister fratrum de Templo qui in
Francia sunt — il est évident que l'accord est antérieur à 1147: mais ce ne
fut que plus tard que saint Bernard changea de sceau. Le 7
septembre 1520 l'abbé de Clairvaux Dom Edme allant à Rome, arriva avec sa petite
troupe 1748C au monastère de Bon-Mont en Savoie «auquel, dit la
relation de son voyage, est la bourse de saint Bernard avec deux lettres dictées
par luy et scellées de son scel, qui est inscrit à l'entour: SIGILLUM ABBATIS
CLAREVALLIS, et au milieu est une main tenant une crosse.» (Voir la curieuse
relation d'un voyage à Rome commencé le 23 août 1520 et terminé le 14 avril 1521
par R. Père en Dieu Mgr Dom Edme XLIe abbé de Clairvaux — publiée par
M. Harmand dans les Mémoires de la Société académ. de l'Aube, IIe
série, tom. II) VII.
Titres où il est fait mention de saint Bernard.1747 1747D Il serait fort important de recueillir et de
publier tous les titres dans lesquels il est fait mention de l'intervention de
saint Bernard ou de sa présence en qualité de témoin; ces documents seraient
précieux pour établir plus complétement encore la chronologie de son
histoire. Il existe aux archives de l'Aube, dans les chartriers
de Clairvaux, de Larivour, de Montiéramey, etc, plusieurs chartes originales
dans lesquelles saint Bernard est nommé à titre de témoin. Je dois même faire
une mention particulière de ces magnifiques pièces sur parchemin qui remontent
aux premières années de l'abbaye de Clairvaux, et où se montre dans tout son
éclat l'habileté de ses calligraphes. Les Annales Ord. S. Benedicti (t. VI. Lut. Par., 1739) citent
quelques documents cù figure le nom de S. Bernard: en voici le relevé. P. 110 — In Guiberti de Novig. Opp. p. 832, Litter.
Barthol. Laudun. ep. (1124). P. 152 — In Chifflei opusc.
4, p. 176, Instrum. 1748D Hug. duc.
Burgund. (1127). — In Spicil, t. XIII, p. 307, — Carta
Theob. Camp. Com. de Sparnacen. eccles. (1127). P. 370 —
In Marlot t. II, p. 337, Litter. Samson. Rem. Archiep.
(1143). P. 699 — Carta Bartholom. ep.
Laudun. (1146). P. 723 — Diplom. Henr.
Com. (1149). Voir dans le Gallia
Christ. t. XII, Instrum. col. 268, cart. XXXII
(1152). Voici la copie de quelques pièces que le Gallia Christ. t. XII se contente d'indiquer ainsi dans
l'art. consacré à l'abbaye de Montiéramey. «Guidoni, ad preces
S. Bernardi, Atto Episc. dat ecclesiam de Clareio, quam donationem firmavit
Innocentius II, Nonis Maii.» «Donatio ecclesiae de Follis
confirmata a Lucio II, XV kal. Apr.» «Guido apud Claramvallem
obtinet a Godefrido Lingon. ep. ecclesias de Landrevilla et de Lochiis.» 1749A Biblioth. Imper. —
Cartulaire de l'abbaye de Montiéramey; in-fo, sur parchemin. (Il y en
a une copie sur papier; in fo.) Fo. 48,
Ro. — Cure de Clarey. Innocentius Episcopus Servus
Servorum Dei Dilecto filio Guidoni Abbati Arremarensi, Salutem et Apostolicam
benedictionem. Que pietatis intuitu et amore religionis monasteriis et aliis
piis locis a fratribus nostris Episcopis impenduntur laudamus et votis atque
desideriis postulantium assensum praebentes libenter scripti nostri munimine
roboramus. Eapropter, dilecte in Domino Fili, karissimi filii nostri Bernardi
Clarevall. Abbat. precibus inclinati, donationem vobis de ecclesia Clareii a
Trecensi Episcopo rationabiliter factam firmamus et scripti nostri privilegio
communimus. Dat Lat. Nonis Maii. Ibid.,
fo 48, Ro — Cure de Folz. «Lucius
Episcopus Servus Servorum Dei Dilectis 1749B filiis G. Abbati et
monachis Arremarensis monasterii Salutem et Apostolicam Benedictionem. Que a
fratribus nostris episcopis et ecclesiarum Dei rectoribus religionis intuitu
acta sunt, in sua volumus stabilitate firmari, ne pravorum hominum valeant
refragatione turbari. Ideoque Venerabilium fratrum nostrorum Hu.
Altissiodorensis Episcopi et Bernardi Clareval. Abbatis precibus inclinati,
preces vestras paterna benignitate admittimus et ecclesiam 1750A de Follis quemadmodum a Vener. Fratre nostro Attone Trecensi
Episcopo vobis canonice concessa est, per presentis scripti paginam vobis et per
vos Arremarensi monasterio confirmamus. Si quis autem huius nostre
confirmationis paginam sciens contra eam temere venire temptaverit,
indignationem Omnipotentis Dei et Beatorum Petri et Pauli Apostolorum eius se
noverit incursurum. Dat. Later. XV Kal. Ap.» Ibid., fo 85, Ro — «In nomine Domini.
Ego Gofridus Lingon. Episcopus notum fieri volo quod ecclesias de Landrevilla et
de Lochia dedi abbati Guidoni et ecclesie monasterii Arremarensis libere in
perpetuum possidendas, laudantibus Clarembaldo Decano, ad cujus ministerium
pertinebant et Radulfo presbytero qui eas tenebat; eo sane tenore ut electionem
presbiteri deinceps habeant monachi; et dum iste Radulfus eas tenuerit, quartam
partem reddituum earum, exceptis baptisteriis, nuptiis, sepulturis et
confessionibus ac denario panis benedicti 1750B et
reconciliationibus feminarum, post mortem vero vel dimissionem ipsius Radulfi,
medietatem reddituum aliorum habeant monachi praeter illa que nominavimus que
propria sunt sacerdotis. Testes sunt Dominus Alanus Episcopus Autissiodorensis,
Domnus Bernardus Abbas Clarevallis, etc., (sic) Actum est
et sigilii nostri impressione firmatum est apud Clarevallem anno ab incarnatione
Domini 1152.» VIII.
Charte de fondation de Clairvaux.1749 1749B «Je trouve dans les fragments de l'histoire manuscrite de
l'abbaye de Clairvaux par Dom L. Boullenger (MS. IX de M. l'abbé Matthieu,
p. 351) une copie de la charte de fondation de Clairvaux, «conçue en ces
termes tirés mot à mot de l'original qui est dans les archives de
l'abbaye. 1749C In nomine (dans les imprimés on
y ajoute sancte et) individue Trinitatis incipit carta
Comitis Hugonis. Notum sit omnibus presentibus et futuris quod Ego Hugo
Trecensis comes do Deo et B. Mariae et fratribus Clarevallis locum ipsum qui
vocatur Clarevallis, cum pertinentiis, agris, pratis, silvis, vineis et aquis,
nihil (dans les imprimés on lit mihi) omnino aut
heredibus meis retinens. Unde testes Acardus Remensis, et Petrus, et Robertus
Aurelianensis, milites mei. Et sciendum quod Gaufridus Felonia dat pasturas suas
in finagio de Juvancurt, tam in bosco quam in plano, omni tempore. Et si aliquod
damnum intulerint animalia dictorum fratrum, solum capitale restituetur sine
emenda. Haec autem omnia dedi in presentia supradictorum testium. Sciendum
quoque est quod Dominus Rainaudus de Perecin (dans les imprimés Perceris et dans le Gallia Christiana
Preci — ce dernier mot est à présent en usage) dedit eisdem fratribus
pasturam et usuarium per totam terram 1749D suam, et precipue in
aquis, silvis, pratis, in finagio de Perecin. Huius rei testes sunt Acardus
Remensis et Robertus milites mei. Item sciendum quoque est quod Ego Hugo Comes
Trecensis laudo et concedo fratribus eisdem libere et quiete possidere terram et
silvam de Aretela. Has donationes confirmamus Ego Joceranus Lingonensis
Episcopus et Hugo Comes Trecensis de sigillo et annulo suo (dans les imprimés on
lit meo).» «A cet acte sont attachés
deux grands sceaux pendants en cire verte. Le premier représente Jocevan assis,
tenant de la main droite le bâton pastoral et de la gauche un livre, avec cette
inscription à l'entour: † SIGILLUM JOSCERANI EPISCOPI LINGONENSIS. «Le second représente Hugues à cheval, vêtu d'une cotte-de-mailles,
tenant de la main droite une épée nue rehaussée, et de l'autre un écu oblique
appuyé 1750B sur son côté gauche, sur lequel il n'y a rien de
figuré; on lit à l'entour: SIGILLUM HUGON . . . . . » Comme cet
acte ne porte aucune date, il est difficile de dire précisément l'année qu'il a
été fait. Le Gallia Christiana, tom. IV, col. 155, int. Instrum., a mis cette date 1115 qu'il a tirée sur un
extrait 1750C nouveau qu'on lit sur une planche encadrée et
attachée dans le cloître de Clairvaux.» On peut comparer ce
texte avec celui que le P. Mabillon avait reçu de Clairvaux et qui avait été
copié sur le titre original — Ex autographo Clarae-vallensi
acceptam referre debemus (S. BERN. Op. not. in Epist. XXXI,
24); avec celui que le P. Chifflet a publié — Ex
autographo Clarevallensi — (S. Bern. gen. illustr. assert. p.
513), et le Gallia Christ. (loc.
cit.) J'ai vu en 1853 exposée dans une montre à la
bibliothèque publique de Troyes une copie figurée de la charte de fondation de
Clairvaux avec deux sceaux pendants. C'est une mauvaise imitation faite sur
parchemin au XVIIe ou au XVIIIe siècle. J'ai trouvé dans
le chartrier de Clairvaux, aux archives de l'Aube, quelques imitations de pièces
anciennes du même genre que celle dont je viens de parler. Le
titre suivant ne sera pas déplacé à la suite 1750D de la charte
de fondation. MS. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 448. — Ego Henricus Comes
Trecensis notum esse volo presentibus et futuris quod Ego concedo fratribus
Clarevallis perpetuo possidendum quicquid predecessores mei eisdem fratribus
contulerunt: scilicet locum ipsum in quo idem monasterium situm est, cum terris,
aquis, vineis, silvis, pratis, agris adjacentibus predicto monasterio, et
quicquid de feodo antecessorum meorum acquisierunt usque in presentem diem;
nihil omnino aut heredibus meis retinens. Do etiam eisdem fratribus pasturas et
usuarium tam in aquis, pratis, quam etiam in silvis, omnibus finagiis per totam
terram meam, ubi libere ire possunt. Quod ut firmum et stabile permaneat in
futurum presentem paginam feci sigilli mei impressione roborari. Actum anno
Verbi incarnati M. C. LXVIII. — sceau pendant — rond-rompu par le milieu — on
distingue le cavalier et le cheval, mais non l'écriture. IX. Varia.1751 1751A Itinéraire de saint Bernard de Châlons à Clairvaux en
1146.Saint Bernard revenant d'Allemagne en 1146, se
trouva le 2 février à Châlons-sur-Marne où Louis VII était venu à sa rencontre;
c'était un dimanche. (Dominica die festum erat Purificationis
B. Mariae: et Francorum rex Ludovicus . . . Catalaunum occurrebat viro
Dei.) Saint Bernard y resta deux jours (detentus est per biduum). Il en sortit le mardi, 4 février
(egredienti vero feria 3a . . . . ), et vint à
Donnement éloigné de Châlons d'une dizaine de lieues. Le 5
février il célébra la messe à Donnement, en l'honneur de sainté Agathe, dont on
faisait la fête (4a feria . . . . ipsa siquidem die
in vico Campaniae, cui nomen Davament. . . . missarum sollemnia celebravit.). Il vint
ensuite à Rônay, éloigné de Donnement 1751B d'environ deux lieues
(in oppido cui nomen Rônay), puis à Brienne, situé à peu
près à la même distance de Rônay (in eadem strata, aliud situm
est castrum, quod Brena ab indigenis nominatur). Enfin, il
arriva à Bar-sur-Aube, distant de Brienne de cinq à six lieues; en sorte qu'il
fit ce jour-là environ dix à onze lieues (ipsa die venimus
Barrum). Le jeudi 6 il dit la messe à Saint-Nicolas et
regagna sa chère vallée (quinta igitur feria vir sanctus missarum sollemnia
celebravit in ecclesia S. Nicolai . . . . ipsa die fuit redditus
Clarae-Valli.) — (S. Bern. Op. lib. VI, seu miraculor,
C. XIII.) MS. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 344: De sancto Patre nostro
Bernardo.Anno milleno nonageno simul uno Fontanum castrum
Bernardo contulit ortum. 1751C Postea duntaxat septem
labentibus annis Hoc in coenobio cepit Cistercius Ordo. Sed dum
quindenos Ordo succresset in annos, Intus suscepit vir sanctus
religiosam Sub Stephano vestem, socios triginta trahendo. Effectus
posthac Clarevallis prius abbas Sublimem sequitur sublimus vitam,
repletque Lumine doctrinae signisque micantibus orbem. Oblatos
septem contempsit pontificatus Ne fugitivus honor mansuris rebus
obesset. Frustra conarer metro conscribere velle Caetera quae
nequeunt magni comprehendere libri. Intendat opem nobis apud
Omnipotentem. AMEN. — On
voit par le 4e vers que cette pièce se trouvait à Clairvaux: c'était
probablement une inscription. L'édition du Grand Exorde, donnée par Dom Ignace de Ybero (Pampelune,
1621, in-fo), se termine 1751D par un miroir des
religieux qu'on ne sera pas fâché, je pense, de trouver ici. SPECULUM RELIGIOSORUM ex diversis
sententiis B. P. N. Bernardi collectum, in quod prospiciens monachus, ad
perfectionis culmen cito perveniet.Sit omnis Religiosus In
ecclesia, devotus. In choro, officiosus. 1752A In
altari, discretus. In libraria, tacitus. In secretis,
honestus. In cella, studiosus. In infirmatorio, medicus. Inter
fratres, jucundus. Inter seculares, rarus. In nihilo,
moestus. In adversis, pacificus. In prosperis, modestus. In
claustro, clausus. In coemiterio, pius. In refectorio,
contentus. In oratione, assiduus. In lectione, curiosus. In
lecto, compositus. In consilio, facundus. In compatiendo,
charus. Inter gentes, timidus. 1752B Ad parendum,
facillimus. Ad obsequium, promptissimus. Ad confitendum,
humillimus. In mensa, sobrius. In sacristia, tutus. In
capitulo, modestus. In porta, brevilocus. In horto,
laboriosus. In coquina, exosus. In colloquio, pudicus. In
hospitio, providus. In aspectu, modicus. Et sic in omnibus
semper Deo erit gratissimus Et speculum, hominibus: Tria
decent omnem religiosum, Pauca loqui, Paucos
familiares habere, Et multum orare. 1752C Tria religioso laudabilia: Pondus
maturitatis, Amor communitatis, Et fuga
proprietatis, Tria in religioso reprobanda: Indevotio, Dissolutio, Et
vagatio. Duodecim
abusiones claustri.Praelatus negligens, Discipulus
inobediens, Juvenis otiosus, Senex obstinatus, Monachus
curialis, Religiosus causidicus. Habitus curiosus, Cibus
exquisitus, Rumor in claustro, Lis in capitulo, 1752D Dissolutio in choro, Irreverentia juxta
altare. Aureum
documentum.In claustro clausus mundanos despice
plausus, Regnum suspira plenum dulcedine mira. Hic sta, nec cesses,
veniunt post semina messes, Post planctum plausus, post hinc habitus
paradisus Meditatio die, nocteque exercenda.Mors tua, mors
Christi, fraus mundi, gloria Coeli, Et dolor inferni sunt
meditanda tibi. No 8. Extraits des manuscrits de M. l'abbé
Matthieu.1753 1753A MS. XV.
(Notes de Dom Cl. Guyton), p 502. — (1143-1157). In
nomine sancte et individue Trinita-Galerannus Comes Mellenti universis fidelibus
Dei in posterum. Oportet nos operari bonum ad omnes, maxime autem ad domesticos
fidei; sic enim monet nos Dominus ut faciamus nobis amicos de mammona
iniquitatis, ut cum defecerimus recipiant nos in eterna tabernacula. Propterea
ego Galerannus Comes Mellenti et Dominus castri quod dicitur Gornai, concessi in
manus venerabilis Bernardi, Clarevallensis Abbatis, fratribus Clarevallensibus,
et omnibus qui sunt ex ordine Cisterciensi, gratuitum transitum rerum suarum, ut
neque apud Gurnaium, neque in alio loco ex his que ad me pertinent, pedagium
aliquod exigatur ab eis. Ut autem firma sit concessio in eternum, et a nemine
successorum possit evacuari, cartam hanc sigilli impressione firmavi, addens et
episcopi Parisiensis testimonium et sigillum. Ego Theobaldus Dei gratia 1753B Parisiensis episcopus concessionem hanc ratam esse precipio et
eam episcopali auctoritate confirmo. Testes ejus sunt Henricus de Ferreriis,
Willelmus de Pinu et Robertus de Fromeville de clericis, Bernardus
archidiaconus, Radulfus et Johannes canonici Parisiensis ecclesie. — Deux sceaux pendants: le second est oval,
représentant un évêque assis, la crosse en dedans: SIGILLVM THEOBALDI
PARISIENSIS EPI. — Le 1er rond; empreint
des deux côtés: représentant un seigneur à cheval: SIGILLUM GVALERANNI
COMITIS. Ibid, p. 504, ann. 1159. — In
nomine sancte et individue Trinitatis, Amen. F. Dei gratia Romanorum Imperator
et semper Augustus, omnibus fidelibus tam presentibus quam futuris in perpetuum.
Quoniam sepe contigit ea que bona peracta sunt, vel hominum inconstantia mutari
vel oblivione 1753C deleri, notum sit universis quod Ego,
voluntate et consensu Beatricis Imperatricis, uxoris mee, pro remissione
peccatorum nostrorum et omnium antecessorum nostrorum, concedo domui de
Claravalle in perpetuum possidendum quicquid Guido de Wangionis-Rivo (Vignory) eidem domui dedit et concessit de proprio feudo
ceterisque omnibus et homines ejus casati de suis casamentis tempore bone
memorie Bernardi Abbatis, in terris, silvis, aquis, pascuis, ceterisque
aizanciis, quodque de eodem dono et eleemosina Bartholomeus filius ejusdem G.
postea concessit. Quod ut nullius temeritas ulterius audeas violare, sigilli mei
impressione confirmandum duco. Actum in obsidione Chreme anno ab incarnatione
Domini MCLIXe. Testes sunt Reinaldus cancellarius, electus Colonie
archiepiscopus, Everardus episcopus Bambergensis, Henricus dux Saxonie,
Bertoldus dux Turingie, Adam abbas de Ebra. 1753D — Les deux gros sceaux ronds, attachés sur la
charte même. Le 1er représente un prince assis, vêtu d'une
robe longue, un manteau par dessus; la couronne sur la tête, le sceptre en la
main droite, de la gauche il tient un globe surmonté d'une croix:
FREDERICVS DEI GRATIA ROMANORVM IMPERATOR AVGVSTVS. — L'autre,
qui est vis-à-vis, représente l'impératrice assise. BEATRIX DEI GRATIA
ROMANORVM IMPERATRIX AVG. Ibid., p. 178,
(ann. 1202). — Bernard. Doyen de Bar-sur-Aube, fait une donation à
Clairvaux. Hoc donum fecit idem Decanus in
capitulo Clarevallis, presente Garnerio episcopo quondam Lingonensi, 1754A obtulit ad altare B. Bernardi, astantibus et hoc ipsum
tactantibus Everardo presbitero Longi-Campi, fratre Jacobo et fratre Mattheo
Clarevallis cellerariis. Hilduin, évêque de Langres
confirma cette donation avec plusieurs autres en 1202. Ibid., p. 454, ann. 1335. — . . . . . . Nos frater Johannes
Abbas Clarevallis. . . . . pie considerantes laborem quem confratres nostri,
precipue monachi, sustinent in vigiliis et in die Beatissimi Patris nostri
Bernardi, ut sibi, cujus veneranda gaudent presentia, laudes exsolvant debitas
et devotas, centum librarum parvorum turonensium bursario tradidimus in
utilitatem communem ecclesie nostre convertendas, pro emendis redditibus quinque
librarum turonensium parvorum, de quibus emendi sunt pisces, et ementur perpetuo
pro pitancia piscium tam monachis quam conversis in die B. Bernardi annis
singulis facienda. . . . . MCCC tricesimo 1754B quinto,
indictione IIIa, in die Nativitatis B, M. V. Ibid., p. 523, ann. 1439, 22 avril. — L'abbé de Clairvaux
accorde la participation à tous les biens spirituels de l'abbaye à très-noble et
puissante dame, princesse, Madame Marguerite de Vaulx, comtesse de Saint-Paul,
Brienne, etc., à cause de ses libéralités et de sa très-grande dévotion envers Monsieur S. Bernard, ayant visité en propre personne son
glorieux corps sainct et prétieuses reliques qui reposent en l'église de
Clairvaux. Ibid., p. 212, ann.
1472, 22 janv. — Lettres de sauvegarde accordées à l'abbaye de Clairvaux par
Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, en l'honneur de N. S.
J.-C., de la benoiste V. M. sa mère et du glorieux corps-sainct Monseigneur S.
Bernard, chapellain de la dicte glorieuse Dame, et premier Abbé dudit lieu,
lequel gist et repose en léglise et abbaye de N. D. de Clervaulx, premiere fille
de nostre église et abbaye de Cisteaux; et pour considération de ce que en la
dicte abbaye, nou set nos prédécesseurs 1754C comtes de Flandres,
avons une belle et dévote chapelle en laquelle les religieux d'icelle abbaye
sont tenus de perpétuellement célébrer, et célèbrent chascun jour une messe
de requiem, pour le remède et salut des âmes de nous et
de nos prédécesseurs et de nos successeurs comtes et comtesses de Flandres, qui
les ont fondées et augmentées de plusieurs ventes et revenus en nos pays, dont
piéça nous leur avons donné nostre main levée . . . . .
. Données à Bruges, le 22e jour de janvier, l'an de grâce 1472. Ibid., p. 457, ann. 1479, 10 dec. — Les
habitants de Belaon, dioc. de Langres, consentent à ce que les religieux de
Clairvaux continuent de construire une forge à fer auprès de leur grange de
Champigny, pour l'honneur et révérence de Dieu, de N. D. et de
S. Bernard, premier abbé dudit monastère, auquel repose son précieux
corps. 1754D Ibid.,
p. 183, ann. 1508, 19 janv. — Par devant Jehan Gillot et Etienne Deschiens,
notaires jurés à Bar-sur-Aube, Thibaut Henrion de Brousseur , et Michau Hurren, tonnelier, demeurant à
Clairvaux, reconnaissent que, de leur bonne volonté, pour leur
singulière dévotion qu'ils auroient et disoient avoir dès longtemps Monsieur
saint Bernard, et à l'église de Clerevaulx, en laquelle repose son précieux
corps, et afin d'être participans ès prières, oroisons et biens spirituets et
temporels qui de jour en jour se font, prospèrent et augmentent èn icelui
monastère, ils se sont donnés en corps et en biens à icelui monastère, pour
servir l'église et les personnes d'icelle selon leur possibilité, tant de leur
métier que autrement, en toutes choses licites et honestes. 1755A Ibid., p. 631, ann. 1587.
— On voit, dans une relation du siége de Clairvaux par les Reîtres calvinistes,
que le duc de Guise étant venu au secours de l'abbaye (1er
oct.), ce prince commença par aller faire ses prieères au tombeau de S. Bernard
«où il fut fort longtemps avec une grande édification des
religieux.» La relation mérite d'être copiée tout
entière: «L'an mil cinq cent quatre-vingt-sept, les Reistres ou
Calvinistes allemans pénétrèrent dans le royaume de France au nombre de 50 mille
hommes, pour donner du secours et soutenir les calvinistes françcois. Une grosse
partie d'iceux arriva vers Clairvaux, sur la veille de saint Michel, après
diner, environ les 3 heures, et vindrent sommer la maison par un trompette,
demandant au commencement d'y loger 5 à 6 cornettes. On leur fit entendre que
feu le R. abbé Dom Lupin le Myrrhe, était en la ville de Troyes, et qu'il
falloit premiérement l'en 1755B avertir. Lesdits Reistres ennemis
étaient en nombre d'environ 45,000 en bon ordre, conduits par le duc de
Bouillon, et venoient en longueur depuis Chaumont jusqu'à Latrecey, et en
largeur depuis Richebourg jusqu auprès de Clairvaux, où étoit leur assurance
d'avoir leur premier payement en France, en ladite abbaye de Clairvaux. Mais
avec l'aide de Dieu et de la Sainte Vierge, très bonne patronne de cette maison,
et de Monseigneur saint Michel, aussy de nostre très dévot Père saint Bernard,
furent bien empeschés de leur mauvaise entreprise; car feu Monseigneur Henry, le
duc de Guise, mandit à feu notre R. abbé le Myrrhe, qu'il n'y avoit point
d'autre remède que de faire composition avec lesdits Reistres ennemis de la
France, et leur promettre ce qu'ils demandoient: sçavoir 7000 escus, des boeufs
pour saller et du vin en quantité: et qu'avec l'ayde de Dieu et faveur des
glorieux saincts susdits, nous sauverions l'église de Clairvaux; et 1755C que quand ils brusleroient les cens, nous avions des bois pour
les refaire, ne pouvans emporter les terres et le fond. MM. les
Vénérables religieux de Clairvaux, entendans ces piteuses nouvelles, se
retirèrent en la ville de Bar-sur-Aube, avec leur R. Abbé le Myrrhe, persistans
tous en prières, oroisons, sans aucun intervalle, nuit et jour, en la chapelle
du petit Clairvaux où ils étoient tous retirés, et principalement le jour de
saint Michel, auquel l'ennemi faisoit tous ses efforts pour entrer en ladite
abbaye, jour le plus à craindre. Néantmoins 4 ou 5 religieux,
officiers de ladite maison de Clairvaux, demeurèrent avec très grande constance
audit Clairvaux pour y donner ordre, et administrer les vivres et munitions aux
soldats qui étoient en la maison pour la défendre; les noms desquels religieux
sont: dom Bernard Brenay, célérier; dom Nicolas Thiefaud de Chaumont, moine 1755D du four; dom Jean de Reims, maîitre-d'hôtel, et le capitaine de
Belleguise, fort bon gentilhomme et bien zélé à cette maison. Furent aussi
assemblés tous les convers bien délibérés à combattre, auxquels demanda le dit
seigneur de Belleguise quelle etoit leur volonté et leur résolution. Tous, d'un commun accord, firent réponse qu'ils vouloient vivre ou
mourir pour las conservation de la dite maison, et défendre leur pain. Advisèrent tous ensemble avec les dits religieux officiers qu'il
étoit expédient de rompre la chaussée de Ville: ce qui fut fait par un nommé
Gautelet, de Ville, et manouvrier de la maison de Clairvaux; aussi
rompre le Tréfou, pont auprès de Clairvaux appelée d'ancienneté le Pont au
Prieur, qui est bien à 100 pas de la dite abbaye, allant au gagnage
d'Outreaube; et fut la nuit même de saint Michel rompu par un maçon, de façon
que le mardi au matin fut vu tout ledit, pont effondré contre l'effort de
l'ennemy, lequel étoit audit Outreaube, 1756A notre cense, quand
ledit pont effondroit avec grand effrayement. Et le dimanche,
par la permission de notre Dieu, la pluye se print par petite bruine, et de là
jusques au mardy, en telle façon qu'il n'y avoit cheval qu'il ne fût en l'eau
jusques aux flancs près d'Outreaube; qui étoit une grace spéciale de la divine
bonté, pour donner ordre à la nécessité urgente et périlleuse. Notés que
beaucoup de personnes ont vu pleuvoir un mois ou trois semaines, et que les eaux
n'étoient pas si grandes qu'elles furent pour lors en deux jours et demi. Et la plus grande rage que l'ennemy put exercer envers la dite
abbaye, fut de tenter l'Outreaube, où ils mirent à bas les portes de la
bouverie, fort grandes et spacieuses comme l'on peut voir, pour assiéger leur
canon, afin de battre en ruine les murailles de la dite abbaye; ce que taschans
d'exécuter, au premier coup le canon creva, se brisa et 1756B rompit en pièces; et nos vaillans soldats qui étoient au Pont du
Prieur, bien résolus avec les convers, derrière une barricade du fou qu'on avoit
dressée, allèrent en peu d'heures vers eux avec diligence. Eux, disent-ils, ne
se soucioient aucunement, car les Reistres qui ne savoient les ambuscades de nos
bons soldats, comme étrangers, n'avoient pas si tost levé et montré leur tête
par-dessus la dite bouvière d'Outreaube, qu'on les saluoit avec grands coups
d'arquebuse et mousquets, qui fut occasion qu'ils firent un trou auprès, en ce
grand champ qui tire à la forge et prirent de grandes pièces de bois pour penser
faire un pont afin de passer la rivière au droit du lavoir des brebis, où il y
en avoit déjà 5 ou 6 de passés. Les soldats qui étoient au Pont
du Prieur, n'en voyoient rien pour cause du bois qui étoit sur la rivière; et
les autres qui étoient en ambuscade près la Croix de Calvin, conduits par le
valeureux 1756C capitaine Des Carreaux, descendirent à couvert
pour passer au droit dudit lavoir du Pré la Barre, et entrèrent dans la prairie
où il y avait de l'eau jusqu'aux genoux, pour tirer sur le gros desdits
Reistres, et les empescher de passer la rivière. Et quand ils en furent proche à
couvert, n'étant vus desdits Reistres, ils y tirèrent 40 ou 50 coups
d'arquebuse. On envoyoit Martin le plombier, de Ville, lors
serviteur de cette maison, avec d'autres soldats pour porter arquebuses et
pierres de roc pour tirer au pont, lequel fut gagné vaillamment par ledit
capitaine Des Carreaux; et furent leurs planches et machines, jettées, où
plusieurs des ennemis furent blessés et jetés en l'eau, qui fut la cause qu'ils
s'en retournèrent bien honteux; et en tomba une grande quantité en l'eau, qui
furent perdus et noyés d'autant que la rivière étoit roide et haute. L'un des
chefs qui menoit les ennemis, irrité de si grande 1756D furie,
fit serment qu'il ne boiroit ni ne mangeroit qu'il n'eust bruslé l'église de
l'abbaye, et rôty tous les moines vifs: mais, graces à Dieu, la nuit mesme il
mourut malheureusement sans avoir parlé à personne depuis qu'il se fut couchê,
en la maison de feu Laurent Gorillon, à Longchamp, lors juge des terres de MM.
de Clairvaux. Le mesme jour qu'ils firent les plus grands
efforts, sortit mondit Seigneur duc de Guise de Vignory, cinq lieues delà
Clairvaux, et arriva à Bar-sur-Aube inopinément sur les 6 heures du soir,
dernier jour de septembre; et aussitost envoya mondit Seigneur de Clairvaux le
Myrrhe, pour parler avec luy, et éetoit pour lors au petit Clairvaux de
Barsur-Aube. Le mercredy au matin, jour de saint Remy, chef
d'octobre, sur les sept heures du matin, vint è Clairvaux par la porte de la
vigne, et alla avant toutes choses à l'église, faire ses prières au tombeau
saint Bernard, où il fut fort longtemps avec une 1757A grande
édification des religieux, qui étoient derrière lui. Et mondit Seigneur de
Guise, avisa avec lesdits officiers et religieux, et mondit Seigneur de
Belleguise, s'en alla reconnaitre la force qui étoit an Pont du Prieur, et
cependant commanda qu'on eût à bailler à vivre aux soldats de sa compagnie, et
refaire habilement le Pont du Prieur, avec des pièces de cuves et deux chars de
trapans. Neuf pièces de vin furent défoncées dessous la halle,
par ledit dom Jacques Péricard, lors vinetier, aussi par l'advis de mondit
seigneur de Belleguise, et grande quantité de pain fut portée dedans des
sacs. Faut notter que mondit seigneur Abbé le Myrrhe, ayant
envoyé gens de Bar-sur Aube à Clairvaux, pour emporter les corps saints et les
mettre en plus grande sureté, les religieux et convers qui étoient envoyés ne
purent, en nombre de 10 ou 12 qu'ils étoient, lever ni mouvoir en aucune façon
la 1757B couverture des tombeaux où iceux corps saints reposent;
nonobstant qu'on ait expérimenté plusieurs fois que 4 hommes suffisoient pour
faire le mesme office. En actions de graces, on a accoustumé à
Clairvaux de faire chaque année une procession générale le 29 septembre, jour de
feste du B. Archange saint Michel, protecteur de l'Eglise et chef de toutes les
troupes du Dieu des armées, et le déffenseur invincible des fidèles. Ce présent escript est attesté par fr. C. de Bourgogne, religieux de
Clairvaux, et fr. François Rongeot, Prieur, qui ont signé avec paraphe. Je trouve dans le même ms. de M. l'abbé Matthieu, p. 67, une pièce
qui se rattache à celle que je viens de copier: «Je Balthasar
Gobelin, Conseiller du Roy et Thrésorier Général de l'extraordinaire de ses
guerres, confesse avoir eu et receu comptant en l'abbaye 1757C de
Clairvaux, près Bar-sur-Aube, de Monsieur l'Abbé dudit lieu de Clervaux, la
somme de 3000 escus soleil, en francs d'argent de XX sols pièce, XV quarts
d'escus aussi d'argent de XV sols pièce, avec XV sols, empruntés par Monsieur le
duc de Guise, gouverneur et Lieutenant Général pour Sa Majesté ès païs de
Champagne et Brye, par luy ordonnée estre mise en mes mains pour l'employer au
fait de ma charge, mesme à partie des frays et despenses de l'armée par luy
conduite pour'le service de Sa Majesté audit pays de Champagne, pour s'opposer
aux forces étrangières qui entroient en ce royaume. De la quelle somme de . . .
. . je me tiens content et bien payé, et en ay quitté et quitte ledit Sieur Abbé
de Clervaux et tous autres. En tesmoin de quoy j'ai signé la présente de ma main
le 3e jour d'octobre 1587. Signé: Gobelin. — sur parchemin. Ibid., p. 46, ann. 1595, 15 juin. — Clemens
1757D Papa VIII. ad perpetuam rei memoriam. De omnium Christi
fidelium salute paterna charitate solliciti, coelestes indulgentiarum thesauros
quorum dispensatores in terris Divina nos Clementia instituit, in suffragium
etiam animarum quae in purgatorio detinentur libenter proferimus, prout in
Domino salubriter inspicimus expedire. Volumus itaque ecclesiam monasterii
Claraevallis Ord. Cisterciensis, Lingonensis dioecesis, quod monachorum,
conversorum, donatorum et servientium numero inter caetera ejusdem Ordinis
monasteria valde insigne et ob sanctorum corporum et aliarum sanctarum
reliquiarum, et praesertim sancti Bernardi, dicti monasterii primi Abbatis,
cujus corpus in eadem ecclesia requiescit, copiam in maximam apud omnes
veneratione habetur, speciali privilegio quo nondum insignitum existit, in
suffragium animarum fidelium defunctorum, decorare. Supplicationibus dilecti
filii Dionysii Largentier, Abbatis Tyronnelli, nobis super hoc humiliter
porrectis inclinati, 1758A de Omnipotentis Dei misericordia ac
BB. Petri et Pauli Apostolorum ejus auctoritate confisi, concedimus ut
quandocumque sacerdos aliquis ejusdem monasterii duntaxat missam defunctorum ad
altare ejusdem sancti Bernardi, in quo ipsius reliquiae sunt conditae, pro anima
cujuscumque fidelis, quae Deo in charitate conjuncta ab hac luce migraverit,
celebrabit, ipsa anima de Ecclesiae thesauro indulgentiam consequatur, ita ut
Domini Nostri Jesu Christi et ejus Genitricis B. Mariae Virginis, ac sanctorum
omnium meritis sibi suffragantibus, a purgatorio liberetur; contrariis non
obstantibus quibuscumque. Datum Romae apud sanctum Marcum, sub annulo
piscatoris, die 15 junii 1595, Pontificatus nostri anno IV. Signat. Vestrius Barbianus.L'original est aux
Archives, ajoute dom Cl. Guyton; et il y en a un exemplaire collé sur un petit
tableau attaché sur l'autel de notre Père saint Bernard. 1758B Ibid., p. 352, ann. 1607, 14 janv. — Dom
Denis Largentier, abbé de Clairvaux, en nommant un vicaire en Irlande, lui
rappelle l'amitié de S. Bernard et de S. Malachie. «Pia illa,
inter gloriosissimum Malachiam, quondam Hiberniae metropolitanum, et Beatissimum
P. Bernardum nostrum, sacrarum amicitiarum intercessio; singularis illius in
hanc Claram Vallem charitas, in qua, moriens, sacratum corpus suum, praeclarum
specialis et perpetui sui patrocinii munimentum reliquit.» Ibid., p. 213, ann. 1611, juillet. — Louis
XIII confirme les priviléges accordés par ses prédécesseurs à l'abbaye de
Clairvaux «étant ladite abbaye de fondation royale, et de tout temps, pour cette
considération et la dévotion singulière que les roys ses prédécesseurs y ont
portée, leur ayant icelle esté grandement recommandée comme dépositaire de
plusieurs corps saints, notamment celui de 1758C saint Bernard.»
— Donné à Paris au mois de juillet 1611. Ibid., p. 213, ann. 1618, 29 juillet. — On conserve dans les
archives de Clairvaux, une grande lettre que le R. P. D. Denis Largentier,
44e abbé de Clairvaux, de sainte mémoire, écrivait le 29 juillet
1618, à l'abbé de Cîteaux sur les affaires de leur Ordre; à la fin de laquelle
il lui marque: Nous aurons le bonheur et l'honneur de votre
présence à la Saint-Bernard, pour l'accomplissement de votre voue,
etc. Ibid., p. 217, ann. 1661, 2 sept. —
Dom Pierre Henry, surnommé Duchesne, 46e abbé de Clairvaux, dans une
sienne lettre en date à Clairvaux du 2 septembre 1661, adressé à dom Nicolas
Perrin, religieux profès de Clairvaux, pourvu par le Pape Alexandre VII, de la
cure de Colombey-la-Fosse, (Arrondissemt de Bar-sur-Aube, canton de
Soulaines), écrit: «Curiam de Colombeio la Fosse, 1758D cum illam regularem esse et a religiosis tam nostre predicte
domus Clarevallis quam alterius ordinis continuative sicut in presenti esse et
fuisse occupatam, illumque locum de Colombeio la Fosse, duabus leucis tantum
hinc distare noverimus, in quo BB. Pater noster Bernardus quotidianis huc usque
claruit miraculis . . . » — On sait que saint Bernard
bénit une fontaine à Colombey-la-Fosse, et communiqua à ses eaux par un miracle
la propriété de guérir diverses maladies. L'onde de cette fontaine, puisée
d'aprè ses ordres, se changea en vin, à la grande admiration deses moines et de
tous les assistants. (Vita S. Bern. a Joh. Eremita, II, 12.) Je crois que la fontaine miraculeuse existe encore aujourd'hui, et
qu'on a recours à ses vertus curatives particulièrement contre la fiévre. Ibid., p. 400, ann. 1682, 22 déc. — Nicolas de
Peiresson, doyen de Saint-Jean-Baptiste de Chaumont, écuyer, seigneur de
Chamarande, Claude de 1759A Poiresson son frère, écuyer et
seigneur dudit Chamarande, avec dame Germaine Geoffroy de Coeffy son épouse,
fondent à perpétuité dans l'église de Clairvaux, moyennant 10 livres de rente
annuelle, trois messes basses, pour reconnoître les graces particulières qu'ils
ont reçues de Dieu, par les mérites et intercession de l'immaculée Mère de Dieu,
S. Joachim, Ste Anne et S. Joseph et du B. S.
Bernard. Pendant leur vie les messes seront célébrées le 1760A jour de l'Assomption, le jour de la fête de S. Bernard, et le
jour de la S. Joseph; après leur mort, elles se célébreront en la chappelle du,
tombeau de saint Bernard, pour le repos de leurs âmes. MS. IX.
(Catalogue succinct des Abbés de Clairvaux). p. 264. — Il est fait mention d'une
lampe d'or offerte au tombeau de S. Bernard par le duc de Penthièvre. On dit que
ce prince était fort lié avec M. Rocourt. No 9. Luminaire devant l'autel de saint
Malachie et dans l'église de Clairvaux.1759 Les archives de l'Aube possèdent une charte de Robert Bruce, par
laquelle il donne à l'abbaye de Clairvaux sa terre d'Osticroft avec toutes ses
appartenances, pour entretenir un luminaire devant le tombeau de S. Malachie.
«Ad sustinendum luminare 1759B coram B.
Malachia. (Vid. Cang. Gloss., verb. Sustinere.)»
Cette charte n'est pas datée, mais un passage des statuts du chapitre-général de
l'ordre de Citeaux, peut aider à fixer, à quelques années près, l'époque de sa
rédaction. On lit dans la deuxiéme collection des définitions
du chapitre-général, distinct. 1, cap. X, de lumine ante altare in festis sanctorum accendendo: «Cum festum alicujus sancti evenerit, ad altare in
ipsius honorem consecratum, non cereos sed lampadis lumen vel candelae licebit accendere.» (Nomast.
Cisterc. Paris, 1664, in-fo:, p. 277.) En
rapprochant ce passage, d'où ressort si clairement l'esprit de pauvreté des
premiers cisterciens, d'une demande adressée en 1273 par l'abbé de Clairvaux au
Chapitre-Général,
afin qu'il lui fût permis d'avoir un luminaire devant le tombeau de S. Malachie,
on voit qu'il ne pouvait être question 1759C que d'une riche
fondation en l'honneur du saint archevêque. Il me paraît assez naturel de penser
que c'était celle de Robert Bruce, qui donnait une terre entière avec toutes ses
dépendances, pour environner le tombeau de S. Malachie de ce pompeux éclat que
nos pères se plaisaient tant à voir autour des reliques des saints. Je me crois donc suffisamment autorisé par le rapprochement de la
permission accordée en 1273 à l'abbé de Clairvaux, pour ne pas faire remonter
plus haut la date de la charte de Robert Bruce; la forme de l'écriture,
minuscule diplomatique fort régulière, annonce la fin du XIIIe
siècle. Ainsi, cette pièce serait émanée de Robert Bruce, compétiteur de Jean
Baliol, et qui eut pour mère Isabelle, fille de David, comte de Huntingdon. (Cf.
The Baronage of England by William Dugdale, Norroy King of armes. London, 1675,
in-fo, tom. I.) Voici le texte de la Charte de
fondation, écrite 1759D parchemin et bien conservée: «Sciant presentes et futuri quod Ego Robertus de Brus, Dominus Vallis
Anandi, dedi et concessi, et
hac presenti carta mea confirmavi Deo et Beate Marie ac domui Clarevallis et
monachis ibidem 1760A Deo servientibus et in perpetuum
servituris, ad sustinendum luminare coram beato Malachia,
pro salute anime mee et salute omnium antecessorum et successorum meorum, in
puram et perpetuam elemosinam, totam terram meam de Osticroft, cum 1760B rectis et antiquis suis divisis et pertinenciis, ac communibus
aysiamentis et libertatibus dicte terre pertinentibus, prout Rogerius de William
Wode et Galfridus Collan ipsam terram de me quondam tenuerunt, tenendam et
habendam totam terram predictam monachis predictis de me et heredibus meis,
libere, quiete, plenarie, integre et honorifice, sicut aliqua elemosina in toto
regno Scotie liberius et quiecius tenetur aut possidetur, in boscis et planis,
pratis et pascuis, moris et mariscis, turbariis, paunagiis, et omnibus aliis aysiamentis, que in dicta terra
inveniri potuerunt vel exerceri, absque omni consuetudine seculari, exactione et
demanda . Volo eciam et concedo pro me et heredibus meis quod
terra prefata libera sit a multura,
et quod tenentes eandem libere et sine contradictione molent in molendinis meis.
Ego vero et heredes mei predictam terram cum omnibus suis pertinenciis, ut
predictum est, prefatis monachis contra omnes homines 1760C et
feminas warantizabimus, acquietabimus , et defendemus in
perpetuum. Ut autem hec mea donacio et concessio perpetue firmitatis robur
obtineant, presens scriptum sigilli mei munimine roboravi. Hiis testibus,
Dominis David de Thorthorald, tunc Senescallus Vallis Anandi; Roberto de
Herice; Willelmo de Sancto Michaele, militibus. — Magistro Adam de Kircudbricht;
Domino Willelmo de Duncorry; Willelmo de Corri; Adam Hendeman; Ricardo Crispin;
Willelmo de Are, clerico et aliis.» — Le sceau en cire blanche, pendant à des
lemnisques de parchemin, rond, formant une calotte sphérique à l'opposé de la
surface gravée; dans le champ un cavalier armé de toutes pièces, le casque
fermé, orné d'un cimier en forme d'éventail, tenant une épéc de la main droite
et un écu de la gauche, le cheval caparaçonné et galoppant de droite à gauche. —
Légende. ESTO . . . DEO? . . . écriture majuscule gothique. Hauteur du
parchemin, 1760D neuf centimètres. Largeur, vingt-six
centimètres. J'ai réuni un certain nombre de titres relatifs au
luminaire de l'église de Clairvaux. Il sera bon, en les lisant, de se rappeler
que l'emploi des cierges était interdit par les anciennes coutumes cisterciennes
1761A sur les autels des saints; que les anciens Cisterciens ne se servaient que de
lampes dans leurs églises; et qu'aux fêtes principales seulement, lorsque les
reliques étaient mises sur le maître-autel, on y plaçait deux cierges, outre les
deux lampes fixées au mur de chaque côté. (Cf. Nomast. Cist., Usus ord. Cist.,
cap. LIII, 137; LIX, 153; LXVII, 158. — Instit. cap. Gen.; cap. LXXXII, 271; IX,
277.) Ms. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 192. — «Ego Hilduinus
Dei gratia Lingonensium Episcopus, omnibus tam presentibus quam futuris notum
facio quod Philippus miles de Chaleta dedit Deo et fratribus Clarevallis
quicquid habebat in omnibus utilitatibus apud Cunfin . . . . . idem Ph. et post
ipsum heres eius perpetuo singulis annis in festo S. Bernardi offerent ecclesie
Clarevallis cereum unum, valentem sex denarios Pruvinienses . . . . . Actum anno
ab incarnatione Domini MCC secundo.» Ibid., p. 71. — «Theobaldus comes Campanie et 1761B Brie Palatinus, omnibus in perpetuum. Audivi et miratus sum
quod, monachis Clarevallensibus missas suas peculiares et privatas
celebrantibus, luminare cereum non accendebatur sed solis accensis lampadibus
celebrabant, superque frequenter evenire periculum contingebat. Volens igitur
hoc periculum amovere, donavi eisdem fratribus Clarevallensibus in perpetuam
elemosinam pro cera emenda ad hos usus, decem et octo libras annui redditus
Pruviniensis monete percipiendas singulis annis in nundinis Barri de proventibus
nundinarum. Ipsi autem fratres mihi concesserunt in verbo veritatis quod sine
accensa candela cere de cetero non celebrabunt. Preterea donavi eisdem fratribus
ad usum unius lampadis quadraginta solidos redditus percipiendos singulis annis
in eisdem nundinis Barri; que quidem lampas ardebit semper et continue in illo
loco qui dicitur Charnerium, ubi ossa fidelium in Claravalle decedentium
requiescunt. Quod ut 1761C notum permaneat presentem feci cartam
sigilli mei munimine roborari. Actum anno ab incarnatione Domini MCCXXII, mense
Martio.» — Copiée sur une copie collationnée faite le 14 août
1664 par des notaires. Ibid., p.
199. — «Ego . . . . . Decanus Christianitatis Barri super Albam, notum facio . .
. . . quod cum in omnibus rebus mobilibus et immobilibus quas Constantius
clericus de Villari, tenebat die quo presens conditum est instrumentum, fratres
Clarevallis medietatem per omnia haberent ex donatione fratris Durandi monachi
Clarevallis, sicut ipsi Clarevallenses dicebant et ipse Constantius frater dicti
Durandi testabatur, etc . . . . reddat vero idem Constantius pro recognitione
supradictorum cereum XII denariorum singulis annis B. Bernardo in festo ipsius .
. . . . anno gratie MCCXXVII.» — On trouve aussi le titre de
cet engagement dans le cartulaire de Clairvaux (ms. no 703 de la 1761D bibliothèque publique de Troyes), sous la rubrique: Ultra-Albam, CL. compositio inter
Constantium clericum de Villari et fratres Clarevallenses. J'extrais de ce même cartulaire la pièce suivante, de l'année 1215,
où il est question d'un cierge rendu sur l'autel de S. Bernard le jour de sa
fête. Bellus-Mons,
XVI.1762A «Petrus Prior S. Petri, B.
Decanus Barri, Paganus Officialis Lingonensis et Humbertus Prepositus Barri,
omnibus Litteras presentes inspecturis salutem in Domino. Noverit universitas
vestra quod discordia vertebatur inter Abbatem et fratres Clarevallis ex una
parte, et Garnerium filium fratris Philippi de Chaleta ex altera, eo quod idem
Garnerius denegabat facere hominagium Abbati et fratribus Clarevallis de omnibus
que dictus Garnerius habebat et possidebat apud Cunfin et in toto finagio eius,
sicut pater eius fecerat dicto Abbati et fratribus Clarevallis, sicut continetur
in autentico Domni Lingonensis Episcopi. Tandem idem Garnerius in presentia
nostra constitutus, cognita veritate, amicabiliter recognovit quod dictum feodum
tenebat et possidebat ab Abbate et fratribus Clarevallis, et pro recognitione
dicti hominagii idem G. debebat reddere unum cereum VI denariorum sine dilatione
singulis annis et crastinatione aliqua in festivitate 1762B sancti Bernardi, super altare ejusdem sancti. Pro eo autem quod
denegavit hominagium supradictum facere dictis Abbati et fratribus sicut
debebat, idem G. ad arbitrium B. Decani Barri et Erardi de Porta fecit emendam
et reddidit illam Galterio et Evrardo Cellerariis Clarevallis. De aliis autem
querelis quas inter se habebant promisit idem G. super sancta jurando quod
staret iuri de cetero coram dicto Abbate et fratribus Clarevallis quocienscumque
supradictus Abbas et fratres eidem G. diem assignarent competentem, sicut domini
solent facere de feodis suis, et quicquid dictus Abbas et fratres Clarevallis
aut per se aut per aliam idoneam personam ratione previa indicaverint, salvis
cartis fratrum Clarevallensium tam de suprascriptis et querelis universis quas
dictus Abbas et fratres habent adversus dictum G., quam de querelis similiter
quas idem G. se habere intendit adversus predictos Abbatem et fratres
Clarevallis, infra terminum constitutum, videlicet 1762C ad
proximum Pascha, inviolabiliter observabit. Et sciendum quod supradictus Abbas
et fratres Clarevallis non extrahent dictum G. extra castellariam Barri quamdiu
idem G. supradictis conventionibus coram dicto Abbate et fratribus Clarevallis,
vel mandato eorum juri stare noluerit. Si vero sepedictus G. suprascripto omnia
deinceps bona fide custodire noluerit, quod absit! et ea firmiter tenere, dictus
Abbas et fratres tamdiu dictum feodum et supradicta omnia in manu sua, nemine
contradicente, tenebunt, quousque ex integro suprascriptas conventiones in curia
Abbatis et fratrum Clarevallis dictus G. emendaverit competenter. Ut autem
suprascripta omnia rata et inconcussa permaneant postulatione utriusque partis
presentem cartam fecimus et sigillorum nostrorum impressione precepimus
roborari. Actum anno gratie Mo. ducentesimo XVo.» Ibid. p. 180. — «Ego Theobaldus Campanie et
Brie comes Palatinus, notum facio universis tam 1762D presentibus
quam futuris presentes litteras inspecturis quod Ego dedi ecclesie Clerevallis
in puram et perpetuam elemosinam, pro salute anime mee, viginti libras
Pruviniensium annui redditus pro cera emenda ad faciendum luminare missarum in
dicta ecclesia Clarevallis . . . . . . . Actum anno gratie M. CC. tricesimo
primo, mense Maio.» 1763A Ibid., p. 17. — (je fais l'analyse d'après
le titre original sur parchemin conservé dans les archives de l'Aube. Frère Jehans, abbé de Clerevaux, autorise une religieuse personne de
son abbaye, mue de grant devotion . . . en l'honneur et en la
révérence de la benoite Trinité de paradis, aussi pour sa grant fiance . . . . à
ma Dame saincte Anne . . . . et aux benois martirs, c'est asavoir sainctz
Eutrope, Zozime et Bonose, desquieux li précieux corps posent honorablement en
l'église de Clairvaux à consacrer la somme de 60 francs
d'or d'ou coing d'ou roy qu'elle avait par devers elle par son industrie et bonne provéance, à l'entretien perpétuel
de jour et de nuit de la lampe 1764A placée devant l'autel de la
sainte Trinité dans le choeur des convers, et à
l'établissement de tels et semblables luminaires en cierges de cire comme nous
avons acoustumey avoir devant le grant autel ou circuite d'icelli et en la dicte
église aux festes de mon sieur sainct Malachie et de nostre glorieux père
monsieur sainct Bernart.» Ibid., p.
5. — Reconnaissance d'une donation faite aux religieux de Clairvaux depuis 16
ans environ par Jehan le Pitois, receveur des domaines et des aydes à
Bar-sur-Aube, et par Simonette la Rotie sa femme, pour faire
ardre la lampe devant N. S. et le corps de Monseigneur S. Bernard
perpétuellement. No 10. Plans de Clairvaux par dom Nicolas
Milley.1763 1763B Les plans
de Clairvaux par dom N. Milley forment trois grandes feuilles ainsi désignées:
Archicoenobii Claraevallensis ichnographia. Tabula
1a. — Archicoenobii Claraevallensis ad occidentem
prospectus. Tabula 2a. — Archicoenobii
Claraevallensis ad 1764B meridiem prospectus. Tabula
3a. — On lit sur chacune d'elles: F N. Milley
delineavit — C. Lucas D. S. sculpsit 1708. Un grand
cartouche, placé dans le haut de la troisième feuille renferme l'inscription
suivante: ILLUSTRISSIMO AC REVERENDISSIMO DOMINO D. PETRO
BOUCHU CLARAEVALLIS ABBATI: UNIVERSI ORDINIS CISTERCIENSIS PATRI PRIMARIO,
NECNON TOTIUS CLARAEVALLENSIS FILIATIONIS SUPERIORI IMMEDIA TO: ATQUE
VIGILANTISSIMO ETC. IN AETERNUM OBSERVANTIAE SUAE MONUMENTUM, TERGEMINUM DOMUS
EJUS ARCHICOENOBII DIAGRAMMA OFFEREBAT ADDICTISSIMUS RELIGIOSUS FRATER NICOLAUS
MILLEY: DE MORELIIS PROFESSUS, DE MORIS PRIOR. ANNO SALUTIS M. D. CC.
VIII. 1763C Le cartouche est orné des armoiries
de l'Abbé de Clairvaux, Dom Pierre Bouchu, de celles du comté de Champagne et de
celles de saint Bernard. Chaque plan est accompagné d'une
légende latine et d'une légende française. On verra par le marché que je vais
transcrire qu'ils furent imprimés à Clairvaux même. 1708, 17
Sept. — Nous soussignés sommes convenus de ce qui suit: C'est à sçavoir que moy
Edme Thevenart maître imprimeur en taille douce, promets et m'oblige imprimer
dans le logis de monseigneur l'abbé de Clairvaux trois planches de son abbaye:
sçavoir un plan géométral et deux veues perspectives de laditte abbaye, à raison
de huict livres par cent d'estampes, l'une portant l'autre; fourni la presse et
généralement tout ce qui sera nécessaire pour ladicte impression, à laquelle je
m'oblige de travailler par moy-même et non par autruy, sans 1763D aucune discontinuation, à commencer au premier jour d'octobre
prochain; ce que moy Dom de Montaubon ay accepté, et promets payer ladicte somme
de huict livres par cent des dictes estampes à fur d'ouvrage; fournir le papier,
un lit et une chambre pendant le cours dudit travail. Fait double entre nous ce
17 septembre 1708. F. de Montaubon — Edme Thevenart Une
quittance placée au dos du marché ci-dessus fait connaître que Thevenart reçut
372 livres pour 4,600 exemplaires des plans qu'il tira, plus 52 livres 10 sous
pour l'impression de 1575 inscriptions en français pour leur explication, à 3
livres 10 sous le cent (l'imprimeur négligea les 75 inscriptions en plus des
1,500), plus 35 sous pour papier gris ou maculatures. En tout Thevenart reçut
426 livres 5 sous, dont il donna quittance à l'abbé de Clairvaux, à Paris, le 7
mars 1709. 1764C Le 8 mars 1709 Marie Warangne
donna quittance à Paris à Dom de Montaubon de la somme de 50 livres 9 sous, 6
deniers, prix de la rognure de 4,038 exemplaires des plans de Clairvaux. — Le 14
mars 1709 quittance de la même au même, de la somme de 4 livres, prix de la
rognure de 1575 exemplaires des tables en français desdits plans. La gravure de ces tables avait coûté 35 livres, 2 sous, 6 deniers,
d'après la quittance suivante: «J'ai reçu du R. P. Montaubon,
procureur de M. l'abbé de Clairvaux la somme de 35 livres, 2 sous, 6 deniers,
pour la gravure d'une table en français pour les plans de son abbaye; dont je le
quitte, à Paris ce 19 février 1709. Berey.» — plus bas est écrit: Convenu a 1
sol par chaque mot gravé, et 1 sol pour 3 chiffres. (Ces quittances sont
conservées dans les archives de l'Aube.) Les plans de Clairvaux
sont très-habilement gravés. On trouve dans le bas de la 3e feuille
une représentation 1764D pittoresque de la grande tonne appelée
Dolium majus, qui était renommée pour salaste capacité.
Dom Joseph Meglinger en donne une description fort exacte. « . . . . In cellas vinarias descendimus, ubi inusitatae magnitudinis dolia
cernuntur. Unum praesertim supra caetera diligentem observationem merebatur. Id
cum a vino vacaret, et grande fundum januas apertas ostenderet, meam
curiositatem invitavit ut me intruderem ad explorandam interiorem fabricam. Sed
tenebrae nihil permittebant, nisi ut pedibus longitudinem experirer, quam quidem
triginta pedum ab uno fundo ad aliud inveni, altitudinem vero octodecim. Nullis
orbibus seu circulis ex betula, pro nostrorum doliorum more, vincitur; ingentes
quatuor trabes per incisas in extremitatibus juncturas colligatae stipant
repetitis sexies ordinibus longissimos quernos asseres: ubi deinde in quatuor
juncturarum angulis desinente circulo trabes hiant, 1765A cuneis
impletur vacuitas: ut sic tota illa machina inter harum arborum vincula, quasi
in equuleo laxari pro usu arctarive possit.» (Iter Cist. p.
209.) d'après dom Le Boullenger (fragm. de l'hist. de Clairvaux.
MS. IX de M. l'abbé Matthieu, p. 361), la grande cuve tenait 730 muids de
vin. Dom Le Boullenger rapporte en cet endroit le miracle de la vigne 1766A plantée in vertice montis qui proximus est
Claraevallis, par un religieux nommé Chrétien, et que les frères de saint
Bernard avaient maudite (S. Bern. Op. Joh. Eremita II, 10). «On
voyait encore, dit-il, cette vigne, il y a trente ans, on l'appelait la grande vigne» à cause du miracle par lequel le saint abbé
avait fait cesser sa stérilité. No 11. Sépultures du choeur de l'église de Clairvaux. — Guillaume
Flammeng. — Recherches ordonnées par un abbé de Clairvaux pour s'assurer des
noms des saints martyrs Eutrope, Zozime et Bonose.1765 1767A I. Capella in honorem SS.
Marci, Lucae et Johannis evangelistae. — Fuit consecrata anno M. C. LVII. II. SS. Jacobo, Philippo et Barnabae nuncupata. III.
SS. Apostolis Andreae, Simoni et Judae dicata. — Intra murum hujus sacelli, ex
parte sinistra, sub fornice lapideo jacet corpus Domini Roberti, episcopi
Lingonensis, postea Leodiensis. (Cf. Henriquez, Fasciculus SS. O. C., Dist. XLI,
IV.) IV. SS. Apostolis Petro et Paulo fuit adscripta. V. S. SALVATORIS D. N. nomine decoratur. — In hoc sacello requiescunt
quatuor beatorum exuviae. A. Ex parte
sinistra, sub arcu lapideo, intra murum tumulata, jacet B. Alix, mater S. P. N.
Bernardi, cum superposita ejusdem effigie, quam sculpi curavit Joannes de
Cabilone, Abbas Claraevallis, ann. M. D. VIII (Cf. Henriquez, Ibidem IV), ubi
legitur: «Item etiam ibidem jacet piae recordationis nobilis Domina, et Deo
devotissima Aleydis, mater Doctoris egregii et P. N. B. Bernardi, primi 1767B Claraevallis Abbatis: quae primo apud Divionem sepulturae
tradita fuit in monasterio B. Benigni; postea vero, Domino volente et nobiscum
pie agente, ad humilitatis nostrae excitandam et ampliandam devotionem,
translata est usque Claramvallem, et coram altari S. Salvatoris collocata, anno
Domini M. CC. L. XIV. Kal. April.» (Cf. Acta S. Bern. § LIX. — Gallia
Christiana, tom. IV, col. 806. — Menol. Cist., 18 oct.) B. Pone sepulchrum B. Alidis, ad dexteram, humi legitur in
lapide duas inscriptiones deferente 1o in parte lapidis anteriori,
intrantibusque idem sacellum viciniori: «Hic jacet Dominus
Eschilus Dannemarchiae episcopus, postea monachus Claraevallis.» —
2o In citeriori ejusdem lapidis parte legere est: «Hic jacet Dominus Radulphus XVs Abbas Claraevallis,
postea archiepiscopus Lugdunensis.» (Cf. Henriquez, Ibidem.) C: In ipso ingressu ejusdem capellae tabulae
marmoreae 1767C subpositum jacet corpus B. Garnerii IX
Claraevallis Abbatis, postea Lingonensis episcopi. (Cf. Henriquez,
Ibidem.) VI. Sub S. Joannis Baptistae titulo dicata. VII. SS. Stephani et Sebastiani nominibus praefulgens. VIII . . . . . IX. S. Mammetis et Desiderii sacra.
— In ea capella jacet Dominus Adam monachus Claraevallis, postea episcopus
Sorensis (écrit de la main de dom Le Boullenger). On peut lire
à la suite de la Vie de Mgr sainct Bernard, dévot chapelain de
la Vierge (Paris et Troyes, in-4o, goth.) l'épitaphe en vers de
la B. Aleth composée par Guillaume Flammeng, ancien chanoine de Langres, qui
s'était retiré à Clairvaux. (Cette épitaphe a été reproduite par le P. Chifflet,
S. Bern. gen. illustr. assert., p. 435.) Je trouve sur ce personnage une pièce fort intéressante 1767D dans le ms. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 251; en voici la copie:
1499, 22 février. — «Nos Frater Johannes (Jean de Chalon) Abbas Clarevallis,
Cist. Ord. in Dioc. Lingon. totusque ejusdem loci conventus, universis presentes
litteras inspecturis salutem in eo qui est omnium vera salus. Notum facimus quod
in nostro Capitulo ad nostre ecclesie tractanda agenda negotia, ut moris est,
specialiter congregati, et nostram considerationem dirigentes ad magnas
virtutes, gratias, praeclara merita et vitae honestissimae famam venerabilis et
scientifici viri, Magistri Guillelmi Flammeng, devotissimi praesbyteri et nuper
canonici ecclesiae Lingonensis, nunc vero curati et rectoris parrochialis
ecclesiae de Molano (Maulain, Haute-Marne) ejusdem
dioecesis, et etiam ad veram et perfectam dilectionem, devotionem et verum
amorem quem per multas experientias eum ad B. Patrem Nostrum 1768A Bernardum et ad hanc suam Clarevallensem ecclesiam certissime
habere cognoscimus, Nos, in suis virtuosis exemplis fructum sperantes plurimum,
ipsum quamdiu vixerit, aut nobiscum manere voluerit, in nostrum consortium et
societatem, nostrorumque bonorum tam spiritualium quam temporalium
participationem suscepimus, et presentium tenore suscipimus; ita quod ipse
plenarie particeps sit omnium missarum, sacrificiorum, vigiliarum, orationum,
jejuniorum, abstinentiarum, disciplinarum, caeterorumque divini cultus
suffragiorum et bonorum spiritualium quae fiunt et divina largitione in posterum
in ipso monasterio fient; et insuper sua vita comite victum nobiscum habeat,
sicut unus religiosus sacerdos in mensa Abbatis, quando et quotiens sibi
placuerit, aut in conventu si aliquando maluerit. In die vero obitus sui, cum
Dominus ipsum vocare dignabitur, fient pro eo exsequiae et servitium sicut pro
uno fratrum nostrorum 1768B religiosorum, et in eorum coemeterio
sepelietur. Ipse vero praefatus Magister Guillelmus realem effectum suae verae
ad Nos et Claramvallem dilectionis demonstrando, ne monasterio onerosus esse
videatur, in praemissorum recognitionem ducentos francos bonae et fortis monetae
Franciae et ultra manualiter Cellerario et Bursario hujus nostri monasterii
tradidit, in usu, necessitatibus et agendis nostrae ecclesiae realiter et de
facto expositis. De quorum vera et reali receptione tenemus nos pro contentis,
et de ipsa summa eumdem Magistrum Guillelmum quitamus, et apud omnes quietum
facere teneri promittimus. Et ad observationem omnium praemissorum Nos et
successores nostros, nostrumque monasterium et omnia eius bona spiritualia
obligamus, et cohertioni ecclesiastice et temporalis justiciae subjicimus. Datum
sub appensione nostrorum sigillorum, XXII die mensis Februarii, anno Domini
millesimo quadringentesimo 1768C nonagesimo nono, more Gallicano.
— On lit en marge: Pro Domino Guillelmo Flammeng, canonico Lingonensi, editore
unius vitae Patris nostri Bernardi, anno 1520, in septem libros partitae, per
Johannem Lecoq.» — Demeurant à Clairvaux, il composa l'épitaphe de la B. Dame
Aelis ou Aelet, mère de saint Bernard, et qui se voit près de son tombeau sur un
grand cadre de bois, en 14 strophes, chacune de 8 vers. Elle fut renouvelée en
1747. (Cf. Brunet, Man. du libraire. — Biograph. univ.,
éd. Michaud, Supplém., art. de M. Weiss. — M. Carnandet,
bibliothécaire de Chaumont, a annoncé la publication de la Vie
et passion de Mgr sainct Didier, martir et évesque de Lengres, faicte par
personnages, à la requeste de mes seigneurs les confrères de la confrarie dudict
saint, audict Lengres, composée par vénérable et scientifique personne,
Me Guillaume Flamang, chanoine dudict Lengres; jouée en ladicte cité
par lesdicts confrères, l' an 1482. 1768D Le ms.
in-4o, de 300 feuillets, rel. en bois, est conservé dans la
bibliothèque de Chaumont. Cent seize acteurs figurent dans la
pièce.) En 1256, un moine de Clairvaux, nommé Godefroy, chargé
de faire en Italie la visite des monastères de la Filiation, reçut ordre de son
abbé, Etienne de Lexington, de prendre toutes les informations possibles sur les
noms des SS. martyrs dont le cardinal Conrad avait donne les corps à l'église de
Clairvaux. La relation de ce religieux nous est parvenue: elle se trouve dans le
Ms. 401 (no 78, ro) de la Biblioth. publique de Troyes;
l'écriture annonce la seconde moitié du treizième siècle. — La similitude des
noms et un examen superficiel ont fait croire à Ch. de Visch (Biblioth. script. O. C) qu'il s'agissait de Geofroy, scribe
de saint Bernard, IVe abbé de Clairvaux, et que ce moine avait écrit
les Vies des SS. martyrs Eutrope, Zozime 1769A et Bonose: «scripsit et vitas SS. MM. Eutropii, Zozimae et Bonosae, quorum
corpora in Claravalle quiescunt.» Mais Geofroy (IVe abbé de
Clairvaux) devint scribe de S. Bernard en 1148, selon Casim. Oudin (de script. eccles.); il avait au moins vingt ans, par
conséquent en 1256 il eût eu 128 ans. Ce n'était plus un âge à aller visiter les
monastères éloignés. Casim. Oudin place sa mort vers 1210, environ. — D'ailleurs
Godefroy n'écrivit pas les vies des saints martyrs; il rapporta seulement
d'Italie la Passion de sainte Bonose, telle que les
Bollandistes l'ont donnée au 15 juillet, avec un prologue qui manque dans leur
collection, mais qui a paru trop peu intéressant pour être publié. Quant aux recherches de Godefroy, elles offrent une preuve curieuse
du soin que l'on mettait au moyen âge à vérifier les reliques. Elles méritent
d'être données au public, pour montrer que les moines n'étaient pas d'une
crédulité si grande et si 1769B naïve qu'on a bien voulu
gratuitement le supposer. Relation de
Godefroy.«Anno Domini Mo CCo
LVIo, cum ego frater Godefridus, humilis monachus Clarevallis,
destinatus essem ad partes Italiae, pro visitandis filiabus abbatie dicte
Clarevallis, in curia Romana aliquamdiu moram traxi, R. P. ac D. Iohanni, titul.
S. Laurentii in Lucina, presbitero cardinali, humiliter serviendo. Accedens
igitur tunc temporis ad praefatam Curiam, vir religiosus ac Deum timens, Abbas
de Rupe in Anglia mandatum michi detulit V. P. D. Stephani Abbatis Clarevallis,
super facienda inquisitione diligenti et fideli de nominibus IV Martyrum BB.
quorum corpora de civitate Portuensi, tempore Honorii Papae III, per virum
religiosum, discretum et devotum monachum Clarevallis, 1769C nonnum (pro domnum, vid. Cang. Gloss.) Renierium de Sena, capellanum et procuratorem
pie recordationis Conrardi cardinalis, tunc temporis Portuensis episcopi, ad
dictam abbatiam decenter sunt apportata, et de predicti Domini Portuensis
voluntate et mandato; quatinus in prefata abbatia Clarevallis cum debita
devotione et reverentia in Christo colerentur, et honestius revererentur. Etenim
civitas Portuensis ad tantam deducta erat exterminii desolationem, quod vix
aliquid nisi ruinae tantum modo ibidem apparebant. Speciali siquidem
praerogativa dilectionis, dictus Dominus Cardinalis dilexit Claramvallem, et
quidem in eodem monasterio abbatis gessit officium, antequam ad cardinalatus
apicem promoveretur. Quare prefatam abbatiam in Domino honorare, et ad
devotionis amplitudinem pie provocare desiderans, non solum corpora martirum
predictorum illuc transferri fecit, verum etiam proprii corporis ossa in ultima
1769D voluntate apud memoratam abbatiam deferri statuit, et
ibidem sepeliri. — Mandato igitur Abbatis mei reverenter parere volens, ad
praefatam civitatem Portuensem perrexi, viro honesto, devoto et discreto,
Suppriore S. Anastasii, michi associato, ut sepedictorum martirum nomina
diligenter ac reverenter inquirerem: prout tanti dignitas
negocii postulabat. Cumque ad ecclesiam venissemus Cathedralem, 1770A sperantes nos ibidem de dictorum SS. nominibus posse certius
edoceri, ad domum Archipresbyteri divertentes, servientem invenimus custodem
domus ipsius Archipresbiteri; a quo nil certum reportantes, de ipsius consilio,
Romam reversi fuimus; eo quod nobis expressit quod apud S. Clementem
Archipresbiterum memoratum inveniremus, qui nos de eo quod querebamus reddere
posset plenius certificatos. Quesivimus igitur et invenimus eumdem
Archipresbiterum, virum siquidem discretum, devotum et circumspectum, qui libros
quos Rome habuit, diligenter revolvens, quia secundum cordis
sui desiderium, certitudinem tunc temporis veram reperire non potuit: sicut homo timoratus ad plenum nichil voluit diffinire. Ad
multiplicem tamen precum nostrarum instantiam dictus Archipresbiter supradictam
Portuensem adiens civitatem, perscrutatis studiose libris
ecclesie cathedralis et aliis, Romam reversus, constanter et firmiter, 1770B et absque ulla hesitatione, asseruit BB. Martyres Eutropium,
Zozimam et Bonosam, in altari ecclesie B. Laurentii memorate urbis quondam
fuisse reconditos; quos, ab eodem altari, per dictum monachum Renierium de Sena
extractos, memoratus Dominus Cardinalis Conrardus transferri fecit et
transportari usque Claramvallem. «Ego tamen,
frater Godefridus, majorem adhuc certitudinem reportare desiderans, cepi
diligenter inquirere si Rome esset aliqua ecclesia in honore predictorum
martirum dedicata. Tandem intellecto quod trans Tiberim quedam ecclesia in
honore B. Bonose erat edificata, in qua predicta virgo cum magna devotione
venerabatur, gavisus sum gaudio magno valde; prefatamque
adivi ecclesiam, et sacerdotem ipsius ecclesie, hominem senem, maturum et magne
devotionis virum, de vita et passione dicte S. Virginis interrogans, responsum
accepi ab eo, quod corpus dicte S. Martiris a suprascripto 1770C monacho Clarevallis Renierio Senensi de altari dicte ecclesie B.
Laurentii sublatum extitit, tempore bone memorie Conrardi cardinalis, tunc
episcopi Portuensis, et ab eodem monacho cum aliis sanctorum corporibus martirum
Claramvallem delatum. His igitur intellectis, per plures viros discretos, autenticos et maturos, certificatos et
testificatos, dicte sacre virginis vitam et passionem michi accommodari
propensius postulavi; et faciens eam scribi, Claramvallem eam mecum apportavi.
Dictorum autem BB. MM. festivitas Idus Julii celebratur, prout in Martirologio
evidenter exprimitur. Quia vero in Romanis partibus ulterius michi morari non
licuit, de quarto martire tunc temporis ad plenum nequivi
inquirere. Creditur tamen a quibusdam quod B. existat lacinctus, cujus
natalis VIIo Kal. Aug. recolitur: sive B. Vincentius cujus festum IX
Kal. junii agitur: sicut patet in Martirologio; super quibus
1770D certa veritas inveniri poterit, si loco et tempore
diligentius inquiratur.» La Passion de sainte Bonose, précédée
d'un prologue, écrite sur un beau vélin d'Italie, est placée à la suite de la
relation. On trouve après la Passion une copie des leçons
VII, VIII, IX, tirée des Mss. de l'oratoire de Rome, contenant cette même
passion, et qui avait été envoyée à dom Guyton, en 1744 No 12. Le cardinal
Conrad.1769 I. Petite bulte du Pape Honorius III, du 6 oct.
1226, assurant à l'abbaye de Clairvaux la propriété inaliénable des reliques qui
tui avaient été données par le cardinal Conrad.1769D «Honorius Episcopus, Servus Servorum Dei, dilectis
filiis Abbati et conventui Clare Vallis Cistercien. 1770D Ordinis
salutem et apostolicam benedictionem. Retulit Nobis venerabilis frater noster C.
Episcopus Portuensis se quasdam ecclesie vestre reliquias contulisse, et rogavit
instanter ut inhibentes ne quis eas inde alienare presumat excommunicationis
sententiam proferremus in eos qui nostre inhibitioni presumpserint contraire,
quatenus qui hoc noverint a presumptione hujusmodi hoc 1771A saltem metu deterritis, ecclesia ipsa perpetua dictarum
reliquiarum veneratione letetur. Nos igitur ipsius Episcopi precibus et caritate
qua zelamur honorem ipsius ecclesie inclinati, auctoritate presentium
districtius inhibemus ne quis ab ea sepedictas reliquias donando, vendendo,
subripiendo, aut alio quolibet modo alienare presumat. Nulli ergo hominum liceat
hanc paginam nostre inhibitionis infringere vel ei ausu temerario contraire. Si
quis autem eandem inhibitionem sciens contra eam quoquomodo venire presumpserit,
excommunicationis laqueo se noverit innodatum. Datum Lateran., II Non. octob.
Pontificatus nostri anno XI.» (Archives de
l'Aube. — Parchemin — le sceau manque — fragments de lacs de soie rouge et
jaune.) II. Don de reliques et d'objets précieux fait à l'abbaye de Clairvaux
par le cardinal Conrad.1771B 1227,
août. — «Omnibus presentes litteras inspecturis Stephanus miseratione divina
Basilice XII Apostolorum presbiter et Petrus Sancti Georgii ad velum aureum
Cardinalis in uno salutari salutem. Noverit universitas vestra quod cum nobilis
vir Eginus Comes de Vrach, Dominus de Friburg, frater venerabilis Patris nostri
Domini Conradi Portuensis et sancte Rufine Episcopi, quendam lapidem preciosum
et magnum qui vocatur jaspis undique ornatum lapidibus preciosis, ex cujus parte
una est sculptum signum crucis, et ex alia parte est de ligno Domini in argento,
et inter argentum et ipsum lapidem sunt diverse reliquie et duo cimmilia aurea
ponderantia novem marcas, et textum evangelii in tabulis aureis, et missale in
tabulis argenteis, et magnum calicem argenteum, et capsam argenteam cum ligno
Domini ornatam lapidibus 1771C preciosis et ponderantem viginti
quinque marcas, predicto episcopo pro ducentis marcis sterlingorum pignori
obligarit: idem episcopus obtenta prius a Domino Papa licentia de rebus suis
libere disponendi, omnem actionem et jus quod habebat in ipsis nomine pignoris,
monasterio Clarevallis Cisterciensis Ordinis pro salute anime sue inter vivos
concessit atque dicavit. Ita tamen ut ea omnia dicto comiti fratri suo
restituere teneatur si ipse ducentas marcas bonorum sterlingorum libere
restituerit monasterio supradicto. Ne vero de hiis valeat in posterum dubitari
presentes litteras sigillorum nostrorum fecimus roborari. Actum Anagnie in
presentia nostra, mense Augusti, Pontificatus Domini Gregorii Pape noni anno
primo.» (Archives de l'Aube. — Original
sur parchemin; il ne reste qu'un fragment d'un les sceaux.) III.1772A 1228. — «Domno in XPO reverendo. Abbati Clarevall. et universo
ejusdem monasterii conventui Eginus, Comes de Vra et Dominus de Vriborc Salutem
et paratum semper in omnibus pro posse obsequium. In primis gratiarum actiones
referimus sanctitati vestre pro immensa et precipua reverentia quam Domino et
fratri nostro pie recordationis quondam Portuensi Episcopo semper dum adhuc
viveret impendere consuevistis; et nunc ad cumulum totius honorificentie ossa
defuncti de terris peregrinis per industriam vestram sunt reportata et apud vos
tumulata. Nos igitur caritatis ac fidelitatis tante zelum attendentes domui
Clarevallensi perpetuis nos obligamus obsequiis, et accepta occasione
impendemus: Ornamenta itaque ecclesiastica que apud vos sunt reposita, que et
nos memorato fratri nostro in pignore pro ducentis marcis sterlingorum quandoque
exposuimus, pro 1772B remedio anime ejusdem fratris nostri simul
et anime nostre et aliorum parentum nostrorum, procurante Donno Bertholdo fratre
nostro quondam Lucelensi Abbate, testimonio litterarum harum sigillo nostro
subarratarum monasterio vestro jure perpetuo ac proprietario tradimus
possidenda. Ut autem inter reliquum thesaurum ecclesie vestre predicta ornamenta
noscantur, accipite intersignia. Est ibi tabula argentea gemmis interstincta,
plenarium auro tectum et lapidibus preciosis insignitum, calix magnus gemmis
ornatus et sacramentis que XPS in carne gessit opere interrasili fabrefactus,
liber missalis laminis argenteis obductus, due pelves auree, rotula aurea
preciosis reliquiarum pignoribus referta et nobilibus margaritis circulata. Dat.
anno gratie M. CC. vicesimo octavo.» (Archives de l'Aube. — Original sur parchemin — le sceau
manque — lacs de soie rouge et verte.) 1772C Il
existe, dans les Archives de l'Aube, une charte originale sur parchemin, du mois
d'août 1227. Conradus miseratione divina Portuensis et sancte
Rufine Episcopus . . . . . . . . . . . . . . . . . . mense Augusti, Pontificatus
Domini Gregorii Pape noni anno primo — à laquelle pend le sceau bien
conservé du cardinal Conrad. Il est attaché à des lemnisques de parchemin. Le
cardinal, mitre en tête et revêtu de ses habits pontificaux, est assis sur un
siége à têtes de lions. Il bénit de la main droite et tient sa crosse de la main
gauche. Légende: SIGILL. CONRADI PORTVEN. ET. SCE. RVFINE. EPI. Epitaphe du cardinal Conrad.Le cardinal Conrad mourut à la croisade le 30 septembre 1227. D'après
ses ordres, son corps fut rapporté en France et enterré à Clairvaux, non loin de
saint Bernard. On lisait cette épitaphe au pied de son tombeau: HIC IACET
DOMINVS CONRADVS QVI PRIMO VILLARIENSIS DEINDE CLARAVALLENSIS, POSTEA
CISTERCIENSIS EXTITIT ABBAS ET DEMVM PORTVENSIS EPISCOPVS CARDINALIS. HIC CVM IN
TRANSMARINIS PARTIBVS MORARETUR INSTANTISSIME PRAECEPIT VT CLARAM-VALLEM VBI IAM
DVDVM SVAM ELEGERAT SEPULTVRAM OSSA SVA DEFERRENTVR ET IBIDEM SEPELIRENTVR,
OBIIT AVTEM ANNO DOMINI M. CC. XXVII. PRIDIE KAL. OCTOBRIS. (Gallia
Christ. t. IV, col. 992.) 1771D On
trouve, dans la chronique de l'abbaye de Villers en Brabant une autre épitaphe
du cardinal Conrad; elle est en vers, et il faut pour l'entendre une certaine
étude. Petit-Radel, plus versé dans la connaissance des 1772D monuments antiques que dans l'interprétation des textes du moyen
âge, en parle ainsi dans l'Histoire. littéraire de la
France, tom. XVIII, p. 13. «Nous ne la transcrivons point
ici, parce que la plupart des vers en sont barbares, inintelligibles, 1773A et que, d'ailleurs, elle ne nous parait offrir aucun interet, ni
sous le rapport historique, ni sous le rapport littéraire.» J'avoue qu'il était plus facile d'en porter ce jugement sévère que
d'en bien saisir le sens: mais j'espère que mes efforts, pour la rendre moins
inintelligible, la feront apparaître sous un jour plus favorable. Petit Radel se trompe en disant (loco cit.)
qu'elle était écrite sur la tombe du cardinal. Jeu d'esprit de
quelque moine, elle passa de la chronique de Villers (Thes. nov. anecdot.
t. III, col. 1276) dans divers recueils (Menol. Cist., 30 sept. —
Ughelli, Ital. sac., Portuenses Episcopi. — Manrique). En voici le texte restitué d'après Henriquez, Ughelli, Manrique, le
MS. 360 de la Bibliothèque Publique de Dijon, renfermant la Chronique de Villers
(fin du XVIe ou commencement du XVIIe 1773B siècle), et mes propres conjectures. Vive, vide, fida ne fide fidatur in aevo, Quo vir eas, caro quo vireas, quo pingere naevo; Spica senum, culmus juvenum, sed et indolis herba Impariter, sed par per iter sunt messis et herba. 5.
Conrardum tot in alta gradum firmasse reclusum Cerne solo, feriente celi jam pondere fusum. Iam neque net, neque aratra tenet, cum praemia
cernat; Praecipuus flos Roma tuus super aethera
vernat. Planta ducum Villare tuum descendit in
hortum: 10. Dehinc vacuum Bernarde tuum transfertur
ad ortum. Mox matris pater, immo patris pater
Ordinis esse Promeruit; demum meruit tibi Papa
coesse. Papae conradians Conrardus ei quasi
soli Luna rotunda fuit tibi testis Roma
fidelis. 1773C 15. Hispida conrasit
Conrardus corpora, barbam Ordinis, Imperii collum,
Romaeque coronam. In claustro Daniel, Noë portu
pontificatus, Imperioque Joseph, modo Benjamin in
paradiso. Anno milleno bis centeno
trinoveno 20. Luce sua Coelis manus hunc sepelit
Michaelis. J'en essaie une traduction paraphrasée;
la seule qui permette de rendre les sens multiples cachés sous ces vers
compliqués. «Toi qui vis, vois (de peur qu'on ne se fie sur le
temps avec trop d'assurance) où tu vas comine mortel, jusqu'à quand fleurit la
chair, quelle marque fatale tu portes. Le vieillard semblable à l'épi mûr, le
jeune homme pareil à la tige de blé, l'enlant que je compare à l'herbe,
paraissent bien différents entre eux, mais cependant je les vois, suivant une
voie commune, arriver comme l'herbe sous la faux du moissonneur. Ce Conrad, qui
d'un 1773D pas assuré gravit au faîte des honneurs, vois-le
enfermé dans la fosse, abattu sous le poids des coups du ciel. Ce beau lis ne
file plus, il ne dirige plus le soc, puisqu'il recueille la récompense. Rome, ta
plus belle fleur s'épanouit dans l'empyrée. La tige des ducs, ô Villers, descend
dans ton jardin; puis elle est transplantée, ô Bernard, dans ton berceau vide.
Conrad mérita bientôt d'être le père de sa mère; bien plus! il fut jugè digne
d'être le père du père de l'ordre; enfin, ô Pape, il mérita de partager ton
pouvoir. Conrad, éclairé des rayons du pape, fut pour ce soleil comme la lune
dans sa plénitude, et tu le vis, ô Rome, en refléter fidèlement l'éclat
semblable à l'arc que Dieu a placé dans le ciel. Conrad réprima l'hérésie au
corps de bête fauve; il rétablit la ferveur chez les moines, semblables à de
sages vieillards; il rendit au clergé séculier la majesté du commandement, et à
Rome l'éclat de sa couronne. Vrai Daniel dans le cloître, Noë dans le 1774A port de son pontificat, Joseph en exerçant le commandement,
maintenant il est Benjamin dans le ciel. L'an 1227 la main de Michel l'ensevelit
pour les cieux parmi les dernières pompes de sa fête. Un court
commentaire justifiera, je l'espère du moins, mon essai de traduction. Indolis au troisième vers a le sens d'enfant,
d'adolescent. — Adolescens, puer, dit Du Cange dans son
Glossaire. Le cinquième vers fait une allusion générale aux
grandes dignités dont Conrad avait été revêtu, et dont le détail se retrouvera
plus loin. Dans le sixième vers, celi
est employé comme un ïambe, tandis qu'il forme réellement un spondée coeli. Cette faute contre les règles de la quantité
s'expliquerait peut-être ici par l'orthographe du moyen âge qui écrivait celum pour coelum. Feriente celi jam pondere fusum, se rapporte
au trépas imprévu de Conrad, atteint à la croisade 1774B d'une
fièvre mortelle. L'auteur de l'épitaphe, je n'ose dire le
poëte, ayant déjà comparé au troisième vers la vieillesse à un épi mûr, la
jeunesse à une tige de blé et l'enfance à l'herbe, compare dans le septième vers
Conrad aux lis des champs dont il est dit dans l'Evangile qu'ils ne filent ni ne
labourent. (S. Matth., VI, 28. — S. Luc., XII, 27.) Dans le huitième vers s'adressant à Rome, il appelle Conrad, qui
était cardinal de la sainte Eglise Romaine et légat du Pape, sa plus belle
fleur, son plus bel ornement. Planta
ducum au neuvième vers, rappelle la noble origine de Conrad. Il était fils d'Egon ou Éginon d'Urach, comte de Furstenberg et de
Fribourgen Brisgau. Par sa mère, Agnès ou Judith, fille de Berthold IV, duc de
Zaehringen, i'l était le neveu de ce Berthold V qui fut à la veille d'être
proclamé roi des Romains, et qui le 1774C laissa en otage aux
mains de l'archevêque Adolphe de Cologne, sans payer, dit-on, sa rançon. (Cf.
Henninges, theatr. genealog. t. IV, 286. — Hist. d'Allem. de Luden, trad. fr.,
Paris, 1844, t. V, 141. — Petit-Radel, trompé sans doute par le Gallia Christiana, t. III, col. 586, confond le duché de
Zaehringen avec la Thuringe.) Dans le même vers l'auteur
s'adresse à l'abbaye de Villers en Brabant, dont Conrad était devenu abbé en
1209. (Gall. Christ., t. III, col. 586.) Dans le
dixième vers, il s'adresse à saint Bernard, et il fait entendre que Conrad
devint abbé de Clairvaux, d'où se répandit sur le monde l'éclat des vertus de
saint Bernard. Conrad monta en 1214 sur le siége abbatial de
Clairvaux, demeuré vacant la même année par la mort de Gui. (Gall.
Christ., t. IV, col. 804.) Il devint alors le père de sa
mère — matris pater — 11e vers; l'abbaye de
Villers étant de la filiation 1774D de Clairvaux. Il devint ensuite le père du Père de l'Ordre — meême vers — lorsqu'il
fut nommé Abbé de Cîteaux, en 1217. (Ibid., col. 991.) Le 12e et le 13e vers se rapportent à
l'élévation de Conrad au cardinalat par Honorius III en 1219. (Hist.
Littér., p. 8.) Il était cardinal évêque de Porto, du titre de sainte
Rufine. Les vers 13 et 14 sont imités de ce passage du psaume
LXXXVIII, 36 — «Et thronus ejus sicut sol in conspectu meo, et
sicut luna perfecta in oeternum, et testis in coelo fidelis.» Les vers 15 et 16 sont certainement de toute la pièce les plus
difficiles à entendre. Conradere n'a pas précisément le
sens que mon essai de traduction implique, mais il semble que l'auteur n'a
employé conrasit au lieu de rasit
que pour jouer sur le nom de Conrad. 1775A Ces
deux vers me paraissent indiquer les travaux auxquels Conrad devenu légat du
pape après son élévation au cardinalat, se livra en France pour réprimer
l'hérésie des Albigeois, et en Allemagne pour réformer les moeurs du clergé
(Labbe, Conc., XI, 294); le soin qu'il prit de faire fleurir la
discipline parmi les moines, et le lustre que l'éclat de ses vertus jeta sur le
sacré collége, dont il refusa de recevoir la tiare après la mort du pape
Honorius III. Mais je ne donne ici mon interprétation qu'à titre de simple
conjecture. Les quatre derniers vers ne présentent plus rien
d'embarrassant. Au 17e vers — Noe
portu pontificatus — l'auteur joue sur le nom de Porto dont Conrad était
évêque. 1775B Le vers 19 marque l'année de la
mort de Conrad arrivée en 1227. Le dernier vers rappelle que
Conrad quitta la 1776A terre pour aller au Ciel le 30 septembre,
le lendemain de la fête de S. Michel archange. (Petit-Radel marque le jour de sa
mort au 29 septembre, ce qui est contraire à tous les monuments.) Plusieurs auteurs ont confondu le cardinal Conrad, de la famille des
ducs de Zaehringen, avec un autre cardinal Conrad de Bavière, aussi moine de
Clairvaux (le Gall. Christ., t. III, col. 586, tombe dans cette erreur
qu'il a évitée au tome IV), créé cardinal en 1142 par Innocent II, et qui
mourut à Bari, au retour de la croisade. Mais, suivant ces paroles de Mgr Louis
d'Attichy dans ses Flores historiae sac. Collegii
(Lut. Par., 1660, I, 264) «ignoscendus
error, cum fuerit idem utriusque nomen, patria . . . . . . eadem dignitas
et profectio.» Le cardinal Conrad Conrad portait, d'après
Jongelinus 1776B (Purpura D. Bern. Col.
Agripp., 1644; 28), écartelé d'Urach et de Seyn, sur le tout de
Furstenberg. No 13 Note sur les prétendus embellissemeuts de l'église
et de l'abbaye de Clairvaux au XVIIIe siècle.1775 1775B «Entre plusieurs dépenses que
fit pour la décoration de son abbaye, dit l'Histoire abrégée des Abbés de Clairvaux, on remarque un
magnifique portail qu'il fit pour son église, un orgue, des autels de marbre, de
beaux grillages, des statues enrichies d'une sculpture achevée, une cour
abbatiale.» (MS. IX de M. l'abbé Matthieu, p. 342.) De 1729 à 1736 on sculpta les nouvelles stalles de l'église. Les anciennes
avaient été enlevées par son prédécesseur, 1775C Dom Pierre
Bouchu. Les Bénédictins, dans leur Voyage Littéraire,
sont loin d'approuver ce changement. Voici dans quels termes ils en parlent:
«L'église est grande, spacieuse et belle, mais simple et sans beaucoup
d'ornemens. La nef étoit autrefois remplie de trois rangs de chaires de chaque
côté, pour placer les frères convers durant l'office, et par le nombre des
chaires, on juge qu'il y avoit autrefois près de trois cens frères convers à
Clairvaux. Depuis peu d'années on les a toutes ôtées, et on s'est contenté d'en
conserver un petit nombre sous l'orgue à l'entrée de l'église, où est
aujourd'hui le choeur des frères convers. L'église en est assurément plus
dégagée, mais beaucoup de personnes croient que cette antiquité retranchée la
rendoit plus vénérable. La nef est suivie du choeur des infirmes, et celui-cy du
choeur des religieux qui n'a rien que de simple, mais c'est une simplicité qui a
quelque chose de grand.» (Voy. Littér. 1717, 1775D 1re part., p. 99.) Les Bénédictins avaient pu lire à Clairvaux cette sorte d'inscription
citée par dom Le Boullenger (MS. XV de M. l'abbé Matthieu, p. 542),
d'après un ancien commentaire manuscrit sur la règle de S. Benoît conservé dans
la bibliothèque de l'abbaye. Hic ponuntur stalla ecclesie
Clarevallis. 1776B In superiori et inferiori choro
presbyterorum Centum quadraginta quatuor stalla. In superiori et inferiori choro infirmorum sunt Triginta
tria stalla. In retro choro conversorum sunt Trecenta quinquaginta unum stalla.Et extra predictos
choros solebant esse ducenta Octoginta septem stalla.Et
sic in totali summa solebant esse octocentum Quindecim sedes seu
stalla in ecclesia Clarevallis. Je trouve dans les
Archives de l'Aube divers marchés 1776C relatifs à la décoration
de l'église de Clairvaux, que je me contente d'indiquer ici. 1736, 12 janvier. — Marché avec un fondeur de Langres pour 12
pupitres et un aigle en cuivre. — La dernière quittance est du 25 déc.
1738. 1737. — Statues de la Sainte Vierge et de saint Robert; —
Marché de deux chapelles et autels en marbre. 1738, 19 août. — Devis
et marché pour la construction en marbre du maitre-autel de l'église de
Clairvaux. Il devait être posé le 1er nov. 1739; le prix
en était de 3,050 livres. — Quittance du 5 février 1740. 1739, 22
mars. — Marché avec un serrurier de Paris pour les grilles en fer du choeur et
celles de 4 chapelles situées en face de la croisée de 1776D l'église. — Quittance du 17 nov. 1740. L'orgue mérite que je lui consacre une notice spéciale. En 1731, le 20 janvier, Dom François Fauvre, prieur de
N.-D.-des-Rosiers et procureur de l'abbaye de Clairvaux, conclut avec Jacques
Cochu, 1777A facteur d'orgues, demeurant à Châlons-sur. Marne, un
marché par lequel ce dernier s'engageait à exécuter, moyennant 1,550 livres, un
positif de 8 pieds en montre, et de 16 jeux. Montre de
8 pieds. Bourdon de 8 pieds. Prestant de 4
pieds Flûte de 4
pieds. Cornet. Nazard. Quarte de
nazard. Doublette. Tierce. Fourniture.
Cimballe. Larigot. Trompette de 8
pieds. Cromorne de 8 pieds. Clairon de 4
pieds. Voix humaine de 8 pieds. Tremblant et
tiralle. Tous les matériaux, tels que bois, étain,
plomb, cuivre, etc. devaient être fournis au facteur; on le nourrissait avec son
compagnon comme les religieux, sauf la collation qui était remplacée par le
souper. L'époque de la remise de l'ouvrage n'était pas fixée, mais on arrêtait
qu'il serait commencé au 1777B premier avril au plus tard, pour
être poursuivi sans interruption. Le 20 juillet 1732, Dom
Fauvre et Jacques Cochu concluaient un nouveau marché. Cette fois il s'agissait
du grand orgue, que Cochu promettait de rendre dans quatre ans et quelques mois,
moyennant une somme de 6,000 livres. Les conditions étaient à peu près les mêmes
que celles dont ils étaient convenus pour la facture du positif; seulement il
est parlé de 4 compagnons, et Cochu se réserve six semaines par an pour aller
vaquer à ses affaires particulières, quand besoin y sera.
Le positif n'était pas encore achevé; on devait le terminer avant d'entreprendre
la construction du grand orgue. Voici le détail du devis: 1o Faire 6 soufflets de bois de chêne de 6 pieds 4 pouces
de longueur, sur trois pieds et demi de largeur, dont les plis et tables seront
bien garnis: 1777C les rendre bien étanchez avec les chassis,
gosiers, bascules et portevents pour conduire aux sommiers. 2o Plus, faire 4 parties de sommier pour le grand clavier,
lesquels seront de bois de chêne, pour y poser les jeux ci-après détaillés; dont
lesdits sommiers seront sans emprunts, communications, et bien étanchez. 3o Plus, faire un clavier de 50 touches d'étendue, bois de
chêne, plaquées d'ébène, et les feintes plaquées d'ivoire; ledit clavier montant
jusqu'au d la ré en haut, compris l'ut dièze. 4o Faire et construire
tous les mouvements et abrégés, et les rendre bien libres. 5o Faire une montre détain polie et brunie, sonnant et
résonnant 16 pieds. 6o Faire un bourdon de 8 pieds
bouchés, savoir: 26 tuyaux d'en bas de bois de chêne, et tout ce qui suit
jusqu'en haut, tous les corps et pieds d'étoffe; 1777D ledit
bourdon sonnant 16 pieds: unisson à la montre. 7o
Faire une flûte de 8 pieds ouverts, sçavoir: 26 tuyaux d'en bas de bois de
chêne, et tout ce qui suit jusqu'en haut, tous les corps et pieds d'étoffe;
ladite flûte sonnant à l'octave de la montre. 8o
Faire un huit pieds, dont il sera pris une partie dans la montre, et le reste
sera en dedans; tous les corps d'étain sur pied d'étoffe; ledit huit pieds
sonnant à l'octave de la montre. 9o Faire un petit
bourdon de 4 pieds bouchés, dont 14 d'en bas seront de bois de chêne, et tout ce
qui suit jusqu'en haut, tous les corps et pieds d'étoffe; ledit bourdon sonnant
8 pieds. 10o Faire un cornet de 27 touches
d'étendue, commençant à la clef d'ut jusqu'en d la ré en haut; ledit cornet sera composé de 5 tuyaux sur
chaque touche, sçavoir: bourdon, flûte, nazard, quarte et 1778A tierce; lesquels tuyaux seront tous les corps et pieds
d'étoffe. 11o Faire un prestant; tous les corps
d'étain sur pieds d'étoffe; ledit prestant sonnant quatre pieds. 12o Faire une grosse tierce, tous les corps et pieds
d'étoffe; ladite tierce sonnant à la tierce du prestant. 13o Faire un nazard, tous les corps et pieds d'étoffe,
sonnant à la quinte du prestant. 14o Faire une
quarte de nazard, tous les corps et pieds d'étoffe, sonnant à l'octave du
prestant. 15o Faire une petite tierce, tous les
corps et pieds d'étoffe; ladite tierce sonnant à la tierce de la
doublette. 16o Faire une grosse fourniture de deux
tuyaux sur chaque touche, tous les corps d'étain et pieds d'étoffe. 17o Faire une petite fourniture de quatre tuyaux sur
chaque touche, tous les corps détain sur pieds 1778B d'étoffe. 18o Faire une cymbale de
quatre tuyaux sur chaque touche, tous les corps d'étain sur pieds
d'étoffe. 19o Faire une bombarde, tous les corps
d'étain, anches et languettes de cuivre, rasette de fil de fer, coins de bois,
noyaux et pieds d'étoffe; ledit jeu sonnant 16 pieds. 20oFaire une trompette, tous les corps d'étain, anches et
languettes de cuivre, rasette de fil de fer, coins de bois, noyaux et pieds
d'étoffe; ladite trompette sonnant huit pieds. 21o
Faire un cromorne, tous les corps et pointes d'étain, anches et languettes de
cuivre, rasettes de fil de fer, coins de bois, noyaux et pieds d'étoffe; ledit
cromorne sonnant 8 pieds à l'unisson de la trompette. 22o Faire un clairon, tous les corps d'étain, anches et
languettes de cuivre, rasettes de fil de fer, 1778C coins de
bois, noyaux et pieds d'étoffe; ledit clairon sonnant à l'octave de la
trompette. 23o Faire une voix humaine, tous les
corps et pointes d'étain, anches et languettes de cuivre, rasettes de fil de
fer, coins de bois, noyaux et pieds d'étoffe; ladite voix humaine sonnant huit
pieds. 24o Faire un cornet de récit de 27 touches
d'étendue, commençant à la clef de C-sol-ut jusqu'en D-la-ré en haut, composé de cinq tuyaux sur chaque touche,
sçavoir: bourdon, flûte, nazard, quarte et tierce, tous les corps et pieds
d'étoffe; le clavier sera de bois de chêne, plaqué d'ébène, et les feintes
plaquées d'ivoire. 25o Faire une trompette de récit
de 27 tuyaux sur le même clavier, tous les corps d'étain, anches et languettes
de cuivre, rasettes de fil de fer, noyaux et pieds d'étoffe. 26o (Echo composé de 8 jeux.) Faire et construire un
sommier d'écho de 39 gravures d'étendue, pour 1778D y poser les
jeux ci-après dénommés, qui sera de bois de chêne, sans emprunt ni
communications, bien étanché; construire toutes les bascules et mouvements, avec
son clavier de bois de chêne plaqué d'ébène, et les feintes plaquées d'ivoire;
ledit clavier commençant à C-sol-ut de la clef de fa, et continuer jusqu'en D-la-ré en
haut. 1o Faire un bourdon, tous les corps et pieds
d'étoffe. 2o Faire un prestant, tous les corps
d'étain sur pieds d'étoffe. 3o Faire un nazard, tous
les corps et pieds d'étoffe. 4o Faire une quarte de
nazard, tous les corps et pieds d'étoffe. 5o Faire
une doublette, tous les corps d'étain sur pieds d'étoffe. 6oFaire une fourniture de trois tuyaux sur chaque 1779A touche, tous les corps d'étain sur pieds d'étoffe. 7o Faire une cymbale de deux tuyaux sur chaque touche,
tous les corps d'étain sur pieds d'étoffe. 8o Faire
un cromorne, tous les corps et pointes d'étain, anches et languettes de cuivre,
rasette de fil de fer, coins de bois, noyaux et pieds d'étoffe. 26o Faire et construire deux parties de sommier de pédale
de 32 gravures d'étendue, qui seront de bois de chêne, sans emprunt ni
communications, avec leurs mouvements et abrégés bien libres, et le marchepied
de 32 touches d'étendue à commencer à F-ut-fa du
ravalement, jusqu'à la clef de C-sol-ut. 1o Faire une pédale de flûte de 8 pieds avec son
ravalement, laquelle sera toute de bois de chêne. 2o
Faire une pédale de flûte de 4 pieds, sçavoir: l'octave d'en bas de bois de
chêne, et tout ce qui suit jusqu'en haut, tous les corps et pieds
d'étoffe. 3o Faire une pédale de trompette, tous les
corps 1779B d'étain, anches et languettes de cuivre, rasettes de
fil de fer, coins de bois, noyaux et pieds d'étoffe. 4o Faire une pédale de clairon, tous les corps d'étain,
anches et languettes de cuivre, rasettes de fil de fer, coins bois, noyaux et
pieds d'étoffe. 27o Faire un tremblant à vent perdu;
faire un tremblant à vent lent. Pour le positif comme pour le
grand orgue, Cochu ne se chargea pas du buffet, de la menuiserie, de la
sculpture et des ouvrages en fer; j'ignore par qui et à quelles conditions ils
furent exécutés. Un maître Jean Gillot de Langres fit, moyennant 800 livres, la
balustrade de la tribune, composée de 20 balustres, pour laquelle on lui fournit
1,233 livres de cuivre. Son marché est du 3 juin 1735, et la quittance finale du
12 janvier 1736. Cette même année le grand orgue se trouvait
terminé. Dom Nicolas Similiart, religieux profès de Signy, organiste, et Bénigne
Balbastre, organiste 1779C de la cathédrale et
autres églises de la ville de Dijon, experts nommés par les religieux de
Clairvaux, passèrent quatre jours à examiner le travail de Cochu. II fut déclaré
bon et recevable le 29 mars 1736, et le 7 avril suivant le facteur donna sa
quittance finale. Clairvaux jouit de son orgue pendant
cinquantesix ans. Le 10 février 1792, l'abbaye passa entre les mains de nouveaux
maîtres. Ils devaient conserver l'orgue et ses accessoires, jusqu'à ce qu'ils
fussent enlevés par l'administration, qui se les était réservés avec plusieurs
autres objets. Des affiches apposées dans le district de
Bar-sur-Aube et dans les villes importantes des départements voisins,
annoncèrent bientôt que l'orgue de Clairvaux était à vendre, et que
l'adjudication s'en ferait à Bar-sur-Aube, le 10 septembre 1792. Cette nouvelle émut les marguilliers de la cathédrale de Troyes. Ils
exposèrent (10 août 1792) aux administrateurs du département que l'orgue de 1779D Saint-Pierre, placé mesquinement entre deux piliers du choeur,
ne répondait pas à la beauté du vaisseau; que la vente de l'orgue de Clairvaux
produirait un mince bénéfice, et que sa véritable place était à la cathédrale,
dans une tribune qui serait construite au-dessus de la porte principale. L'évêque constitutionnel, Augustin Sibille, signa la requête des
marguilliers. Le directoire du département la renvoya au directoire du district
de Troyes. Ce dernier, considérant que l'orgue de Clairvaux devait être mis au nombre des ouvrages d'art, dont la conservation
était dans les principes et les lois de l'Assemblée Nationale; que d'ailleurs la
vente annoncée ne produirait à la nation qu'une somme médiocre, consentit à
la demande des marguilliers, à la condition que la fabrique supporterait tous
les frais 1780A et il l'autorisa à vendre le vieil orgue de
Saint-Pierre pour couvrir une partie de la dépense. (18 août
1792.) Le 29 août 1792, le directoire du département
ratifia la décision du directoire du district de Troyes, et il commit le sieur
Richard, facteur d'orgues de Nancy, pour diriger les travaux de déplacement et
de reconstruction. Il décida en outre que son arrêté ne recevrait d'exécution
qu'après avoir été approuvé par le ministre de l'intérieur, auquel on en adressa
l'expédition le 14 novembre suivant. Le ministre de l'intérieur
faisait attendre sa réponse. Cependant l'acquéreur de l'abbaye de Clairvaux
réclamait l'enlèvement des objets mobiliers réservés lors de la vente, et qu'il
était tenu de conserver. Il avait, disait-il dans sa pétition au directoire du
département (6 janvier 1793), il avait rempli cette obligation
avec la plus scrupuleuse exactitude, 1780B et avec d'autant plus
de raison, que ces objets ne l'avaient que peu gêné jusqu'alors; mais il se
proposait d'établir une verrerie dans l'église du monastère, et il prévenait
l'administration que le feu, la fumée et les mouvements de nombreux ouvriers
pourraient causer un grand préjudice à l'orgue, qui se détériorait déjà. D'un
autre côté, le directoire du district de Bar-sur-Aube demandait qu'on le
débarrassât de la surveillance de cet instrument précieux, qui se dégradait
nécessairement par le défaut d'exercice et du soin qu'un organiste seul eût pu
apporter à sa conservation. (31 janvier 1793.) La réponse du
ministre n'arrivant pas, le directoire du département considéra son silence
comme une désapprobation de son arrêté du 29 août 1792, et faisant droit aux
réclamations de l'adjudicataire de C airvaux, il arrêta, le 11 février 1793, que
l'orgue serait vendu à Bar-sur-Aube, suivant la forme 1780C prescrite par la loi. De nouvelles affiches
furent apposées, fixant la vente au 12 mars suivant. Elle eut lieu ce même jour,
et l'orgue fut adjugé, moyennant la somme de 12,500 livres, au sieur Bernard
Lécuyer, entrepreneur de bâtiments, demeurant à Bar-sur-Aube, sous le
cautionnement du sieur Joachim Girardon. Le 24 mars 1793, le
ministre de l'intérieur répondit enfin qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce
que l'orgue de Clairvaux fût accordé à la commune de Troyes, à la charge par
elle de supporter les frais de placement et de déplacement. Les
citoyens Lécuyer et Girardon n'eurent pas plus tôt connu la lettre du ministre
qu'ils proposerent aux administrateurs du département de résilier purement et
simplement la vente qui leur avait été faite, en les déchargeant du payement du
prix de l'adjudication, voulant concourir, autant qu'il était en leur pouvoir,
à l'embellissement de l'église principale du département,
et à la conservation d'un 1780D monument des
arts. Après l'accomplissement de diverses formalités
administratives, le directoire du département de l'Aube accepta, le 19 juin
1793, la résiliation offerte par les adjudicataires, et
autorisa la municipalité de Troyes à faire transporter l'orgue en question de
l'église de la ci-devant abbaye de Clairvaux dans celle de St-Pierre de Troyes;
a la charge par elle d'entretenir ledit orgue, sans néanmoins que cela puisse
nuire au droit de propriété de la nation sur ledit orgue dont la municipalité de
Troyes ne pourra disposer en aucune manière sans l'approbation de la
nation. Avant la destruction de l'abbaye de Clairvaux,
Réné, fils de Jacques Cochu, avait aidé son père à perfectionner son oeuvre: il fut choisi naturellement pour amener l'orgue à
Troyes. Il le démonta, en numérota toutes les pièces, et il les déposa 1781A dans la cathédrale, sous la tour St-Paul. Les graves événements
qui se succédèrent depuis cette époque firent oublier l'orgue pendant bien des
années, et quand on se souvint de l'existence de ce bel instrument, la poussière
et l'humidité lui avaient déjà porté de graves atteintes. Le 19
brumaire an XII (11 novembre 1803), la fabrique de St-Pierre se trouva
légalement constituée. Les premières pensées des administrateurs qui la
composaient, furent pour l'orgue et pour sa restauration. L'archevêque-évêque,
le préfet, le maire promirent de seconder leurs efforts; mais les ressources
dont ils pouvaient disposer ne répondaient pas à la grandeur de l'entreprise.
Ils résolurent alors d'en appeler à la générosité du public, et, le 23 avril
1804, une souscription fut ouverte pour la restauration et
l'établissement de l'orgue de Clairvaux en l'église cathédrale de St-Pierre de
Troyes. J'ignore ce qu'elle produisit. 1781B Le 21 août 1805, la fabrique, qui avait obtenu la coupe de la
réserve de ses bois, fut autorisée à appliquer une partie de la somme qui lui en
reviendrait par la vente, à la construction d'une tribune destinée à supporter
l'orgue. On prit des arrangements provisoires avec Réné Cochu, et, grâce aux
fonds avancés par quelques marguilliers, les travaux commencèrent sous la
direction de M. Vaudé, architecte. Le devis de la tribune
montait à 34,567 francs 81 centimes. Au mois de mai 1807, les deux tiers environ de l'ouvrage
étaient achevés. Réné Cochu avait présenté son devis à la fabrique, le 2 janvier
de la même année: il s'élevait à 11,050 francs. Le 3 décembre, il s'engagea, aux
conditions fixées par lui, à réparer l'orgue, à le poser sur la tribune et à le
mettre en état d'être touché le 20 avril de l'année suivante au plus tard. Au mois de mai 1808, la tribune était terminée, 1781C et l'orgue y était rétabli dans sa beauté première. M. Nicolas
Séjean, organiste de l'église St-Sulpice, à Paris, vint examiner le travail de
Cochu. Il en rendit le compte le plus favorable. (10 juillet.) Il remarqua
particulièrement la disposition ingénieuse de la soufflerie, qui peut être mise
en mouvement par un enfant au moyen d'un seul balancier. Il estima enfin que la
fabrique devait payer à Cochu, outre la somme convenue, une somme de 500 francs
pour les
changements et augmentations en jeux de basses, de serpent de 23 tuyaux, de
clarinette et de haut-bois de 30 tuyaux
. «Dom Pierre Mayeur, dit l'Histoire abrégée des Abbés de Clairvaux (ms IX de M.
l'abbé Matthieu, p. 342), fit construire à grands frais le superbe
cloître des religieux, le refectoire, la boulangerie, les dortoirs; il employa
des sommes immenses pour décorer l'abbaye.» C'est à son règne
que se rapporte la pièce suivante: 1781D Ms. XV,
de M. l'abbé Matthieu. p. 617. — Tombeaux ouverts dans l'église de Clairvaux,
croisée du côté du septentrion et cimetière des religieux au-devant de la
chapelle de tous les saints. Il y 1782A avoit 6 pierres ou tombes
sépulcrales auxquelles répondaient 5 figures en peinture sur la muraille plus
bas, de cinq évêques; et une plus petite pierre taillée en coeur, couvrant le
coeur de Dom Tristand de Bizet, moine de Clairvaux, natif de Troyes, Abbé de
Signy, puis évêque de Xaintes, mort et enterré au collége des Bernardins, à
Paris, dont on a envoyé le coeur à Clairvaux. Ces 6 pierres surpassaient le pavé
de 4 à 5 pouces. On a changé en l'an 1751 le pavé qui étoit de carreaux de
briques en grands carreaux de pierre. Pour lors on a ôté et tiré dehors les
dites pierres sépulchrales, ce qui a donné lieu à découvrir les 5 pierres
creusées et taillées en coffres, dans les quelles on avoit mis les corps des
cinq évêques, couverts chacun d'une pierre plate de la longueur et largeur dudit
coffre. On a trouvé dans les cinq quelques ossements pourris; des lambeaux de
vêtements pourris; des crosses de bois pourries; des cuirs pourris, mais sans
1782B aucun écrit dans 4 de ces coffres ou cercueils. Pour le
cinquième qui étoit au milieu, on y a retrouvé et retiré une plaque de plomb
d'environ 8 pouces de longueur et 5 à 6 pouces de largeur, laquelle en écriture
gravée en 8 lignes dont les dernières sont un peu mangées, porte ce qui
suit: † Sexto idus novembris. pie memorie
Dns Godefridus. Eps Lingonensis hoc in loco sco fine quievit. Vbi et inunctus
fuerat. Et divinis sacramentis munitus per ministerium Dni Alani Epi
Autissiodorensis. Et ablutus in conventu per manus Eporum . . . . . et
Autissiod. Et Abbatum honorifice tumulatus. On voit par là
que Godefroi reçut l'extrême-onction et le saint viatique dans l'église. Pour le
coeur de l'évêque de Xaintes, enfermé dans un coeur de plomb tout embaumé, on
l'a laissé en terre comme il étoit; les cercueils aussi laissés comme ils
étaient et recouverts de leur pierre. Et pour les pierres 1782C qui excédaient le carrelage, on les a tirées hors de l'église:
on a mis en leur place, à fleur du pavé, des plaques de marbre noir sur
lesquelles on a gravé les noms, qualités, dignités de chaque évêque, et des
lieux de leur évêché. Le 8 septembre 1771, on exhuma les corps
de 24 Abbés de Clairvaux et les coeurs de 2 Abbés de ce monastère, placés dans
l'ancien cloître, et on les déposa solennellement après la messe de communauté,
le 11 du même mois, dans lex deux collatéraux de l'église, suivant leur
rang. On ne put exhumer le corps de S. Robert, deuxième Abbé de
Clairvaux, attendu qu'après avoir ouvert sa tombe placée sous le premier arceau
du cloître, on trouva ses ossements entièrement consommés. (Extr. du
procès-verb. d'exhumation et d'inhumation rédigé et signé par les religieux. —
Arch. de l'Aube.) Je trouve dans les
Archives de l'Aube un marché 1782D passé le 2 mai 1780, avec un
Italien pour blanchir tout l'intérieur de l'église de Clairvaux, et tirer en
carreaux toutes les voûtes, piliers et colonnes, moyennant 1500
livres. No 14.
Chapelle des comtes de Flandre.1781 1781D La chapelle dite des comtes de Flandre était située 1782D à peu de distance de l'extrémité est de l'église 1783A de Clairvaux, et orientée comme elle. La tradition du monastère
attribuait sa construction à Philippe, comte de Flandre, mort au siége d'Acre le
1er juin 1191 (Art de vérifier les
dates), et la lui faisait bâtir dans cette année même. Il m'a paru
intéressant de discuter en peu de mots ces deux points. Avant
d'adresser une requête au roi pour obtenir la permission de transférer les
ossements contenus dans cette chapelle, on chargea dom Le Boullenger, archiviste
de l'abbaye, de rechercher son origine. Le travail du religieux nous est
parvenu, et c'est ce petit mémoire que je vais examiner (Archives de l'Aube). Dom Le Boullenger
commence par avouer que les archives de Clairvaux ne lui ont fourni aucun
renseignement; et c'est au moyen des imprimés qu'il établit sa thèse. Il
s'appuie particulièrement sur l'épitaphe du comte Philippe, rapportée dans
Henriquez, sur le P. Martène, dans ses Anecdota, et sur
1783B le Journal de Trévoux (1739 août),
pour prouver que la chapelle fut bâtie par le comte Philippe, et l'année même de
sa mort. Il cite aussi victorieusement une attestation, donnée le 13 février
1544 par les moines de Clairvaux, dans laquelle on lisait: «capella constructa est per illustrissimum Philippum comitem
Flandriae.» Discutons brièvement la valeur de ces
autorités: 1o L'épitaphe
tirée du livre des sépultures porte en effet que la
chapelle avait été construite par le comte de Flandre pour lui et sa femme: « .
. . diligentia uxoris suae Mathildis translatus est
Claramvallem, ac reconditus honorifice intra hanc capellam, quam illi et sibi
paraverat.» (Henriquez, Fasciculus SS. O. C., tom. II, Dist. XLI,
VI.) Mais, pour tirer'une conclusion certaine de ce
texte, il faudrait établir l'antiquité du livre des
sépultures, tel qu'il a été publié par Henriquez; et cette antiquité est du
moins fort douteuse. Je sais 1783C que Ch. de Visch (Biblioth. script. O. C.) attribue à Geofroy, IVe
abbé de Clairvaux et scribe de S. Bernard, la composition de ce livre: «huic attribuitur liber de personis illustribus in Claravalle
sepultis, qui inscribi solet Liber sepulchrorum.» Mais c'est une simple
assertion, d'autant moins prouvée à l'égard du texte donné par Henriquez, que ce
dernier n'a cité aucun nom d'auteur. Il est presque superflu de
faire remarquer que Geofroy n'aurait composé qu'une très petite partie du Livre des Sépultures, et qu'il se serait grandement accru
après sa mort. D'ailleurs Henriquez a lui-même rectifié
l'assertion de l'épitaphe dans le Ménologe de Cîteaux, où
il écrit au 12 août, en parlant de la chapelle des comtes de Flandre: «Hanc sibi construxerat Mathildis vidua Philippi Elsatii Flandriae
comitis.» 2o Le P. Martène n'est entré dans
aucune discussion sur l'auteur de la chapelle et sur l'époque de 1783D sa construction; il a seulement publié deux chartes dont nous
ferons mention un peu plus loin. 3o Le Journal de Trévoux ayant rapporté une tradition, sans la
discuter, il ne peut être invoqué en témoignage, pas plus que l'attestation des
moines. Au reste, une erreur grave sur un point facile à
vérifier, dans laquelle tombèrent le Journal de Trévoux,
dom Le Boullenger, et sur sa foi, les religieux de Clairvaux dans leur requête,
montre qu'ils ont pu se tromper en d'autres points d'une vérification moins
aisée. Cette erreur consiste à avoir donné au comte Philippe et à Mathilde une
fille Agnès, qu'ils n'ont jamais eue. «On
voit dans la même chapelle, dit dom Le Boullenger, le tombeau d'Agnès, comtesse
de Champagne, fille du comte Philippe et de Mathilde.» La
requête au roi en dit autant, et le procès-verbal d'exhumation parle des
ossements de Philippe, 1784A de Mathilde et «d'Agnès leur fille.» Le Journal de
Trévoux avait avancé quelques années plus tôt cette incroyable assertion,
et peut-être avait il contribué à établir une créance si singulière. On eût pu cependant savoir, sans grands frais d'érudition, que le
comte Philippe était mort sans enfants, après s'être marié deux fois, et
Henriquez ne permettait pas de se tromper sur la princesse Agnès, enterrée à
côté du comte de Flandre. Voici ce qu'on trouve au livre des
Sépultures. (Fasciculus SS. O. C., tom. II, Dist. XLI,
VI.) Agnes
Comitissa.«Post tumbas D. Philippi comitis
Flandriae et Mathildis uxoris ejus, jacet in eorum capella illustrissima Domina
Agnes comitissa Campaniae.» On voit par
ce qui précède que les recherches 1784B de dom Le Boullenger
n'avaient pas été dirigées par une critique bien sévère, et que ce religieux
s'en tint à la tradition du monastère, confirmée en apparence par l'épitaphe du
livre des Sépultures. Quelques pièces,
bien connues de dom Le Boullenger, eussent dû, ce me semble, éclaircir la
question. Ce sont: 1o Une petite bulle de Clément
III, donnée à Latran, le XI des cal. de fév., la IIIe année de son
pontificat. (22 janv. 1190.) — Confirmant la concession de la sépulture dans leur église, que les moines de Clairvaux
avaient faite au comte Philippe et à Mathilde: «Nobilis viri Flandrensis comitis
et Mathildis comitisse uxoris eius postulationibus inclinati, liberam sepulturam eorum in ecclesia vestra, cum Deus ipsos
de presenti vita vocaverit, juxta concessionem quam illis, ad instantiam eorum
fecistis, eidem ecclesie apostolica auctoritate concedimus, et presentis scripti
pagina confirmamus. 1784C (Ex origin., Archives
de l'Aube.)» 2o Une charte de 1191, par
laquelle Philippe, comte de Flandre, donne à Clairvaux la chapelle portative qui
doit l'accompagner à la croisade: «Quam mecum defero in
itinere Ierosolimitano.» (Voy. cette pièce dans le Thes. nov.
anecdot., tom. I, col. 639.) — Le pape Innocent III, par une petite bulle
donnée à Rome, à Saint-Pierre, le IV avant les Ides de décembre, la
VIIe année de son pontificat (8 décembre 1204), confirma cette
donation. «Capellam, quam ad altaris obsequium
(ornamentum — vid. Cang. Gloss.) clare memorie Philippus
comes Flandrensis, vobis ultima voluntate legavit, sicut . . . . . ipsam
possidetis . . . confirmamus.» (Les originaux de cette bulle et de la charte de
donation existent aux Archives de l'Aube.) 3o Une
autre charte du même, datée de l'an 1191, par laquelle on voit que Philippe
avait donné en présent sa chapelle (il faut entendre par là tous les instruments
et non le lieu du culte) à son épouse 1784D Mathilde: «Cappellam meam . . . donavi carissime consorti mee Mathildi
Regine» (Mathilde était fille d'Alphonse, roi de Portugal; elle épousa
Philippe en 1185. — Voy. Art de vérifier les dates), et
que Mathilde, après l'avoir enrichie: «Sicut illam in multis
ampliaverat,» l'avait donnée, à son tour, à l'église de Clairvaux, où
Philippe et Mathilde avaient choisi leur sépulture, «quam et
ipsa postea, de assensu et beneplacito meo, sicut illam ampliaverat, devote
contulit ecclesie B. Dei Genitricis Marie Clarevallis, UBI EGO ET IPSA PARI
DEVOTIONE NOSTRAM ELEGIMUS SEPULTURAM.» (Thes. nov. Anecdot., tom. I, col.
639. — L'original est aux Archives de l'Aube.) Il me
semble que ces documents authentiques établissent que le comte de Flandre, avant
1191, avait choisi sa sépulture dans l'église de Clairvaux 1785A , et non dans une chapelle séparée. On voit que la princesse
Mathilde voulait être enterrée dans cette méme église; ce qui montre qu'elle
songea à construire une chapelle distincte, seulement après la mort de son
mari. Il parait évident encore que les deux donations du comte
Philippe et de Mathilde, mal interprétées, et prises dans un sens inexact,
donnerent naissance à la tradition qui leur attribuait la construction de la
chapelle de leur nom. Je dis qui leur attribuait, car il n'est pas entièrement
démontré qu'elle ait été bâtie même par la princesse Mathilde, attendu que dom
Le Boullenger avoue que le comte Philippe et sa femme n'y attachèrent jamais ni
fonds ni revenus. 1786A M. Arnaud rapporte dans
son Voyage archéologique (Troyes, 1843), p. 205, qu'il
trouva abandonné, dans une rue de Bar-sur-Aube, un fragment de tombe en beau
marbre noir, encadrée de filets et d'un mètre de large, avec cette inscription
incomplète: HIC JACET ILLVSTRISSIMA DOMINA MATHILDIS VXOR
PHILIPPI COMITIS FLANDRIAE . . . . C'etait tout ce que le
temps avait épargné alors de la nouvelle chapelle des comtes de
Flandre. No
13. Eugène III.1785 1785B Il
n'est pas sans intérêt de suivre le voyage du pape Eugène III en France, d'après
les indications fournies par ses actes. Je les relève ici sur les Regesta Pontif. Roman. de Ph. Jaffé; Berolini, 1851, in-4o. 1147.Mart. 7. 8. Secusiae. Mart. 9.
Ulciae. Mart. 26. Cluniaci. Mart. 30. 31.
Divione. Apr. 3. 4. ap. Masnile-Lamberti. Apr. 10.
Trecis. Apr. 11. in territorio Trecensi. Apr.
Proviniaci. Apr. 15. in territorio Meldensi. Apr. 20.
Parisis. Apr. 30. ap. S. Dionysium. Apr. 24, 25, 28.
Parisiis. Mai. 1, 6, 7, 11, 14, 15, 16, 17, 18, 25, 1785C 27, 28, 29, 30. Parisiis. Jun. 1, 3, 5, 7.
Parisiis. Jun. 10. 11. ap. S. Dionysium. Jun. 12, 13,
14, 17, 19, 22, 24, 26, 29. Meldis. Jul. 2.
Parisiis. Jul. 14, 15, 16, 17, 23, 28, 29, 30, 31.
Altissiodori. Aug. 3, 8, 13, 15, 22, 23, 24, 25.
Altissiodori. Sept. 6. Altissiodori. Sept. 14, 17. ap.
Cistercium Sept. 19. ap. S. Sequanum. Sept. 25.
Altissiodori. Oct. 6, 10, 11, 12. Altissiodori. Oct. 13.
ap. S. Florentinum. Oct. 24, 25, 26, 27. Catalauni. Nov.
1, 3. Catalauni. Nov. 5, 9, 11, 22. Virduni. 1785D Nov. 29. prope Treverim. Nov. 30.
Treveris. Déc. 7, 18, 20, 22, 25. Treveris. 1148.Jan. 13, 20, 27, 28, 31.
Treveris. Febr. 6, 13. Treveris. Febr. 15. ap.
Sarranium. Febr. 18. Metis. Febr. 22, 26.
Virduni. 1786B Mart. 16, 17, 21, 28, 29, 30.
Remis. Apr. 1, 3, 4, 5, 7, 8, 10, 13, 14, 18.
Remis. Apr. 20. Catalauni. Apr. 23. in territorio
Trecensi ap. Brennam. Apr. 24. 26. ap.
CLARAMVALLEM. Apr. 27. in territorio Lingonensi. Apr.
29. Lingonis. Mai. 5, 7. Bisuntii. Mai. in montanis
Jurensibus. Mai. 14, 17, 20, 27. Lausaniae. Jun. 16.
Vercellis. Ce simple tableau dérange bien un peu
l'itinéraire que les Annales Ord. S. Benedicti
(tom. VI, lib. LXXIX, p. 441) font suivre au Pape Eugène III: mais
les doctes auteurs de ce grand travail ne possédaient pas le facile moyen que
les Regesta m'ont fourni, et qu'ils pourront fournir à
d'autres, de 1786C suivre les voyages d'un pape, jour par jour,
en quelque sorte. Il parait, d'après le Voyage Littéraire (Paris, 1717, 1re
part., p. 101), que le pape Eugène III, alors qu'il n'était que simple moine à
Clairvaux, avait été chargé du soin du chauffoir. «Le
chauffoir, disent les Bénédictins, joint le réfectoire. On lit sur la porte les
vers suivants: En ce chaufoir le bon
religieux Se doit chaufer sans bruit ou en
silence, Soi démontrant de maintien
gracieux, Et mêmement tenant paix et
silence. Car; comme on dit, icy en
patience Fut chaufournier Eugène le saint
homme; Mais sa vertu et grande
sapience Tant l'exalta qu'il fut Pape de
Rome Le ms. XV de M. l'abbé Matthieu renferme
la copie d'une petite bulle du Pape Eugène III, que je 1786D crois utile de reproduire: P. 216. — «Eugenius
Episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis conventui Savigniacensi et
Abbatibus monasteriorum ad idem coenobium pertinentium, eorumque fratribus,
salutem et Apostolicam Benedictionem. Pax Ecclesie, fratrum concordia,
Religionis vigor, status monasteriorum unitatis vinculo conservantur. Hujus
rationis intuitu, dilecti filii nostri Savigniacensis et Belbacensis Abbates
1787A ad Cisterciense Capitulum venientes, tam se quam suam
universitatem per carissimum filium nostrum Bernardum Clarevallis abbatem in
unitatem Cisterciensis Congregationis et Ordinis suscipi a Nobis presentibus
humiliter postularunt. Eorum itaque religiosam devotionem in Domino commendantes
paterne charitatis debito sumus congavisi, scientes scriptum esse: frater qui adjuvatur a fratre, ambo consolabuntur. Quocirca
secundum eorum gratum Deo et laudabile desiderium, tam eos quam vos sancto illo
collegio sociantes, Apostolica auctoritate statuimus ut hec amabilis et jucunda
societas futuris temporibus inviolabiliter observetur. Prefato igitur filio
nostro Savigniacensi Abbati tanto vos propensius 1788A filialem
obedientiam secundum ejusdem Ordinis instituta exhibere precipimus, quanto
actentius pro vestra salute cognoscitur laborare. Si quis autem contra hujus
nostre confirmationis paginam scienter venire temptaverit, indignationem
Omnipotentis Dei et BB. Petri et Pauli Apostolorum ejus se noverit incursurum.
Datum apud Segnanum, XIII Kal. Octobris, 1148.» (Cf. Manrique, Ann. Cist. ann.
1148, cap. VII.) Il existe une Histoire du
pontificat d'Eugène III, par dom Jean Delannes, bibliothécaire de
Clairvaux; Nancy, 1737, 1 vol. pet. in-8o. — Ce religieux dit dans sa
préface qu'il s'appliquait depuis trois ans à une histoire de l'abbaye de
Clairvaux. No
16. Clairvaux acquis par le gouvernement.1787 D'après un décret du 16 juin 1808, le Gouvernement se rendit
acquéreur de l'ancienne abbaye de Clairvaux. La vente lui en fut faite le 27
août 1808, 1787B par M. Antoine-Pierre Rousseau, propriétaire
manufacturier, membre du collége électoral du département de l'Aube. M. Rousseau
l'avait acquise luimême du sieur Cauzon, premier acquéreur, le 2 vendémiaire an
VIII. (24 sept. 1799.) Clairvaux fut vendu au Gouvernement
moyennant la somme de 350,000 fr. Je lis les détails suivants
dans un état des bâtiments, dressé le 8 nov. 1808 par M. Gilbert, architecte des
bâtiments civils preès du ministère de l'intérieur. ART. 27. —
Eglise. «En sortant des cloîtres, on entre à l'église
au-droit de la croisée. Cette église a été transformée en halle
de verrerie; elle est disposée et forme nef et bas côtés dans sa plus grande
dimension, à prendre du portail à la croisée . . . . . En face de la nef, dans
la partie de la croix, est un rond-point avec colonnes et galerie, et sur la
gauche, au nord, une sacristie.» Un rapport du même architecte
apprend qu'en 1788A 1812 l'église était, sinon entièrement, au
moins aux trois quarts démolie. 1788B Dans la
chapelle actuelle des détenus, à Clairvaux, j'ai vu, en 1846, un bon tableau en
grisaille représentant saint Malachie en habit de moine, la mitre en tête, et
couché sur sa crosse. Des anges lui jettent des fleurs. Quelques personnes croient y trouver l'image de saint Bernard, faute
de se rappeler que le grand abbé ne porta jamais la mitre, et que, jusqu'à son
trente-troisième successeur, Etienne de Soisy, elle ne parut pas sur la tête des
abbés de Clairvaux. «Stephanus de Sossiaco, disent les Elogia de dom Antoine Saulnier, XXXIV Abbas Claraevallis,
anno Domini 1380, sacrae theologiae professor, quondam abbas de Pruliaco,
abbatizavit hic annis viginti duo. Hic fuit primus mytratus. Hic Stephanus de Sossiaco, dictus quoque
Doctor Primo Pruliacum rexit et hancque
domum; Annis bis denis qui praefuit atque
duobus. Primus mytratus extitit hic
Dominus.» (Cf. Gall. Christ. t. IV, col.
809.) No 17. Extraits des inventaires de Clairvaux relatifs à
saint Bernard et à saint Malachie.1787 A. I. INVENTAIRE DE 1504.1787C Inventarium sacristiae Claraevallis, factum die
decima quinta mensis decembris, anno Domino millesimo quingentesimo quarto
tempore Reverendi in Christo Patris et Domini, Domni Johannis quadragesimi
Abbatis Claraevallis, sacrae Theologiae professoris (Johannes de Cabilone); in
presentia Reverendi in Christo Patris, Domni Petri de Vireyo, senioris Abbatis,
et Nonnorum (pro Domnorum) Nicolai de Parisiis Prioris,
et Jacobi de Sezania sacristae ejusdem monasterii. Fo 1, Ro et Vo. Tabula magna cum
portis. Primo loco est tabula cum portis, in quarum superficie
sunt duo Angeli elevati; quae facta fuit tempore Domni Guillelmi, XII Abbatis
Clarevallis, et Nonnorum Petri et Drogonis sacristarum, ex XXXV marcis argenti,
et II marcis auri; continens 1787D plures lapides preciosas,
videlicet XVI balais, et saphiros XXXI, et alias lapides minoris pretii. In
hujus 1788C tabulae medio collocata est portio Dominicae crucis
quae missa fuit Beato Bernardo a patriarcha Jerosolymitano, sicut ipse scribit
ad ipsum patriarcham in quadam epistola
et a tempore ipsius diu sola fuit in Claravalle . . . in eadem tabula
continentur istae reliquiae . . . digiturs B: Bernardi — vacuum reperitur
vasculum digiti. Fo 2, Ro. Tabula crucis
missae Beato Bernardo ab Almarico rege Jesolymitano. Secundo
loco est tabula argentea continens IX marcas argenti et I marcam auri; quam
fieri fecit in Claravalle Hugo, quondam Abbas sancti Gilleni (S. Guislain, D. de
Cambrai), tunc autem monachus Claraevallis, tempore Nonnorum Anselmi, Petri et
Drogonis sacristarum; in cujus tabulae medio, in eminentiori parte posita est
crux, quam miraculose misit Almaricus rex Jerosolymitanus in Claramvallem, post
plurimos annos a transitu Beati Bernardi ab eodem in somnio admonitus, sicut in
tractatude 1788D eadem plenius continetur. Fo 5,
Vo. — Undecimo loco est vas quoddam quod 1789A factum
fuit tempore Nonnorum Petri et Drogonis sacristarum Claraevallis, ex III marcis
et dimidia argenti, in quo collocata est crux Dominica, quam attulit in
Claramvallem Nonnus Evrardus de Barris, quondam Magister Templi, postea monachus
Claraevallis; avunculus Domini Adam Morinensis Episcopi, postea monachi
Claraevallis. In hoc vase positus fuit dens sancti Bernardi, qui delatus est
Parisiis. Fo 8, Ro. — Sequuntur
capita. Voyez au commencement de ma lettre les paragraphes de
cet inventaire, relatifs au chef de S. Bernard, et à celui de S. Malachie. Fo 9, Ro. — On trouve cette indication: Ea quae
sequuntur fuerunt addita inventario sacristiae Claraevallis, tempore Domni Petri
de Vireyo, tunc Abbatis, et Domni Jacobi de Sezania sacriste. Fo 9, Vo. — Duo pulchrae, magnae et altae
imagines Beatae Mariae Virginis et sancti Bernardi, cum suis 1789B pedibus, diadematibus, et caeteris ornamentis, valde benefactis
et operatis et deauratis: simul ponderantes CLXXVI marcas, III uncias, VII
tresellos. Fo 10, Ro. — Imago Beati
Bernardi per se ponderat XCII marcas, VII uncias, V tresellos; sicut patet per
declarationem partium ejusdem imaginis; cujus solum corpus ponderat XXX marcas,
III uncias cum dimidia; caput vero duo brachia et diadema ponderant XXVII
marcas, III uncias cum dimidia; ecclesia et crossa sine baculo ponderant XVI
marcas, VI uncias, V tresellos; pes vero cum repositorio reliquiarum sine
cristallo ponderat XVIII marcas, II uncias; quae omnes partes simul junctae
efficiunt totale pondus XCII marcarum, VII unciarum, V tresellorum; sub cujus
pede in philacterio continentur reliquiae sequentes; videlicet: de costa Beati
Bernardi . . . de cuculla et de coopertorio Beati Bernardi, et de matta super
quam obiit. Quarum imaginum lapides tam pretiosae quam communes, valorque 1789C et pretium facturae alibi diffusius declarantur; scilicet in
declaratione per domnum Guillelmum Mole tradita, et sua propria manu
scripta. Fo 10, Vo. — Duo magni plati
sivi disci argentei, ad serviendum praelato in majori altari, in quorum medio
intra figuram solis sunt posita arma (armoiries) sancti Bernardi; qui, sine
deauratura, ponderant XV marcas, V uncias cum dimidia. Fo 11, Ro. — .Sequuntur aliae reliquiae in
diversis vasculis. Vas cristallinum eum triplici pede argenteo
et deaurato, in quo positus est pollex Beatissimi Bernardi Abbatis, coopertus
uno campanili argenteo, in cujus summitate est saphirus. Quod vas fecit fieri
Domnus Johannes de Aizanvilla; ponderis IV marcarum cum dimidia, et dimidia
uncia. — Est brachium Beati Malachiae argenteum; quod 1790A fecit fieri idem Domnus Johannes de Aizanvilla ex VII marcis et
dimidia argenti, cum lapidibus pretiosis et annulo incatenato catena
argentea. Fo 12, Ro. — Parvum scrinium
ligneum deargentatum, cujus sera est de argento, plenum reliquiis, scilicet: de
vestimentis sacerdotalibus Beati Bernardi Abbatis et superior pars crossae
ipsius. Fo 13, Ro. — Aliud vas oblongum .
. . continens multas reliquias; videlicet: . . . . de sancto Bernardo . . . .
ponderis XIII unciarum cum dimidia. Fo 15,
Ro. — Zona sancti Bernardi de serico, munita argento deaurato in suis
extremitatibus. Fo 16, Ro. — Tabulare
ligneum cum portis (volets), in quo depictae sunt imagines B. M. et BB. Bernardi
et Benedicti — datum a Domno Petro de Vireyo. Fo 17,
Ro. — Rosarium de ebore appositum imagini argenteae Beati Bernardi —
datum a Domina Catharina Ferrières uxore Domini de Dintavilla
(Dinteville). B.
INVENTAIRE DE 1640.1790B Cet inventaire
existe en original aux Archives de l'Aube. C'est un registre in-fo en
papier, couvert en peau brune; sur le plat de la couverture on lit ces mots:
«Inventaire de la sacristie de Clairvaulx faict en l'an 1640.» — Malheureusement
il est mutilé; les feuillets manquent jusqua'au Fo 6. — Au
Fo 17, Ro, on lit: † Inventaire de la sacristie de
Clairvaulx comprenant le petit reliquaire, les calices et aultres argenteries,
les ornements pontificaux, les parements d'aultels, chassubles, chappes, les
linges, tapisseries et aultres choses appartenantes à la décoration de l'Eglise;
faict le quatorziesme de may, mille six cent quarante, par l'ordonnance de
Révérend Père en Dieu, dom Claude Largentier, quarante cinquiesme Abbé dudict
Clairvaulx, en presence 1790C de dom Didier Gautherin, et de dom
Benoist Lavandier, et mis entre les mains de dom Antoine le Borgnet soubprieur
et grand sacristain, et dom Ponce Thibaron aussy sacristain. Fo 6, Ro. — En la quatriesme armaire cottée D,
est premièrement un coffre couvert de feuilles d'argent doré, lequel est
supporté de quatre pattes de cuivre; au dessoubs du couvercle il y a deux
rangées de reliques avec leurs noms qui sont gravés dessus; en la plus haulte
rangée sont ces reliques, sçavoir: . . . . . S. Malachiae
episcopi . . . . . Ce reliquiaire a estè faict du temps de dom Guido
Xe Abbé de Clairvaulx. Fo 7,
Vo. — En l'armaire cottée E, il y a un beau reliquaire d'argent doré,
comme en pyramide, où repose le chef de S. Barnabé apostre; la poignée a six
images en esmail, au-dessus de laquelle sont 1791A représentés
les mystères de l'Annonciation. Sur ces mystères il y a six chapiteaux avec six
piliers et autant de tournelles, dans lesquelles les reliques n'ont point
d'escripteau maintenant. Mais, selon un vieux mémoire trouvé dans ce mesme
reliquaire, les reliques qui sont en ces tournelles sans inscription propre,
sont . . . de coopertorio S. Bernardi. Ce reliquaire a
esté faict du temps des RR. PP. en Dieu dom Evrard, XVIIe et de dom
Guillausme II, XVIIIe Abbés de Clairvaulx. Fo 9, Vo. — En la sixiesme armaire, cottée F,
il y a une grande table d'argent doré, embellie de diverses pierres prétieuses
et bordures de perles, communément appelée la Table des
Anges, qui se ferme à deux portes, au-dessus desquelles il y a deux anges
en bosse, et au-dedans l'on voit au milieu une croix artistement élabourée,
contenant une partie de la vraye croix de Notre-Seigneur, envoyée à S. Bernard
par le patriarche de Hiérusalem. En toute la table, il y a cent et seize
cabinets tant quarrés 1791B et ronds, comme en triangle et en
forme de losanges, où il y a diverses reliques avec leurs noms qui y sont gravés
. . . Cette table a esté faicte du temps de dom Guillausme, XIIe Abbé
de Clairvaulx. En l'un des cabinets était le doigt de S. Bernard, mais il n'y
est plus maintenant. Fo 10, Vo. — En la
septiesme armaire cottée G, est premièrement une grande châsse d'argent doré,
faicte en forme de coffre, préparée pour mettre le corps de nostre glorieux père
S. Bernard. En l'un des bouts est un crucifix, et en l'autre, N. D. tenant le
petit Jésus. A l'entour sont les douze apôtres. Aux deux chapiteaux des deux
côtés de la longueur est une armoirie portant deux espées croisées avec une
barre d'or, où il y a deux hures de sanglier, et au milieu une croce, le tout
environné d'un chapeau de feuilles verdes. Le courvercle est persemé de
pierreries, et à l'un des bouts l'image de N. S. au jugement, et en l'autre la
mission du Saint-Esprit. 1791C Tout au-dessus est un petit
clocher sans cloche, sur lequel il y a un crucifix. Cette châsse a esté donnée à
Clairvaulx par Monsieur Tristand, évesque de Xainctes, et auparavant religieux
de Clairvaulx. Fo 11. Ro. — Même
armoire. Une image d'argent doré, haulte de quatre pieds ou
environ, laquelle représente nostre glorieux Père, saint Bernard. Au pied est un
chrystal enchâssé en argent, aux quatre coings duquel sont douze perles joinctes
à quatre saphyrs. Soubs ce chrystal il y a: De costa S.
Bernardi — de cuculla et coopertorio S. Bernardi — de pileo S. Bernardi — de
matta super quam obiit S. Bernardus. A l'entour du pied sont plusieurs
fenestres esmaillées, sur lequel est sainct Bernard portant l'eglise de
Clairvaulx, qui en son clocher a une clochette dedans et une croix en hault, et
tient une croce artistement élabourée et ornée de perles et de pierres. 1791D Derrière son chef est un diadème embelli de perles et de
pierres. Fo 11. Vo. — Même armoire. 1792A Une table d'argent doré, ornée de perles et de
pierreries, appelée la Table d'Almaricus (la Table
d'Amaury). Au milieu est une assé grande croix artificiellement élabourée,
contenant une portion de la vraye croix de N. S . . . . . Aux quatre coings de
la croix, il y a quatre quadres couverts de chrystals, soubs lesquels sont
diverses reliques. Au quatriesme crystal qui est en bas, il y a des reliques de S. Malachia et de S. Bernardo. La
portion du bois sacré qui est au milieu de la table a esté envoyée à Clairvaulx
par Almaricus, roy de Hiérusalem . . . . . Il y a une table de parchemin faicte
selon la forme de ce reliquiaire où est déclaré comme Almaricus envoya cette
partie de la vraye croix à l'instance de S. Bernard qui luy apparut. Fo 17. Ro. — L'an 1635, au mois de septembre,
le grand et le petit reliquiaire, à cause des troubles et dangers de la guerre,
ayans esté transportés de la sacristie, et cachés en un lieu d'asseurance jusque
au mois de mars de l'an 1640, l'humidité du 1792B lieu où ils
estoient enfermés a consommé et réduit en poussière les escripteaux de plusieurs
reliques, qui avoient chacune en particulier leur superscription; mais n'en ont
plus maintenant, ou, si elles en ont, ce sont celles-cy ou semblables: Harum reliquiarum nomina sunt in libro vitae. — Scribuntur in
libro praedestinationis. — Nos latent sed non Deum. — Ignorantur a nobis. —
Et d'autant que les vieux inventaires et certains mémoires qu'on a trouvés font
mention des reliques de quelques reliquiaires particuliers, autant qu'on a peu
cognoistre et juger probablement, et qu'on s'est peu bonnement souvenir, on a
laissé sur ces reliquiaires particuliers des petits billets contenant les noms
d'aucunes reliques qui y sont, quoy qu'elles soyent maintenant entresmeslées par
ensemble et qu'on ne les ait peu distinguer l'une de l'autre. Fo 18. Ro. — Un reliquiaire d'argent doré,
esmaillé à l'entour; le pied est faict en triangle, sur 1792C lequel trois bandes soustiennent le chrystal où est le poulce de
nostre glorieux père, saint Bernard, premier Abbé de Clairvaulx. La couverture
est en forme de pyramide, et au-dessus il y a un boutun d'argent doré. Ce
reliquaire a esté faict par l'ordonnance du R. P. en Dieu dom Jean d'Aizanville,
XXXe Abbé de Clairvaulx. Fo 18.
Ro. — Un bras d'argent où est un os du bras de saint Malachie,
archevesque et primat de toute l'Hibernie; au bas et auprès de la main est une
bordure de pierreries et d'images d'argent esmaillé. En deux doigts de la main
il y a deux anneaux, dont le plus petit n'est que d'airain et a une pierre au
milieu; le plus grand est d'argent et a trois pierres. Au dos de la main est la
Vierge en argent esmaillé. Fo 18. Vo. —
Un reliquiaire d'argent doré, faict en forme de chapelle, lequel a un crucifix
en hault, se démonte au pied et s'ouvre au milieu, où il y a 1792D un rond couvert d'un vitre de part et d'aultre, soubs lequel il
y a: De pulvere capitis B. Bernardi. — De cuculla S.
Bernardi. 1793A Fo 19.
Vo. — Un reliquiaire en façon de gobelet, faict d'une grosse noix,
tenue de trois bandes d'argent. Sur le pied, qui est d'argent doré, est escript:
Guido, et sur la poignée qui est en esmail: Ego sitio. La couverture de verre a un cercle d'argent doré;
il y a ycellui: De pulvere capitis B. Malachiae primatis
Hiberniae. Fo 19. Vo. — un coffret
de chrystal, soutenu de quatre pieds, faicts en façon de roses, desquelles trois
sont d'argent et l'aultre n'est que d'airain. Aux deux bouts il y a des roses
gravées, et audedans il y a: De pulvere mattae super quam
obiit B. Bernardus. Fo 20. Ro. — Un
reliquiaire d'argent, en forme de tour. En la poignée sont six roses en esmail,
et en hault une petite croix, et six fenestres tenues de six bandes d'argent
doré. Au dedans, il y a: De pulvere capitis B. Malachiae
archiepiscopi et primatis totius Hiberniae. 1793B Fo 20. Ro. — Un petit reliquaire d'argent
doré; la boîte s'ouvre des deux costés, en l'un desquels est N. S. portant sa
croix, et en l'autre un Agnus Dei. Il y a dedans: De pulvere capitis S. Bernardi primi Clarevallis abbatis. Il
a esté faict par l'ordonance de R. P. en Dieu dom Claude Largentier,
XLVe Abbé de Clairvaulx. Fo 26.
Ro. — Argenterie. Deux petits chandeliers d'argent,
lesquels sont dorés en plusieurs endroits. Les pieds sont ronds, et en la pomme
d'iceux est un escusson my-parti, au milieu duquel sont les armes de sainct
Bernard; et, d'un costé, il y a trois estoilles, une cicoigne et un lion, et de
l'autre costé sont les mesmes armes. Fo 30.
Vo. — Ornements pontificaux. Deux croces. — La
première est d'argent doré, laquelle se démonte en quatre pièces. La pièce d'en
bas est, sans façon, ferrée au bout d'une pointe de fer à pand. La seconde et
troiziesme 1793C pièces sont parsemées de fleurs de lis. La
quatriesme contient les douze apostres, et l'arbre de Jessé avec plusieurs
feuillages à l'entour. Au mitant (milieu) du dessus de la croce est la Vierge
donnant du laict à saint Bernard. Cette croce se met dans un estuis de cuir, qui
est divisé en deux. Le mouchoir qui en dépend a en hault un bouton d'orfèvrie,
et, au-dessoubs, est un fond de satin rouge, avec des branches d'or et semences
de perles où, d'un costé, N. D. tenant son fils, en broderie d'or, et de l'autre
costé est sainct Bernard, à demy-corps, tenant d'une main l'église de
Clairvaulx, et de l'autre une croce. Le mouchoir a plusieurs bouquets de
broderie de soye, et au bas une frangette de soye blanche et ysabelle. La seconde croçe est d'argent blan . . . . . Le mouchoir a au hault
une pointe de drap d'or, où est saint Jean l'Evangéliste, saint Bernard et deux
autres religieux. 1793D Fo 58.
Ro. — Chappes rouges. Une chappe de drap d'or fin
façonné de velours rouge; l'orphroy en broderie d'or et
de soye a S. Bernard tenant l'éeglise de Clairvaulx, S. Robert, S. Benoist, S.
Malachie . . . . . Sur le chapperon est un Monstra te esse
matrem. Fo 58. Ro. — Deux chappes de
damas rouge parsemé de bouquets tant d'or fin que de soye verde et isabelle,
avec des rosettes d'or . . . . . L'orphroy de l'une a six tableaux de broderie
représentans divers miracles de S. Bernard. Sur le chapperon est le trépas de S.
Bernard. Fo 62. Ro. — Panneaux et rideaux
servants au grand autel. Deux rideaux de damas blan où sont les
armes de S. Bernard. Le bas est orné d'une frange d'or fin et de soye rouge, et,
tout à l'entour, il y a un passement d'or fin large d'un demy-doigt. 1794A Fo 63. Ro. — Trois
panneaux faicts en quarreaux de drap d'or et de damas rouge à fleurs d'or et de
soye, tout à l'entour est une bande de velours violet; la frange est de soye
rouge. Ces panneaux servent au dossier, aultrement au ciel de damas caphart
jaulne et blan, qui se met sur le tombeau de nostre glorieux Père saint Bernard,
ès-jours solennels. Fo 63. Vo. — Deux
rideaux de damas rouge, l un desquels porte les armes de sainct Bernard. La
frange au bas est de soye verde. Fo 64.
Vo. — Panneaux et rideaux violets pour le grand-autel. Deux rideaux de damas violet; chacun desquels a un escusson des armes
de sainct Bernard. Fo 69. Vo. — Parements
de la crédence. — Parements blancs. Un mystérion, autrement
parement blan de la crédence, qui est de satin parsenté de fleurettes; au 1794B milieu sont les armes de sainct Bernard; la frontière est faicte
par quarreaux de satin jaulne, bleu, blan et rouge, avec une frange de soye de
diverses couleurs. Au bas est aussy une frange de soye de plusieurs
couleurs. Fo 70. Ro. — Parements verds de
la crédence. Un mystérion de satin verd de Bourges, ayant au
milieu deux anges tenant un calice, sur lequel est une hostie; et aux costés,
les armes de sainct Bernard. Fo 74. Ro. —
Couvertures de diverses couleurs sur les piscines du maître-autel. Une piscine de satin jaulne; au milieu est N. S. embrassant sa croix,
et sainct Bernard à ses pieds, avec cet escripteau: Miserere
mei Deus. Fo 74. Vo. — Couvertures
des piscines des petits autels. — Couvertures blanches. Une
piscine de toile blanche avec plusieurs escriptures de soye rouge, entre
lesquelles il y a des 1794C barres faictes en tapisserie de soye
verde. Au bas, sont deux escussons, l'un de sainct Bernard, l'autre portant un
lion noir en champ d'or; au bas est une frange de soye rouge. Fo 76. Vo. — Corporaliers et volets
rouges. Un corporalier de velours rouge, où N. D. donne du
laict à sainct Bernard, en broderie d'or fin. Aux bords est escript: Beatus Bernardus quasi vas auri solidum. Fo 78. Vo. Corporaliers et volets de diverses
couleurs. Deux corporaliers de velours bleu à ramages. En l'un
est une croix de broderie parsemée de perles; en l'autre est un sainct Bernard
de papier, en un rond de vieille broderie usée. Fo
79. Coussins blancs. Deux coussins de lacis de filet blanc. En
l'un est N. D. dans un soleil, et en l'autre saint Bernard à genouil. 1794D Fo 80. Vo. Coussins de
diverses couleurs. Trois coussins en tapisserie de Turquie, où
sont les armes de saint Bernard. Fo 81.
Vo. — Parures diverses pour orner plusieurs lieux de l'Eglise. Une petite châsse de cuivre doré, fermante à deux ventillons: au
dessus, l'on voit quatre ronds; l'un devant, l'autre en derrier, et les deux
aultres aux deux costés. Celui qui est au-devant est couvert d'un petit
chrystal, souls lequel sont les reliques . . . . . S.
Malachiae . . . . . Tout au hault se met une pyramide qui a une croix, sur
laquelle est un crucifix en bosse. Fo 82.
Ro. Un parement pour orner les piliers de la pyramide qui est sur la
porte du choeur, entre le siége de l'abbé et du prieur, où est la Vierge tenant
son Fils. Ce parement est de velours violet; au bas duquel de part et d'aultre
est l'arbre de Jessé, 1795A en broderie d'or et de soye; et en
hault est N. S. embrassant S. Bernard. Au haut de l'arbre de Jessé est un
chapperon en broderie d'or fin, dans lequel Dieu le Père est représenté portant
son Fils entre ses bras; au-dessus est le Saint-Esprit, et a costé deux
anges. Fo 82. Vo. — Un devant de
corporallier de satin blan, où la Vierge donne du laict à sainct Bernard; et au
hault, le Sainct-Esprit est dans une nue; le tout en broderie d'or et de
soye. Fo 82. Vo. 83. Ro. — Le
poil, autrement le drap mortuaire de velours noir; ayant une croix qui va tout
du long, faite de quarreaux de tapisserie, avec des noeuds d'amour et des ronds
de taillure de satin blan. Au milieu il y a une teste de mort de satin,
environnée de larmes d'argent et de quatre flammes de clinquant d'or; s'y voyent
aussi quatre escussons: deux de saint Bernard, entourés d'un chappelet de
taillure de satin blan, et les deux aultres 1795B portant les
armoiries, tant de sainct Bernard et de Clairvaux, comme celles de R. P. en
Dieu, dom Claude Largentier, XLVe abbé de Clairvaux, lequel a fait
faire ce poil. Fo 83. Vo.
Tapisserie. Une grande pièce de tapisserie, où est N. S. priant
au Jardin, ayant aux deux bouts S. Jean et S. Bernard. Fo 84. Ro. — Une petite pièce de tapisserie, en
forme de tapis, au hault de laquelle sont les armes de S. Bernard; au milieu un
ange, et au bas l'aigle de S. Jean. Item. Une petite pièce de tapisserie, en forme de tapis; au
hault sont les armes de S. Bernard, dans un rond, et au bas est S. Paul, dans un
autre rond. Item. Un petit parement de
tapisserie servant au dais du tombeau de nostre glorieux Père S. Bernard, où est
N. D. donnant du laict à S. Bernard; 1795C avec une armoirie qui
a un chevron rompu jaulne. en champ d'azur. Au-dessus est escript: Sicut myrrha. On conserve dans les archives
de l'Aube une copie du marché de la châsse destinée par l'évèque de Saintes à
renferme le corps de saint Bernard, et dont il est question dans l'inventaire de
1640, fo 10, Vo. Cette copie est de la
fin du seizième siècle ou du commencement du dix-septième; on en lira avec
intérêt la reproduction. «1577, 27 juillet. — Fut présent en sa
personne Révérend Père en Dieu, messire Tristan de Bizet, Évesque de Xainctes et
abbé commendataire de l'abbaye Sainct-Nicolas-au-Boys, diocèse de Laon, disant
que dès son jeune aage il auroit été mys religieulx au convent et monastaire
Nostre-Dame de Clervault, ordre de Cisteaulx, receu profex en icelluy et tant
coustumé aux estudes, que par le moyen 1795D d'icelles et par la
grace de Dieu, il auroit et a esté pourveu en grandes dignitez et offices, et à
raison de ce possédé, comme il fait encores, de grands biens et possessions en
l'Église. Ne voullant le dict sieur estre ingrat envers la dicte Église et
convent, mais voullant aucunement icelle rémunérer et récompenser des biens
spirituels et temporels qu'il en a receuz, il auroit dès longs temps eu, comme
il a encores de présent, voulloir et intention de faire faire en l'honneur et
gloire de Dieu Nostre Père, Saulveur et Rédempteur Jésus Christ, Père, Filz et
Sainct Esprit, de la Très Sacrée Vierge Marye, Monsieur Sainct Bernard, une
châsse d'argent, pour en icelle mectre et reposer les sacrez ossemens dudict
sainct Bernard, estans en ladicte église Nostre-Dame de Clervault; à la charge
de mectre et assocyer par les religieulx, abbé et convent dudict Clervault le
dict sieur Révérend aux prières et oroisons qui se dient journellement en
ladicte église et convent, et aussy de mectre et inscripre 1796A au Martiroge et livre des bienfaicts d'icelle leur dicte eglise
(le nécrologe) le contenu en ces présentes, affin de
perpétuelle mémoire. «Pour faire laquelle châsse, auroit ledict
sieur Révérend faict venir par devers luy honorable homme Jacques Beguyn et
Jehan Jolly, maistres orfèbvres à Paris, y demeurans: assavoir, ledict Beguyn,
rue des Lavandières, et le dict Jolly, rue de la Vannerie; ausquelz il auroit
dict son dict voulloir et intencion, et demandé s'ilz voulloient entreprendre à
faire ladicte châsse, selon le portraict qu'il leur monstreroit: à quoy lesdictz
Beguyn et Jolly se seroient consentiz et accordez. «Partant
icelles partyes, de leur bon gré et bonne volonté, sans contraincte aucune, si
comme elles disoient, recogneurent et confessèrent avoir faict, feisrent et font
entre eulx et de bonne foy, les marché, promesses et obligations qui ensuyvent:
C'est assavoir: lesdictz Beguyn et Jolly avoir 1796B promis et
promectent, et de faict se sont obligez et obligent l'un pour l'autre, et chacun
d'eulx seuls et pour le tout, sans division ne discution, renonceans aux
béneffices de division, ordre de droict et de discution, à et envers ledict
sieur Révérend, ce acceptant, de faire et parfaire bien et deument, au dict
d'ouvriers et gens en ce congnoissans, ladicte châsse d'argent, de trois piedz
et demy ou environ de longueur, de trois piedz de haulteur, comprins les harpies
de dessoubz, et de 20 poulces de largeur; poisante huict vingtz marcs ou
environ, qui sera enrichie des ymages des douze Appostres à l'entour, de l'image
Nostre-Dame tenant son enffant, assize sur le bout de devant de la dicte châsse;
de l'image sainct Bernard, et de la portraicture d'un priant à genoulx, en habit
de religieulx dudict ordre de Cisteaulx; et y mectre et assocyer les pierreries
qui leur seront baillées; et faire tous autres enrichissemens: le tout suyvant
1796C le portraict de ce faict qui a esté paraphé par lesdicts
notaires soubz-signez, ne varietur, et duquel en a esté
baillé autant ausdictz Beguyn et Jolly. «Et pour ce faire sera
tenu et promect ledict s'eur Révérend Évesque fournir l'argent qu'il conviendra
pour ce faire: duquel ilz ont présentement receu dudit sieur Réveérend cent neuf
marcs, trois onces, trois gros, pour commancer ladite châsse. Et à faire ladicte châsse telle et ainsy que dessus seront tenuz
lesditz Beguyn et Jolly commancer dedans huict jours, prochainement venant, et
icelle rendre faicte et parfaicte, bien et deument comme dict est, dedans le
premier jour de mars aussy prochainement venant, ou cas qu'ilz ne chomment
d'argent pour mectre en oeuvre à icelle. Ceste promesse faicte moyennant et au
pris de ce que ladicte châsse sera prisée et estimée pour ladite façon au dict
de gens en ce congnoissans, desquelz les dictes partyes conviendront
respectivement d'une part et 1796D d'autre, incontinent ladicte
besongne faicte: lequel pris ledit sieur Révérend promect et gage et s'oblige
bailler et payer ausdictz Beguyn et Jolly, ou au porteur: assavoir deux cens
escuz d'or soleil dedans d'huy en quinze jours prochainement venant, et le reste
au feur et ainsy qu'ils besoingneront à faire ladicte châsse; car ainsy a esté
expressément dict, convenu et accordé entre lesdites partyes, promectans et
obligeans chacun en droict soy les ditcz Beguyn et Jolly, l'un pour l'autre et
chacun d'eulx seul et pour le tout, sans division ne de discution, renonceans
comme dessus. Faict et passé double l'an mil cinq cens soixante dix sept, le
samedi vingt septiesme jour de juillet.» J'ajoute ici l'extrait
d'un titre conservé aussi dans les archives de l'Aube. 1578, 17
nov. — Acte passé par D. Lupin Le Myre, Abbé de Clairvaux, au profit d'un
certain Me Hardouyn Manchen, demeurant à Paris. On y lit: « . . . . .
. . . . Pour mieulx . . . . . . . desgager nostre 1797A conscience de la promesse que nous . . . avons . . . . faicte à
Messire Tristand de Bizet, naguèrs évesques de Xainctes, et de présent Abbé de
S. Nicollasau-Boys . . . . . . premièrement quant il nous a promys et donné la
châsse qu'il faict à présent achever pour mettre les reliques de Monsieur S.
Bernard; et secondement quant il nous a donné et à nostre maison une chapelle de
drap d'or toute complecte . . . . . » — Copie sur papier. — Collationnée en 1594. Chef d'un martyr de la légion thébaine donné à
l'abbaye de Clairvaux.1260, 2 mai. — «Universis
presentes litteras inspecturis Domina Agnas Comitissa de Castris salutem et
testimonium perhibere veritati. Universitati vestre tenore presentium dignum
duximus intimandum quod Nos in Treverensi civitate constitute dedimus venerabili
Patri Domno Johanni Abbati Clarevall. (XXe abbé de
Clairvaux), ob reverentiam et 1797B devotionem quam habemus
ad ipsum et ad Ordinem, unum caput de legione Thebeorum, quod nobis dedit Abbas
sancti Martini Treverensis. In cuius rei testimonium presentem litteram eidem
dedimus patentem sigilli nostri munimine roboratam. Datum ann. Dom.
Mo.CCo.LXo. in crastino invent. S.
Crucis.» — (Archives de l'Aube.) —
Original sur parchem. — scellé sur simple queue. — le sceau manque.) Altaria Basilice Clarevallensis.Feuille volante, écriture du XVIe siècle. (Archives de
l'Aube.) Altare S. Anne, matris B. M.
V. Altare SS. Benedicti et Roberti, CC., et Remigii
episcopi. Altare SS. MM. Georgii, Mauricii, cum sociis suis; et
Arsenii, C. Altare B. Archangeli Michaelis, et omnium BB.
Spirituum. Altare BB. Johannis et Mathei, Marci et Luce,
Evangelistarum. 1797C Altare SS. Apostolorum
Philippi, Jacobi, Mathie et Barnabe. Altare SS. Apostolorum Andree
et Thome, Simonis et Jude. Altare SS. Apostolorum Petri et Pauli,
Jacobi, Zebedei et Bartholomei. Altare N. S. J. C. et ejus
Genitricis. 1798A Altare S. Johannis Baptiste et
precursoris Domini. Altare SS. Stephani, Fabiani et Sebastiani, et
Ignatii M. M. Altare SS. MM. Laurentii, Vincentii et Clementis
pape. Altare SS. MM. Desiderii episcopi, Mammetis, Dionisii,
Mauricii. Altare Omnium SS. Altare SS. Martini et
Juliani CC. Altare capelle de Larrey, dedicatum in honorem B. M. V.
et apostolorum Petri et Pauli. Altare SS. VV. Margarete,
Felicitatis, necnon Mari Magdalene et Marie Egiptiace. Altare SS.
IVor Ecclesie Doctorum. Altare SS. CC. Eligii
episcopi Noviomensis, Ludovici regis Francie, et Yvonis. Altare S.
Dionisii cum sociis suis. Altare S. Thome episcopi et martyris, et
Martialis episcopi. 1798B Altare SS. Edmundi,
Guillermi, Macuti et Johannis Chrisostomi episcoporum. Altare SS.
CC. Anthonii, Pauli, Fiacrii et omnium BB. Heremitarum. Altare
sacelli de Aizanvilla, consecratum in honorem B. M. et BB. Bernardi et
Malachie. Altare BB. Nicolai Mirre, Petri Tharantasie episcoporum,
et Catherine V. et M. Altare S. Crucis. Altare S.
Trinitatis et B. D. Genitricis. Altare SS. Innocentium M.
M. Altare SS. VV. Agathe, Lucie, Prisce et
Anastasie. Altare SS. VV. Agnetis M., Petronille et
Scholastice. Altare majus Ecclesie. Altare B.
Bernardi. Altare B. Malachie. Altare SS. MM. Eutropii,
Zozime et Bonoze. Altare S. J. B. in capella
Flandrie. Altare S. Panthaleonis M. 1798C Altare S. Audomari episcopi. On
conserve dans les Archives de l'Aube l'inventaire des ornements de la chapelle
des MM. S. Didier et S. Mammès, fait le 29 nov. 1651, par fr. Claude Jacquinet,
religieux de Clairvaux. — Idem de la chapelle S. André,
18 avril 1656 et 15 avril 1669. — Idem de la chapelle des
SS. Innocents, 1656. — Idem de la chapelle S. Claude,
1656. 1797 Divion. scribebam XI Kal. Apr. M.
DCCC. LV.
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