1817 NOTES PRÉLIMINAIRES.Le plan du travail qui
précède, le cadre étroit et les conditions inévitables d'un article de Revue, ne nous ont pas permis de déduire méthodiquement et
selon l'ordre chronologique les documents que nous avions à citer et à publier.
Sans refondre ce qui est fait, ni revenir sur nos pas, nous devons pourtant
orienter nos lecteurs, quant aux pièces qui vont suivre, et en établir
l'enchaînement historique et corrélatif. Dès le XIe
siècle, nous retrouvons la statue miraculeuse de Notre-Dame d'Afflighem à
l'origine même de l'abbaye (no II, col. 1823). Nous
fixons cette origine à 1075, contre l'opinion commune qui la place dix ans plus
tard. Notre date est établie par la mort de S. Annon de Cologne, qui bénit les
premiers fondateurs d'Afflighem, et par le texte épuré d'une chronique
contemporaine de l'abbaye même. Un extrait de l'ouvrage de
Francon, IIe abbé et second fondateur d'Afflighem, revu sur un ms. de
bonne main du XIIe siècle (no III, ibid),
quelques pieux vers inédits d'Amerius sur le saint abbé Albert dit Marianus (no IV, c. 1824) préparent
comme le fond de scène où se rencontreront S. Bernard et N.-D.
d'Afflighem. Le Saint part de Clairvaux: comme pour planter un
jalon à ce point de départ, nous publions une pièce inédite, la seule qui nous
reste avec la continuation de Sigebert de Gembloux de l'abbé Anselme. Les amis
des antiques et bonnes lettres apprécieront l'exquise élégance de ce petit
poëme. Ceux qui ont visité Clairvaux, reconnaîtront dans cette page de l'abbé de
Gembloux la Claire Vallée d'autrefois, et y retrouveront de précieux détails
topographiques, voilés sous une allégorie presque continue. Tous nous
pardonneront d'avoir mis, comme prologue, cet épisode en tête de nos Analectes, (no I, col. 1821). Nous passons brusquement à Arras, où nous retrouvons S. Bernard dans
une assemblée présidée par le métropolitain de Reims, assisté des suffragants
d'Arras, de Térouanne et de Soissons, des abbés de Clairvaux et de Mareuil, et
des principaux membres du chapitre et du clergé d'Arras (no V,
c. 1823). Nous regrettons de ne pouvoir insister sur cette pièce, sinon
pour signaler peut-être un concile d'Arras jusqu'ici inconnu, pour établir au
moins amplement deux voyages de saint Bernard à Arras, en 1132 et en 1146, et
par conséquent une double visite à la sainte Chandelle d'Arras, qui a eu le
malheur d'être en même temps trop abandonnéc des Bollandistes et foulée
indignement sous les pieds immondes de Voltaire. Mais il faut
suivre saint Bernard plus loin. Nous espérons avoir plus tard quelques documents
qui conduiront le saint à Boulogne, comme l'insinue le P. Malbranq; à
Russeauville, dont Baudouin son compagnon de voyage fut abbé; à Saint-Bertin, où
l'abbé et les moines semblent s'attacher à lui, l'un par les croisades, les
autres par un commerce épistolaire; puis tout le long du Via
Sanctorum qui passait par Térouanne, le siége épiscopal du B. Milon, la
patrie, du fondateur du Temple et de ses premiers chevaliers si chers à saint
Bernard. Nous ne doutons pas que les moines de Clairvaux, qui, peu avant la
charte de Thierry d'Alsace (no VI, c. 1825), visitent le
lieu où fut Notre-Dame de Los, ne soient le saint voyageur et ses compagnons. Au
moins la chronique de Los affirme que la première pierre fut posée en présence
de saint Bernard en 1146, et la chronique de Saint-Bertin ajoute que plusieurs
monastères furent alors visités, réparés ou construits en Flandre par saint
Bernard (no VII, c. 1824). Il nous
manque les documents perdus d'une halte immanquable à Tournay, qui, l'année
suivante, obtint, grâce à saint Bernard, le rétablissement de son antique
évêché. Le Saint figure encore dans les vitraux de la belle basilique romane de
Notre-Dame de Tournay. Il y a même une mention expresse de ce voyage, mais sans
indication de dates, dans un fabuleux ouvrage de Hoverlant qui a pu faire, sur
l'histoire de Tournay, 40 volumes que l'on n'ose citer. Ce qui est plus grave,
c'est la prétention de dom Brial qui, appuyé sur le témoignage d'Hérimann, dont
nous avons parlé, place en l'an 1146 une grande prédication du Saint à
Tournay, et la conversion de
trente notables du clergé de la ville, auxquels, peu après, saint Bernard écrit
une lettre d'encouragement, comme un vieillard déjà fatigué. A son premier
voyage de 1132, saint Bernard aurati-il pu parler ainsi? Nous
sommes assuré d'avoir, en cette même année, saint Bernard à Bruges, grâce aux
quatre lignes que nous avons exhumées du cartulaire abandonné de l'abbaye
d'Eechout (no VIII, col. 1825). Enfin
la charte de Thierry d'Alsace (no IX) nous rapproche
d'Afflighem et nous conduit à Ypres On sait ce qui s'est passé
à Afflighem. Nous devrions donner un fac-simile des deux
chartes de Ninove et de Dilighem et du sceau de saint Bernard. Nous attendons
que l'original de Dilighem se retrouve aux archives du royaume, à Bruxelles, ou
dans quelques collections inexplorées, comme l'original de Ninove s'est
rencontré à Gand. Il serait curieux de rapprocher bout à bout, après sept cent
deux ans révolus, ces deux morceaux de parchemin, coupés sous les yeux,
peut-être de la main de saint Bernard, en la salle capitulaire d'Afflighem, ad perpetuam rei memoriam. Nous ne devons
pas moins remercier les deux savants Belges, MM. Van der Mersch et le baron de
Saint-Genois, qui nous ont transmis le fac-simile et le
sceau qui accompagnent le double texte des chartes de Ninove et de Dilighem
(no X-XI, col. 1825). Une chronique
d'Afflighem résume l'événement de 1146 (no XII),
consigné au Martyrologe et en la chronique de Villers (no
XIII-XIV). Amerius d'Afflighem met ce récit en vers (no
XV). Les pièces (no XIII et XIV, col.
1827), ont pour nous un double prix: la première est un témoignage de
l'abbaye de Villers, inséré dans son Martyrologe, lequel fixe le jour de la
visite de saint Bernard. Toutes les deux sont de plus, pour nous, un souvenir de
notre visite au musée des nouveaux Bollandistes, et une occasion de dire toute
notre gratitude pour leur bienveillant et unanime empressement à favoriser nos
études. En 1153, les nombreux moines d'Afflighem ouvrent une
procession à Bruxelles, et la continuent jusqu'à Wavre, suivis par trente mille
pèlerins (no XVI, ibid). En 1160, un
pèlerin venu d'Angleterre, et connu pour avoir persécuté l'abbaye, probablement
en ses biens d'outre-mer, tomba malade à l'hospice de l'abbaye. Il y fut traité
si fraternellement qu'étant retourné en Angleterre, il revint se cacher sous le
plus humble froc du monastère, et y mourir convers. Nous trouverons quelque
occasion de publier en entier les rudes et vigoureux vers léonins qu'il écrivit,
entre ses deux voyages. Nous ne pouvons ici que détacher quelque vers en
l'honneur de N.-D. (no XVII, c. 1828) 1819 Amerius nous fait connaître les vieux usages de
l'abbaye pour honorer la statue miraculeuse, antérieurs à la réforme de Bursfeld
(no XVIII, col. 1828). En 1460, l'abbé Goswin rebâtit le cloître où
passa saint Bernard (no XIX, ibid.). Après l'introduction de la réforme de Bursfeld, et pendant l'invasion
du protestantisme, Afflighem a toujours sa ferveur pour Notre-Dame miraculeuse.
Jean Solebreck, l'un de ses moines, nous en fournit la preuve
(no XX, ibid.). En 1578, la crosse de
S. Bernard est séparée de Notre-Dame; mais sauvée et fidèlement gardée
(no XXI). En 1580, la statue
miraculeuse est brisée par les iconoclastes (no
XXII). En 1605, l'abbaye est rebâtie, et la statue
refaite et replacée sur son même piédestal où l'avait saluée saint Bernard
(no XXIII, col. 1829). Nous ajouterons
ici quelques dates aux pièces justificatives: En 1606, la
crosse de saint Bernard est réintégrée au trésor de la sacristie
d'Afflighem. En 1618, Haeften orne de vitraux le cloître de
Notre-Dame, et y fait peindre la vie de la sainte Vierge et le miracle
d'Afflighem. En 1621, la statue est transférée du cloître à
l'aile gauche de la nouvelle église, au choeur des religieux. Haeften fait
maintenir l'usage de garder le grand silence dans le cloître de Notre-Dame, à
partir des vitraux qui rappellent la visite de saint Bernard
(no XXIV, col. 1829). En 1624, on
commence la procession solennelle de l'Assomption où la statue est portée par
quatre religieux capucins autour de l'abbaye. En 1626, la
statue est placée au milieu même du choeur sous un riche dais, élégamment ornée
des inscriptions d'Haeften, qui fait peindre par Crayer un magnifique tableau
des trois docteurs bénédictins, panégyristes de Notre-Dame, saint Hildefonse,
saint Anselme, et saint Bernard, auxquels était joint le B. Rupert au bas du
tableau on lisait: S. Bernardus eamdem salutans a statua
responsum accepit. En 1627, Jean Verpoorten, prieur de
Wavre, réclame et obtient, pour la placer en son église, la seconde statue faite
des débris de la plus ancienne, et confiée jusque-là aux RR. PP. jésuites de
Bruxelles. On ne sait ce qu'est devenue depuis cette seconde statue. En 1627, une congrégation nouvelle est érigée entre les abbayes
flamandes sous le vocable et le patronage d'Afflighem (no XXV,
ibid.). En 1630, Urbain VIII accorde des indulgences
pour la fête de la Présentation de Notre-Dame, adoptée pour la commémoration du
miracle de 1146. En 1645, un miracle, attesté par trois témoins
et un médecin, confirme la dévotion des fidèles pour les statuettes de
Notre-Dame d'Afflighem. En 1647 l'achevêque de Malines accorde
également des indulgences (no XXVI, ibid.). En 1648, meurt en odeur de sainteté l'un des plus pieux moines
d'Afflighem, le frère Ghislain, que son innocence et son amour pour Notre-Dame
firent surnommer Puer Angelicus et Marianus. En 1651, un autre miracle a pour garant la déclaration d'un officier,
le baron de Mersele, qui, frappé d'un coup de feu à bout portant, attribue son
salut à une image de Notre-Dame d'Afflighem qu'il portait sur lui. En 1655, Rupert Diétrix, 42e prélat, se fait remarquer par
son dévouement et son zèle pour la statue miraculeuse. En 1657,
Odon Cambier continue par ses travaux historiques et sa verve poétique la
tradition d'Afflighem (XXVII, col. 1830). En 1701,
Raoul Crucker, encore novice, et depuis grand prévôt, mérite à son tour d'être
mentionné dans cette série de témoignages à l'honneur de Notre-Dame. En 1745, Benoît XIV donne le bref que nous publions
(no XXVIII, col. 1831). De 1764 à 1770,
l'église et le choeur de Notre-Dame sont rebâtis entièrement. En 1774, Paquot fait des recherches à Afflighem sur le séjour de
saint Bernard: ses notes sont perdues. En 1781, des désordres
obligent le prévôt de changer les heures de la procession de l'Assomption. 1821 En 1796, les religieux, expulsés de leur abbaye,
en emportent la statue miraculeuse. En 1802, le dernier prévôt
donne un témoignage authentique que nous publions au no XXIX, col.
1831. En 1841, D. Veremond d'Haens replace la statue
miraculeuse dans la petite église de Termonde, occupée par les nouveaux
Bénédictins belges. Nous donnons pour épilogue à ce travail une
hymne cistercienne déjà connue sur Notre-Dame et saint Bernard, et que nous
reproduisons, ne fût-ce que pour reposer nos lecteurs de cette série peut-être
fastidieuse de récits écourtés, de notes éparses et de documents très-disparates
no XXX, col. 1832. Nous n'osons pas même dire avec un abbé
d'Afflighem: Videbor forsitan nimius, sed nemini nisi qui
fuerit et Matri ingratus et in Filium impius (infra col.
1824).
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